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Fracture(s) (par ParisDude)

Synopsis

Sébastien et Valentin ont tout pour être heureux. Malgré des débuts quelque peu difficiles, ils sont à présent bien ancrés dans leur relation. Chacun vit la vie qu’il souhaitait malgré un quotidien atypique.

Mais une seconde suffit à bouleverser cet équilibre fragile. Une chute, un diagnostic et les voilà en plein chaos.

Peut-on survivre à un tel évènement ? Peut-on espérer un lendemain lorsque notre passé est révolu à jamais et notre présent incertain ? L’amour est-il plus fort que la fatalité ?

Peut-on survivre à une telle fracture ?

Mon avis

Sébastien est un jeune steward qui adore son boulot, sa vie, son mec. Il a rencontré Valentin, de quelques années son aîné, sept ans auparavant par l’entremise de sa sœur Claire, une vétérinaire qui bosse avec Valentin. Meurtri par sa précédente relation, qui l’a plus ou moins détruit moralement, celui-ci a du mal à accorder sa confiance et son amour à quelqu’un, mais Sébastien a su l’amadouer et l’apprivoiser. De fil en aiguille, les deux amoureux ont suivi Claire lorsqu’elle ouvre son propre cabinet dans le Midi. Sébastien se fait muter, et ils achètent un bel appartement à Grasse – leur nid douillet.

Tout semble glisser sur des rails, ils trouvent leurs repères, solidifient leur amour, se font de nouveaux amis, créent de nouvelles routines… Jusqu’au jour où Sébastien, en revenant de courses, loupe une marche dans la cage d’escalier et fait une mauvaise chute. Après une intervention chirurgicale d’urgence et plusieurs jours dans le coma, Sébastien se réveille pour découvrir que tout sera changé, dorénavant. Le verdict des médecins est sans appel : il sera paraplégique et ne pourra plus jamais se servir de ses membres en-dessous de son nombril. S’ensuit un long processus de rééducation. Il faut aussi tout réapprendre, tout reconstruire, tout réaménager. Et surtout, la question se pose : qu’est-ce qui va avoir le dessus ? Cette fracture dans la vie non seulement de Sébastien, mais aussi de ses proches, notamment de son partenaire Valentin ? Ou leur amour ?

C’est un livre sur un sujet très important – le handicap et tout ce qu’il entraîne. Comment faire une place à la souffrance physique et psychique dans les relations avec autrui, surtout dans celle avec son partenaire de vie ? Comment intégrer la paraplégie dans sa vie amoureuse ainsi que sa vie intime ? Comment réconcilier soin de l’autre et égoïsme sain et nécessaire afin de ne pas sombrer ? Comment définir les limites ? Comment apprendre à gérer une nouvelle situation très douloureuse, trouver la force de la résilience et aller de l’avant, malgré et contre tout ?

Emy Bloom livre ici un roman très fort, qu’elle mène de main de maître (maîtresse, je devrais plutôt dire), tout en nuances et sincérité, avec des moments très prenants et forts, qu’elle sait sublimer et rendre plus authentiques en puisant dans sa propre histoire. Du coup, les quelques petits trucs qui m’ont plu un peu moins passent en arrière-plan. Comme je l’ai déjà dit lorsque j’ai présenté le premier livre de cette auteure, Emprise, je ne suis pas vraiment emballé quand une back-story (ce qui s’est passé avant l’intrigue principale) est racontée plutôt que montrée, en outre en plus-que-parfait, qui même s’il est justifié grammaticalement alourdit tout récit. J’aurais préféré voir et vivre cette partie-là avec la même force et la même vivacité avec laquelle Emy Bloom amène la suite du roman, de l’accident jusqu’à la fin.

Mais une fois ce cap passé, j’ai été happé par les événements aussi bien extérieurs qu’intérieurs. Puisque les points de vue sont alternés, de chapitre en chapitre, entre celui de Sébastien et celui de Valentin, j’ai pu suivre le cheminement difficile et douloureux de chacun des deux, tout comme j’ai pu entrevoir et comprendre les actions et réactions des autres protagonistes de ce drame, que ce soient les parents de Sébastien, sa sœur Claire et son compagnon Frédérique, ou les personnages que le hasard et le destin permettent Sébastien de croiser. Même si certains dialogues me paraissaient un peu trop « écrits », la somme du récit m’a séduit et convaincu, m’ouvrant à des perspectives et des réflexions que je n’aurais peut-être pas eues sans ce livre. Il est, dans l’ensemble, très bien écrit, les scènes parfaitement découpées et construites d’un point de vue dramaturgique, et les personnages sonnent vrais et sont touchants.

Oui, j’ai reçu le drame déclencheur comme une gifle – non, comme un coup de poing dans le ventre, et j’ai vibré de paragraphe en paragraphe, de phrase en phrase avec les deux héros principaux, Sébastien et Valentin. J’ai pleuré, j’ai désespéré, j’ai sombré dans le noir, j’ai repris espoir, je leur ai souhaité, tout au long, qu’ils réussissent leur pari de faire refonctionner la formidable « machine » qu’est l’amour, qui peut vaincre tous les obstacles. Je ne vous dirai pas si mes espoirs ont été exaucés ou déçus à la fin car je ne veux absolument pas vous gâcher le plaisir de la lecture. Car oui, je vous recommande vivement ce livre, qui, sans les petits trucs mentionnés plus haut, aurait mérité 5 étoiles sans hésitation.

Infos

Auteur : Emy Bloom
Titre : Fracture(s)
Publié par : Homoromances Éditions
Publié le : 1er mars 2021
Genre(s) : Romance, Handicap
Pages : 255
Disponible en : Broché & ebook
Lu par : ParisDude
Sensualité : 2 flammes sur 5

Note

4,5 étoiles sur 5

Où acheter

L’auteure nous a fourni un exemplaire gratuit de Fracture(s) pour que nous puissions vous livrer une critique honnête et sincère.

8 commentaires sur “Fracture(s) (par ParisDude)”

  1. Et re-re moi. Juste pour dire que maintenant que j’ai pris le temps (à tête reposée !) de lire ta critique, j’ai bien peur d’avoir envie de lire ce livre. Et un de plus, un !!! Tu es désespérant (pour mon porte-monnaie) !
    Cela dit, ma remarque sur les sacrées couvertures (dont encore une fois les auteurs sont rarement responsables, et j’aimerais bien avoir l’avis d’Emy Bloom là-dessus, puisqu’elle visite cet odieux blog qui nous pousse à la dépense) tient toujours.
    Bon ben… après cette invasion de messages, je me retire (momentanément hein !) 🙂

    1. Bonsoir. Mes excuses je viens juste de voir vos retours. Alors je vais expliquer mon choix de couverture pour Fracture (s). Car il est vrai qu on a tendance à voir beaucoup de « torse nu » sur les couvertures. Les goûts et les couleurs me direz vous. Alors parlons de cette couverture. J espère ne pas vous décevoir mais c’est moi qui l ai choisi et c’était volontaire. Je m explique. Fracture (s), c’est l histoire de ces deux hommes qui s aiment. On les nomme les inséparables. Mais voilà qu en une seconde, une fracture vient briser tout espoir d avenir ( l éclair). Du moment où elle se produit, Sébastien et par écho Valentin vont se retrouver dans une situation de vulnérabilité. Ils vont devoir apprendre à se reconstruire, redécouvrir une intimité vis à vis de soi même mais aussi vis à vis de l autre. Ils vont devoir se mettre « à nu ». Voilà pourquoi cette couverture. Mon but n était pas d attirer un ou une lectrice sur des muscles saillants. Cette esquisse résume à elle seule leur histoire à mes yeux.

      J espère avoir répondu à votre question. Au plaisir de lire votre retour si d aventure vous décidez de découvrir leur histoire.

    2. Bonsoir. Mes excuses, je viens de prendre connaissance de vos commentaires. J’ai lu avec attention et il est vrai que l’on nous expose de plus en plus d’hommes dénudés sur les couvertures. Les goûts et les couleurs me direz-vous. Je ne vais pas débattre sur une généralité, chaque auteur à ses raisons. Je vais donc vous expliquer pourquoi ce choix de couverture pour ce roman précis. Pourquoi Fracture(s) nous présente deux hommes dénudés? Je vous confirme que c’est un choix volontaire de ma part. La raison? Car cette esquisse résume à elle seule l’histoire de Sébastien et Valentin. Ces deux hommes sont amoureux, d’un amour presque fusionnel. On les surnomme même les « inséparables ». Mais voilà qu’en une seconde, la vie telle qu’ils l’avaient connu jusqu’alors n’est plus. Les projets, les projections qu’ils envisageaient pour ce demain sont morts, subitement et définitivement. Sébastien va voir sa vie se fracturer et par échos celle de Valentin aussi (symbolisé par l’éclair).
      Une fois le diagnostic posé, vient le temps du deuil et de la reconstruction. A cet instant, ils deviennent vulnérables. Il faut comprendre que quelque soit l’handicap, vous devez tout réapprendre, faire connaissance avec votre nouvelle condition. On se retrouve alors mis à nu vis-à-vis de soi et vis-à-vis de l’autre. On doit réapprendre le mot « intimité ». Voilà pourquoi ces deux hommes sont dénudés. Tout n’est que vulnérabilité, amour, une ambivalence des sentiments entre désillusions et espoirs.
      J’espère avoir pu répondre à votre question.

    3. Ha! On a le même esprit d’escalier, moi aussi, souvent, je dis ou écris un truc, puis je reviens parce que j’ai oublié quelque chose, etc. Pour le fond, Emy t’as déjà répondu avec son point de vue. Moi, je vais être honnête en parlant de mes propres livres. Je fais les couvertures moi-même (eh oui, tout est fait maison dans mes bouquins, lol), et je mets toujours au moins un joli petit minois… parce que c’est vendeur. Maintenant, je ne suis pas nécessairement heureux que ce soit comme ça, mais vu que mes bouquins sont toujours lancés en anglais aussi, que le marché américain a certaines attentes et que je n’ai pas envie de faire des couvertures différentes… Ce n’est pas forcément du torse nu ou un couple, mais au moins un beau mec. Comme j’aime bien regarder les beaux mecs, ça me va aussi de ce point de vue-là. Bien sûr, si j’écrivais autre chose qu’une histoire incluant une rencontre ou une romance, je ferais une couverture différente (mes recueils de poésie en anglais, par exemple, ont sur la couverture une vache ou un dessin de moi-même, donc très loin du joli petit mec), mais pour l’instant, les mecs, ça me va. J’ai bien compris l’avis d’Emy et ses explications. Perso, j’aurais peut-être mis un des deux mecs en fauteuil roulant, mais encore, je ne suis pas sûr… Moi, les couvs, c’est une envie instantanée, je pars à la pêche aux photos qui conviennent (sur des banques d’image, je l’avoue), puis je fais mon petit montage Photoshop, et hop, c’est pesé, c’est vendu…

  2. PS : et pardon pour les fautes d’inattention laissées en cours de route dans mon message ! L’énervement, sans doute 🙂

  3. E Alors comme toujours avec tes critiques, ce que tu mets en avant ou qu’au contraire tu regrettes entre en ligne de compte pour ma wish list : j’inscris ou je n’inscris pas.
    Pour le fonds, je vais prendre le temps de te relire, mais là, à chaud, ce qui me fais réagir, c’est la couverture :
    pourquoi faut-il que les éditeurs de livres avec romance gay nous flanquent quasi systématiquement un couple en couverture ? Et bien souvent, sans rien d’autre autour qui laisse imaginer une atmosphère, une histoire…
    Je trouve que ce côté ultra simpliste (à la limite, on dirait de l’image bank) dessert un contenu qui va, si je me réfère à tes critiques – et je m’y réfère ! -:) – ) plus loin que ce que suggère ce basique visuel.
    Avec ce type de couverture voulu par les éditeurs (l’auteur n’y est en général pour rien, et c’est ce que sans doute confirmera Emy Bloom qui a pris la peine de participer ici, on se croirait dans ces romans Harlequin des années 60, sauf que ce sont 2 hommes au lieu d’un homme et d’une femme.

    Aucun exemple me vient (parce qu’il y en aurait trop, en fait !!!) mais on pourrait citer tout un tas de romans avec love story entre un homme et une femme, sans que pour autant la couverture en soit un « couple »! Même l’affiche du film Autant en emporte le vent (le couple s’il en est !!!) induit, complémentairement, quelque chose d’autre. Alors un couple, à la limite pourquoi pas, mais au moins : qu’il y ait quelque chose d’autre qui soit induit, et qui donne une idée du contenu.

    Mais encore une fois : pourquoi systématiquement un couple…
    Ou alors il s’agit d’enfermer le roman gay dans un tiroir bien cloisonné, de lui donner des signes bien identifiables, au lieu de l’intégrer dans une littérature généralistes (ce qu’il faudrait faire, à mon sens). Cela dit il y a des exceptions côté éditeurs : si je ne m’abuse, Eddy Belle gueule avait une couverture neutre.

    Enfin bon, voilà. C’était mon coup de gueule !!! 🙂 Je ne sais pas s’il est partagé, ou si quelqu’un voudra défendre ces couvertures téléphonées, ou au moins en discuter…
    Emsi

  4. Un énorme merci pour ce retour. Je suis extrêmement touchée par vos mots, vos remarques et surtout l’émotion qui a découlé de cette lecture.

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