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Les liens décents (de ParisDude)

Synopsis

Ce roman tourne autour d’une association LGBT basée à Besançon, « Le Nouvel Esprit », et brosse les portraits de ses adhérents et sympathisants, de leurs amours, de leurs déboires, de leurs illusions, de leurs espoirs, et désillusions et désespoirs. Chaque personnage tresse un fil de l’histoire dont les couleurs forment l’arc en ciel, symbole LGBT. Le fil rouge de ce roman est l’histoire de Sébastien, architecte bisontin, qui se bat pour obtenir la tutelle de son neveu et filleul, Julien 10 ans, dont les parents viennent de mourir. Les autres fils mènent à l’histoire de Guillaume et Christophe, ou celle de Pierre, ou d’Annie, la meilleure amie de Sébastien qui tombe amoureuse de Nicolas… De nombreuses thématiques sont ainsi abordées, le coming out, le rejet, le mariage de complaisance, la pédophilie, l’homophobie… Le lecteur va s’attacher aux personnages, chacun leur personnalité, brossés par une auteure qui connaît son sujet puisqu’elle est diplômée de Sciences Humaines et a basé son roman sur des témoignages de personnes rencontrées à l’occasion de sa thèse. C’est complet, jamais jugeant, parfois explicatif, mais captivant de bout en bout. Ce roman est le roman de la tolérance car au delà de leur sexualité, ce sont des portraits d’humains faillibles et émouvants, comme le sont les hommes et les femmes.

Notre avis

J’avoue que j’ai terminé ce livre voilà deux semaines, mais j’étais incapable d’écrire une critique tout de suite, à chaud. Ce roman m’a interrogé, m’a poussé à me poser bien des questions. La lecture a été, en quelque sorte, comparable à la dégustation d’un mets que l’on croit connaître mais qui, quand on avale bouchée après bouchée, se révèle être plus riche que prévu au niveau des goûts, plus inattendu, plus déconcertant, à tel point d’ailleurs que l’on se pose la question si l’on l’apprécie ou pas. J’ai préféré laisser « décanter » mon expérience pour pouvoir vous en parler de façon plus distanciée. En revanche, permettez-moi d’afficher tout de suite la couleur : ma première impression quand j’ai refermé ce livre (impression très positive) n’a été que renforcée par ce processus. C’est un livre très intéressant, très bien écrit, très bien pensé, très bien construit, que je ne peux que recommander.

De quoi parle-t-il ? Plusieurs fils sont abordés, plusieurs tranches de vie se racontent à travers les prismes de divers protagonistes, dont le principal est Sébastien Gauthier, la trentaine finissante, architecte. Sa vie somme toute bien rangée et tranquille quoique sans grand bonheur vient d’être bouleversée par la mort accidentelle de sa sœur aimée – il en a été très et complice – et de son beau-frère. Cet événement déclenche plusieurs autres bouleversements. Sébastien décide de demander la tutelle de son jeune neveu Julien Dubourg, avec qui il a noué un fort attachement depuis son plus jeune âge. Il fait aussi son coming-out, repoussé d’année en année, auprès de ses parents, qui réagissent extrêmement mal. Dans le roman, nous suivons donc le dossier de Sébastien auprès de la juge des tutelles, Clémence Beaumarchais, avec plusieurs rebondissements qui, à chaque fois, créent la surprise et, je l’avoue pour ma part, pas mal d’angoisse.

Parallèles à cette histoire sont d’autres fils narratifs, qui se nouent et s’entremêlent avec cette intrigue principale, à savoir les récits secondaires de certains amis de Sébastien, dont (entre autres) celui de sa meilleure copine Annie, qui fait une rencontre amoureuse ; ou celui de Jacques, médecin (de campagne, l’on suppose) à la retraite, qui a été marié et père de plusieurs enfants jusqu’à ce que sa femme le pousse à assumer son homosexualité ; ou encore celui de Christophe et Guillaume, couple marié et qui attend un enfant d’une mère porteuse (belge puisque ce procédé n’est pas légal en France). Tous ces protagonistes se côtoient au sein d’une association LGBTQ bisontin, Nouvel Esprit.

Présenté succinctement comme ça, le contenu de ce roman ne paie pas de mine, mais j’admets volontiers que je vous cache bien des rebonds et contrecoups, certains tragiques, tous vraiment très inattendus et qui font de ce livre presque un livre à suspense. Un grand bravo pour l’auteure pour son imagination fertile, qui pourtant ne fait jamais virer son histoire dans l’impossible, ni même dans l’implausible, si j’ose dire. Les situations semblent avoir été prises dans le vif, vécues. De même les caractères, même aux moments de leurs décisions les plus incongrues, sont vivants, attachants, crédibles, et donnent l’impression d’avoir été « photographiées » ou du moins recopiées sur des personnes existantes. Ceci combiné au grand talent d’écriture de l’auteure font toute la force de ce roman. Il est toujours plaisant de sentir autant de bienveillance de la part d’un(e) écrivain(e) pour ses personnages, une telle égalité dans leur traitement sans jugement, mais avec une belle et saine distance. Que dire si ce n’est des louanges des sublimes passages descriptifs qui non seulement démontrent une âme poétique mais aussi l’attachement profond et palpable de l’auteure pour sa région (je me suis soudain découvert une grande envie de visiter la Franche-Comté, que j’avoue honteusement ne pas encore connaître du tout). J’ai aussi beaucoup aimé la technique de juxtaposer récit romanesque et courts passages d’introspection des uns et des autres sous forme d’auto-analyse, façon « visite chez le psy ».

J’aimerais enfin revenir sur le goût étrange que j’ai pu ressentir sur ma langue après lecture de ce livre et qui m’a empêché de vous livrer ma critique plus rapidement. Oui, certaines histoires dans ce roman ne se terminent pas bien. Voilà, c’est dit. D’autres ne se terminent pas comme je l’aurais souhaité, moi. La réflexion de certains protagonistes notamment sur leur homosexualité m’a presque heurtée car je trouvais la teneur douloureuse, négative, pessimiste. Puis je me suis souvenu que j’ai vécu le gros de ma vie de gay dans le doux anonymat de deux capitales, avec tous les avantages que ça peut avoir pour nous les gays. Je me suis souvenu que, malgré cet environnement sûrement plus propice à notre épanouissement (et encore, ça se discute certainement), j’ai pu rencontrer des gays au parcours et à l’acceptation difficiles et ambigus. De ça ont découlé d’autres questionnements que je ne vais pas étaler ici mais qui m’ont finalement amené à me dire : j’ai apprécié ce roman, non, soyons honnête, je l’ai vraiment beaucoup aimé. Je ne savais pas dans quelle aventure Emmanuelle Bessot allait m’embarquer ; j’ignorais qu’elle allait me faire réfléchir autant et me faire questionner mes propres réactions (les deux élans sont toujours positifs et bénéfiques), donc : merci.

Infos

Auteur : Emmanuelle Bessot
Titre : Les liens décents
Publié par : Éditions du citron bleu
Publié le : 16 juillet 2019
Genre(s) : Coming-out, homo-parentalité
Pages : 440
Lu par : ParisDude
Sensualité : 0 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

L’éditeur nous a fourni un exemplaire gratuit de Les liens décents pour que nous puissions vous livrer une critique honnête et sincère.

1 commentaire pour “Les liens décents (de ParisDude)”

  1. Ça semble intriguant et bien fait, deux choses qui tombent bien pour un succes comme lecteur. Je vais essayer le lire prochainement. Merci!

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