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Personne à Sarajevo (de ParisDude)

Synopsis

Avec ce nouveau livre, l’auteur nous propose un ouvrage qui échappe à toute classification. Roman, récit, poésie, il est tout à la fois. Texte de la déconstruction pour mieux reconstruire. Histoires d’amour entre deux hommes où les repères se font incertains parce qu’en quête de vérités toujours ouvertes à soi, entre l’intime et la nature dévastée. L’âme humaine, ici, est exposée dans ce qu’elle a de plus secret. La maladie et des scènes qui apparaissent comme autant de maléfices presque salutaires jusqu à « l’apparition d un enfant errant découvert dans les décombres du néant » comme l’écrit l’auteur à propos de son texte. Le style est un enchantement et chaque paragraphe peut se lire comme un poème salavateur, loin des sentiers battus d’une psychologie qui se voudrait conquérante. Un livre bouleversant qui suscite une émotion et une clairvoyance que le lecteur peut s’approprier.

Notre avis

En réaction à chaud, juste après la lecture de cet ouvrage, je dois admettre : je ne saurais prétendre l’avoir réellement compris. J’entends par là, compris avec mon intellect, compris froidement, scientifiquement, si l’on veut. Pour ce qui est de l’autre compréhension, celle plus diffuse, plus intense de l’émotion, des sens, du cœur et de l’âme, c’est une tout autre histoire. Ce livre m’a tour à tour touché, intrigué, décontenancé, laissé perplexe, mais ne m’a pas lâché, de bout en bout. Il ressemble à un ovni écritural pensé et rédigé par un magicien des mots, qui, comme tout magicien qui se respecte, ne révèle jamais ses tours de passe-passe, ses gestes dérobés, ses stratagèmes qui servent à détourner notre attention sur un détail secondaire pour mieux nous éblouir ensuite par une révélation de thaumaturge. Bien souvent, j’ai eu l’impression que, regardés superficiellement, les réflexions, les raisonnements, les interrogations soulevées se terminent en non sequitur comme pour me happer encore davantage.

Point de trame dans ce récit, point d’intrigue linéaire, à peine des protagonistes clairement circonscrits si ce n’est un narrateur à la première personne (peut-être l’auteur lui-même, peut-être pas) et un Autre en qui l’on devine (peut-être) son compagnon, copain, amant. Déjà, le titre pose question. Personne à Sarajevo – est-ce pour parler d’une ville vidée de ses habitants ? Ou est-ce pour désigner une personne que l’auteur veut ainsi singulariser au regard des lecteurs ? Ou est-ce pour nommer quelqu’un qui n’est, ou se sent comme s’il n’était, personne, à Sarajevo ? Et Sarajevo ? Doit-on comprendre que c’est la capitale de la Bosnie-Herzégovine, la vraie, la réelle, cette ville meurtrie, assiégée et bombardée pendant quatre longues années pendant la guerre de Bosnie ? Ou est-ce un symbole pour une humanité en effritement, en perdition, sans futur mais gardant toujours espoir, malgré et contre tout ? Ou une allégorie d’autre chose encore ?

Et cette relation évoquée à maintes reprises, de paragraphe en paragraphe, entre le Je narrateur (évocateur, plutôt) et l’Autre, tantôt adressé en tant qu’Il, tantôt en tant que Tu? Elle constitue un des fils rouges qui traversent le récit et oscille entre un amour fusionnel, où « [j]e te connais, tu me reconnais. Une danse enlace nos corps, nous inventons un rythme à chaque seconde où nous porte notre amour », et un constat de solitude où la voix du narrateur avoue que, même quand nous sommes deux, nous demeurons souvent seuls, des îliens ayant du mal à traverser l’océan qui nous sépare de l’Autre. Et pourtant, comme des éclairs de bonheur, il y a ces moments partagés, ces moments de communion d’une grâce irréelle et sublime où nous sommes prêts à nous perdre : « Son souffle devenu un murmure sur ma joue, me faisait croire aussitôt ce qu’il me disait de son énigme. »

Oui, j’ai souligné au crayon à papier bien des passages qui m’ont fait vibrer. Je pense que ce récit m’a ébloui par l’étrange beauté, la poésie hermétique, parfois presque opaque qui se dégage de ces mots, ces phrases, ces paragraphes alignés comme autant d’énigmes qu’il conviendrait de résoudre. Les bouts de texte ressemblent à des naufragés du subconscient échoués sur la p(l)age sans que l’on sache vraiment d’où ils viennent, sans que l’on devine leur signification. Mais j’ai senti tout de même qu’ils en ont une, intrinsèque, dissimulée, et que c’est un travail d’archéologue du sens de gratter les mots et les phrases avec circonspection pour en extraire leur place dans le réel. L’auteur se révèle être un méta-mystique, un lyriciste, un poéticien qui s’interroge, qui interroge l’Autre, qui nous interroge.

Une lecture, j’en suis certain, ne suffit pas. Je sais d’ores et déjà que je vais y revenir pour en entamer une deuxième, puis une autre et une autre… Et qui sais – tout ce que j’ai pensé, tout ce que j’ai dit ici se révélera peut-être une chimère, une de plus dans ma vie.

Infos

Auteur : Hélios Sabaté Beriain
Titre : Personne à Sarajevo
Publié par : Éditions Unicite
Publié le : 15 mars 2017
Genre(s) : Littérature, récit
Pages : 158
Lu par : ParisDude

Note

5 étoiles sur 5

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L’auteur nous a fourni un exemplaire gratuit de Personne à Sarajevo pour que nous puissions vous livrer une critique honnête et sincère.

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