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Comment j’ai atterri dans le lit de noces de mon meilleur ami (de ParisDude)

Synopsis

La perspective d’un chaud weekend au mariage de son meilleur ami, puis d’une semaine à courir le gay sur la côte ensoleillée du mois de juin, tout y était ! Mais les doutes d’une fiancée, la défiance des belles-mères, la cuite du meilleur ami, un DJ qui en a vu d’autres et une danse sur table effrénée en chantant Kalinka… le weekend bascule, la semaine est compromise… la vie gay ne serait-elle donc pas un chemin jonché de ces pétales de roses qui fanent sur le lit de noces ?

Notre avis

Sam, un trentenaire gay et décomplexé, est le meilleur ami depuis toujours de Julius (bel étalon sportif et tout ce qu’il y a de plus hétéro), et ce au grand dam de la mère envahissante de ce dernier, qui, elle, voit d’un mauvais œil cette amitié à toute épreuve. Elle peut pousser un grand ouf de soulagement quand son fiston, plutôt du genre volage et peu porté ni sur l’introspection ni sur le mariage, trouve enfin chaussure à son pied en la personne de la belle et déterminée Mélinda, qui, après quelques mois de vie en couple, arrache à son petit ami la demande en mariage que sa (future) belle-mère appelle de ses vœux depuis longtemps. Le maelström de préparatifs des festivités submerge le pauvre Julius et mène finalement au jour J. Sam, le témoin du marié, mis sur son trente-et-un, se tient prêt pour voir convoler son pote (et, soit dit en passant, son mec de rêve car il est amoureux de Julius depuis qu’il sait qu’il est homo) en noces. Mais… pendant que les deux familles rassemblées ainsi qu’une ribambelle d’amis poireautent devant la mairie de province où l’échange des oui est censé se dérouler, la mariée fait savoir à Sam, par texto, qu’elle a fini par céder à ses doutes et que le mariage ne se fera pas, tout compte fait. En d’autres mots, elle largue son promis à « moins une ».

Celui-ci, après d’innombrables éructations tétrasyllabiques – en gros, « La salope ! », en boucle – décide que, repas, DJ, boissons etc. étant payés, il faut en profiter. Et malgré le fait que l’objet de la fête soit obsolète, il se lance corps et âmes dans une soirée endiablée avec force alcools et danses sur table. Sam joue l’ange gardien et, le moment venu, ramène son meilleur ami dans la suite nuptiale pour le laisser cuver. Fatigué lui-même et quelque peu inquiet de l’état de Julius au réveil, il reste à ses côtés et veille sur lui. Mais tout comme le début de ce mariage, la suite ne se passe pas du tout comme prévue non plus, car au réveil, Julius, le beau et si désiré Julius, a une surprise pour Sam qui fait passer celle de la veille pour un pet de moucheron…

On l’aura compris, ceci n’est ni un roman à prendre trop au sérieux ni un roman qui se prend au sérieux. C’est une petite histoire drôle écrite pour le simple divertissement du lecteur, louable entreprise s’il en est. D’ailleurs, rien que le style et l’écriture me l’ont fait comprendre dès les premiers paragraphes – jugez par vous-même : « Ni moi, ni mon meilleur ami Julius (lui hétéro revendiqué, moi gay, autant le préciser de suite) ne sommes adeptes du mariage. Je fais une exception toute personnelle en ce qui concerne le mariage pour tous. Que des bigots caparaçonnés de sweet [sic !] bleus et roses surgissent de leurs sacristies pour tenter de rallumer les bûchers médiévaux, pas question ! J’ai tendance, à la médiévale justement, à monter sur mes grands chevaux, tirer ma rapière et sonner la charge, quand par des arguments de sacristie (temple, synagogue, mosquée, divan de psychiatre) on prétend m’interdire quelque chose. Même si je n’ai aucune intention d’en user. »

J’avoue aussi, sans honte aucune car rire, par les temps qui courent, est un bien précieux dont on n’use et n’abuse jamais trop, que j’ai souri, que j’ai gloussé, que j’ai ri à la lecture de cet ouvrage. Les situations sont cocasses, la plupart des personnages, y compris le narrateur qui conte la mésaventure de ce mariage raté à la première personne, le sont tout autant : des caractères hauts en couleur, à commencer par Julius, vrai hétéro de base presque caricatural (on devine même sa descendance des primates, qui paraît pas si lointaine que ça) et sa mère, que Sam surnomme avec respect Golda (oui, en lien avec Golda Meir, femme politique israélienne à poigne). Mélinda, elle aussi, vaut son pesant de cacahuètes, tout comme Sam lui-même avec ses réflexions qui parfois partent dans tous les sens mais ne manquent jamais de piquant et de gouaille (en anglais, le mot qui conviendrait serait « bitchy »), pour mon plus grand plaisir.

Après lecture du premier paragraphe, cité un peu plus haut, on aura, hélas, deviné le grand hic de ce livre aussi (remarquez ce « sweet » au lieu de « sweat ») : le roman aurait besoin d’une bonne relecture, de fond en comble, pour éliminer les (trop) nombreuses fautes et erreurs, de syntaxe, de grammaire, d’orthographe. Ce n’est pas pour faire mon pinailleur, mais le subjonctif présent du verbe « avoir » au singulier n’est ni « aie » ni « ai » pour la troisième personne, mais « ait » (le mauvais orthographe est récurrent). De même, quand on s’essaie à faire dans le style elliptique et abrégé pour augmenter le côté farce caustique, il faut veiller à ne pas torturer (trop) la grammaire pour que la sauce prenne comme on le souhaite. Et malheureusement, certaines formulations lapidaires tordent carrément le cou aux bonnes, vieilles règles de grammaire au point de m’avoir fait rire pendant que mes dents grinçaient (essayez, ce n’est pas aisé comme exercice). Par la même occasion (de relecture profonde), si l’on pouvait aussi un tant soit peu raccourcir certaines phrases ou mettre les virgules là où elles devraient se trouver, cela aiderait au flux du texte, qui, par endroits, devient vraiment trop dense. Après une très longue phrase qui, par sa longueur même, devient extrêmement drôle, il serait de bon ton de laisser respirer le lecteur avec quelques phrases plus courtes (qui peuvent, elles aussi, donner dans la drôlerie, aucun problème) pour repartir avec encore plus d’efficacité à l’assaut.

Oui, somme toute, ce n’est pas une question de goût, mais d’efficacité. Ce livre, qui par son côté loufoque et réflexions tous azimuts m’a beaucoup plu (j’ai oublié de mentionner son côté parfois irrévérencieux aussi, qui est très chouette), serait encore plus efficace dans la drôlerie si l’on le faisait passer par la moulinette d’un(e) bon(ne) relecteur(-trice). On lui pardonnerait sûrement plus facilement le peu de développement des caractères – mis à part la grande surprise de mi-chemin, Julius, par exemple, semble rester tel qu’il était au début, et tant mieux, parce que c’est en tant que caricature de lui-même que je l’ai apprécié et que Sam s’est amouraché de lui. On comprendrait mieux que le but de ce roman n’est pas de faire évoluer les caractères ou de raconter une douce romance à l’eau de rose (bon, pour citer Les tontons flingueurs : « Y en a… »), mais de narrer une histoire sympathique et sympathiquement drôle.

Ceci étant dit… j’avoue, j’ai quand même bien ri.

Infos

Auteur : Jacques Fortin-Payen
Titre : Comment j’ai atterri dans le lit de noces de mon meilleur ami
Publié par : Juno Publishing
Publié le : 6 juin 2019
Genre(s) : Meilleur ami, Romance, Humour
Pages : 153
Lu par : ParisDude
Sensualité : 1 flamme sur 5

Note

3,80 étoiles sur 5

Où acheter

L’auteur nous a fourni un exemplaire gratuit de Comment j’ai atterri dans le lit de noces de mon meilleur ami pour que nous puissions vous livrer une critique honnête et sincère.

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