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Steam (de ParisDude)

Couvterture de "Steam"
Jay B. Laws, « Steam »

Synopsis

San Francisco was once a city of music and laughter, of parties and bathhouses, when days held promise and nights, romance. But now something sinister haunts the streets and alleyways of San Francisco, something that crept in with the fog to seek a cruel revenge…

Flint, owner of a once thriving bathhouse, now ravaged by a disease that has no cure, gives himself over to the evil lurking in the steam. Dying men get tickets that say Admit One, hoping for release, only to be dragged into the maelstrom.

David, a writer of gay porn, finds himself writing another kind of story. His friend Eddie disappears from his hospital bed, leaving slime and mold, then returns for David. Meanwhile, Bobby is searching for his lover, lost in the same horror.

This classic gay horror suspense tale by Jay B Laws finally returns to circulation. First published in 1991, at the height of the AIDS crisis, this allegory chronicles the early days of the epidemic. It features the glittery discos of the seventies and an ominous abandoned gay bathhouse, in what is now something of a time capsule. It was nominated for Best First Novel by the Lambda Literary Awards.

* * * * *

In this new edition, Jay’s brother Gary D Laws provides context and reminiscence—as well as extensive quote from Jay Laws on what the author had in mind as he created this mini-masterpiece. Notable author Hal Bodner also pays tribute and provides context for the era reflected: a 1980s that suddenly turned dark and dangerous but one in which contemporary readers may know only through movies and urban legends, something Bodner seeks to set aright.

Notre avis

Mon Dieu, quel livre ! C’était une vraie montagne russe. Déjà, si vous arrivez à lire les deux pré-faces sans avoir les yeux humides, on vous a sans doute retiré le cœur (ou les glandes lacrymales). Puis, le roman proprement dit commence, et il est un peu déroutant au début, mais vraiment captivant ; et finalement, il commence à tourner à plein régime, et vous ne pourrez plus le refermer avant d’avoir atteint la dernière ligne.

L’intrigue démarre avec David Walker, un jeune New-yorkais, qui rentre chez lui après une nuit passée à boire, à faire la fête et à se droguer. Arrivé dans son appartement, il surprend un cambrioleur, qui le menace avec un couteau. David réussit à se réfugier sur le toit, mais le cambrioleur le poursuit, et son seul moyen de s’en sortir est de sauter du bâtiment. Clap, ça coupe, la caméra zoome sur Flint, propriétaire d’un bathhouse (une sorte de bains publics/sauna pour gays) à San Francisco appelé The Caverns, que les autorités de la ville ont fermé quand l’épidémie du sida a débuté. Flint se dirige vers le bâtiment qui abrite son ancienne entreprise. Diagnostiqué séropositif, il compte se suicider dans l’une des baignoires des Caverns. Mais une fois qu’il s’est ouvert les veines et attend la mort, quelqu’un (quelque chose ?) le chope à la place…

Là-dessus, nous revenons à David, qui a apparemment survécu à sa chute à New York. Il vit maintenant à San Francisco, travaille comme serveur et écrit des nouvelles pornographiques pour ajouter du beurre dans les épinards. Son colocataire et bon ami Eddie est en train de dépérir lentement dans son lit d’hôpital, victime de ce petit virus incurable qui décime les hommes et les femmes partout dans le pays depuis quelques années. David se sent étrangement nerveux et démuni, qu’il soit au travail ou au gymnase avec son ami Jack, qu’il soit dans la chambre d’hôpital d’Eddie lors d’une de ses fréquentes visites ou derrière sa machine à écrire à la maison. Nous rencontrons également Bobby et son amant Mick ; ce dernier est attiré par une cabine téléphonique vide qui flotte étrangement dans les brumes, lui faisant signe de prendre un appel d’on ne sait qui.

Nous rencontrons plusieurs autres personnages, des drogués, des enfants, des homos, dont la plupart sont soudainement arrachés à leur lieu de vie habituel. L’étrange brouillard qui a envahi la ville après un orage d’une étonnante violence commence à se répandre dans la métropole, au moment où des rêves étranges et sensuels commencent à imprégner l’esprit des gens, la nuit. Mais seuls Bobby et David, à leur insu, se sentent de plus en plus mal à l’aise, alors que des personnes disparaissent sans que quiconque s’en aperçoive. Cette étape préliminaire du roman où le décor est planté est plutôt longue, mais comme rien ne rime à rien jusque-là et que l’écriture est dense et bien gérée, je ne me plains pas : je suis déjà happé par ma lecture. Puis, les choses deviennent de plus en plus bizarres, et une tension et un suspense indéniables s’installent – je n’arrive plus à poser le livre, il faut que je continue, il faut que je sache. Qu’est-ce qui attire Mick vers cette cabine téléphonique, qu’est-ce qui le fait répondre à l’appel qui sonne dans la nuit déserte, et qu’est-ce qui le fait tomber finalement dans les griffes du monstre des ténèbres, si j’ose dire ? Et quand il disparaîtra (ne vous inquiétez pas, l’auteur vous laisse deviner pourquoi et où il va), son amoureux Bobby sera-t-il capable de le retrouver et de le sauver ? Est-ce que lui, David et une femme inconnue aux cheveux roux, qu’ils ont tous deux vus dans leurs rêves, pourront sauver la ville, sauver les âmes des disparus, sauver le monde ?

Ce roman a été publié en 1991 par le jeune écrivain Jay B. Laws, qui l’a écrit comme une sorte de réaction au sida (il était séropo et est décédé à l’âge de 34 ans). C’est un livre puissant, étrangement séduisant, à plusieurs niveaux. J’étais avant tout captivé par ce soupçon de colère menaçante qui soustendait tout le roman, puis aussi par la confusion totale quant à ce qui se passait, d’autant plus excitant que le roman (intrigue et style d’écriture) est clairement conçu et organisé de manière très magistrale. L’horreur du livre, c’est en grande partie le lecteur qui se la crée tout seul, comme c’est souvent le cas lorsqu’un bon récit d’horreur est raconté. Le regretté Jay B. Laws a le don de créer une relation forte avec les personnages qu’il nous montre : il nous les fait comprendre, puis nous les fait aimer. Mais méfiez-vous ! Choisissez avec soin qui vous aimez dans ce livre ! Ne vous attachez pas aux personnages secondaires, car quand vous vous sentirez enfin à l’aise avec leurs personnages, Laws les fait tomber, vous laissant un grand vide au bide ! Le message, le ton du livre semblent désespérés… Et pourtant, il y a une chose qui peut nous racheter tous, c’est… l’amour, bien sûr.

Ce n’est pas une romance lambda, banale (et je ne veux pas vous gâcher le plaisir de cette lecture en vous révélant si, oui ou non, il y a un Happy End), ce n’est pas une intrigue directe et facile. Non, vous devez suivre les méandres, rendus accessibles par un langage facile, parfois poétique ; vous devez rester patient, soufflant quand il y a des moments de répit et de tendresse. J’ai vraiment apprécié ce roman – je me sens obligé de répéter : « Quel livre ! » Je pense que ReQueered Tales a eu une excellente idée en (ré) publiant ce roman, épuisé depuis fort longtemps, et surtout, en le publiant au format ebook. Par ailleurs, l’idée générale de cette maison d’édition me paraît excellente. Nous devons absolument faire en sorte que notre histoire (même Histoire avec un M majuscule) ainsi que l’histoire de ses écrivains et leurs livres restent vivantes et accessibles.

Infos

Titre : Steam
Auteur : Jay B. Laws
Publié par : ReQueered Tales
Publié le : 15 mai 2019
Genre(s): Suspense, horreur
Pages : 577
Lu par : ParisDude
Lu en VO : Anglais (américain)
Sensualité : 2 flammes sur 5

Note

4.7 étoiles sur 5

Un exemplaire gratuit de Steam nous a été fourni par l’éditeur en VO, en échange d’une critique sincère. Cette fiche de lecture a été publiée en anglais sur le site Gay Book Reviews (site fermé début 2020).

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