Synopsis
Notre avis
Ah ! C’est accompli ! J’ai fini par tourner la dernière page de cet opus, que j’ai lu en parallèle de deux autres – j’ai même avancé le retour de lecture de ceux-là en attendant de terminer celui-ci. La raison n’en était pas son éventuel peu d’intérêt (loin s’en faut !), mais sa taille. Par là, j’entends non seulement le nombre de pages (plus de 500), mais aussi et surtout sa forme. En fait, l’auteur a eu la gentillesse de me fournir le livre broché, assez grand, imprimé sur du beau papier de qualité… et du coup un peu lourd en mains et surtout bien trop volumineux pour que je l’embarque dans mon petit sac en vue de le déguster dans le métro. Je n’ai donc eu que les week-ends pour le lire, d’où ce léger retard, pour lequel je présente mes plus plates excuses à l’auteur.
Alors, de quoi parle cette histoire ? Elle nous transporte loin en arrière, aux temps de l’ancien régime, de Louis XV et Louis XVI. Pierre, fils cadet des Gally d’Hybouville, naît et grandit dans le château familial à Envermeu, petite bourgade du pays de Caux situé non loin de Dieppe. Dans sa jeunesse s’illustrent notamment sa tante Gabrielle, femme cultivée, libre et émancipée, et son précepteur, un jésuite libre-penseur adepte de la philosophie des Lumières, qui tous deux se soucient de l’éveil intellectuel du garçon. Tout petit déjà, celui-ci se distingue, ainsi nourri, par une curiosité sans bornes et un goût prononcé pour le débat, l’aventure et le voyage. À treize ans, en tant que puiné, il est envoyé à Rochefort, en bord de la Charente, pour intégrer l’École militaire des cadets-gentilshommes. Il y fait son apprentissage de futur officier du roi et rencontre les jeunes hommes qui vont devenir par la suite ses plus fidèles amis et supports (voire davantage – eh oui, prenez ceci comme un petit teaser qui annonce la petite sous-intrigue romantique).
Une fois leurs diplômes acquis, ces jeunes vont être envoyés tous ensemble sur l’île de Saint-Domingue, toute jeune colonie du royaume, pour y occuper des postes, qui à Port-au-Prince, qui au Cap Français, qui au Môle-Saint-Nicolas. Leurs débuts se font sous les bruissements grandissants de la guerre – les États-Unis d’Amérique viennent en effet de déclarer leur indépendance, ce que l’Angleterre n’accepte pas, et nombreux sont ceux qui font pression sur Louis XVI pour qu’il intervienne aux côtés et en faveur des colonies sécessionnistes. Or, nos jeunes amis, et surtout Pierre, découvrent qu’ils se sentent plutôt réfractaires à participer à un tel engagement…
Gros livre, donc, à la couverture alléchante et au titre qui l’est un peu moins (en tout cas, moi, je ne le trouve pas assez évocateur du contenu). Emerick Gally propose ici la biographie romancée d’un de ses aïeux (voir la présentation qu’il nous a fournie ici), d’où l’on peut déduire que ce Pierre Gally d’Hybouville a bel et bien existé. Est-ce que tout, dans ce récit, est donc le reflet de la réalité de ce XVIIIe siècle ? De l’aveu de l’auteur, non ; et il a même l’honnêteté de prévenir, d’emblée, que le lecteur et la lectrice peuvent tomber sur certains anachronismes (il est vrai que le personnage d’une cousine de Pierre qui devient capitaine marchande au service de l’entreprise familiale a constitué, pour moi, l’exemple le plus flagrant, sans qu’il me choque pour autant). La véracité à 100% n’est pas le plus important, dans cette histoire, de toute façon. On ne se trouve pas, ici, face à un ouvrage historique, à proprement parler, mais face à un roman. Un roman épique, j’ai envie de dire ; un roman au souffle long.
Car oui, même si ça me peine de le dire, il recèle des longueurs. L’aventure, la vraie, celle qui m’a fait tourner les pages toujours plus vite, ne se présente qu’à la toute fin. Pour les premières parties, on assiste à l’éveil d’un petit garçon, sans évènements ou bouleversements majeurs. J’ai bien peur que, si le but était de conter enfance et adolescence pour asseoir et circonscrire un caractère, ce soit même un tantinet trop étoffé. Pour moi, ça manquait vraiment de rebondissements, de suspense, d’action. On aurait aisément pu ramener tout le récit à 300 pages en le débutant avec l’entrée à l’École militaire et en intégrant cette pré-histoire au fur et à mesure, dans des échanges avec les amis, par exemple. Même la période d’apprentissage du métier de la guerre se traîne quelque peu, sans réels enjeux, ou presque (des rencontres marquantes laissent prévoir les rebondissements, justement, de la dernière partie). En revanche, la romance naissante est à peine esquissée, l’objet de désir de Pierre se révèle de façon très surprenante car rien, dans les interactions antérieures, ne m’a permis de soupçonner sur qui ça allait tomber. Peut-être est-ce que c’est lié au fait que, hélas, la joyeuse troupe d’amis consiste en personnages interchangeables dont j’avais le plus grand mal du monde de retenir les prénoms ou plutôt quel prénom correspondait à quel caractère.
La plume, maintenant. Je trouvais qu’il y avait d’énormes inégalités. De nombreuses envolées lyriques de toute beauté et d’une belle inventivité pouvaient aboutir à des phrases creuses, des passages en kit, j’ai envie de dire, avec formules toutes faites et du coup décevantes. Dans certains chapitres, je me sentais inondés, submergés, avalanchisés par et sous les détails. A-t-on vraiment besoin de connaître forme, couleur, motif de chaque étoffe que les personnages portent ? Des petites touches pour planter le décor non seulement aurait suffi, mais aurait peut-être été plus efficaces. Il y avait aussi une grande résistance aux points finaux. Des phrases très (trop) longues avec plusieurs changements de sujet s’enfilaient avec, comme seule séparation, des virgules. Pourquoi ne pas avoir coupé, pourquoi ne pas avoir glissé quelques vocables de transition tels « or, parce que, de ce fait, ensuite, enfin, par conséquent… », par exemple ? La longueur des phrases a forcément entraîné des erreurs de syntaxe, de grammaire, d’orthographe (sujet au pluriel avec verbe au singulier, ou le contraire), des circonflexes manquants, des présents injustifiés pour un récit au passé simple, des imparfaits douteux… Pas des tonnes d’erreurs, fort heureusement, mais surtout de celles qu’une bonne relecture aurait pu éviter.
Oui, j’ai mis longtemps à terminer cette lecture non seulement parce que le livre était lourd (lourd dans le sens du poids, hein, non pas lourd en synonyme de « pénible ») mais parce qu’il était long. N’empêche qu’il a su me captiver, malgré des passages sans vraie action, par un certain charme, le charme d’un temps révolu empreint de discours qui, aujourd’hui, sonnent grandiloquents mais qui traduisent assez fidèlement cette nouvelle sensibilité née avec les Lumières. Quand la romance frappe sérieusement, elle m’a frappé en plein cœur, aussi (ah, que j’aurais aimé qu’elle survienne plus tôt !), et le courage des deux protagonistes de la vivre enfin fut comme une heureuse délivrance. Cette dernière partie avec sa grâce m’a réconcilié avec un démarrage qui m’a paru laborieux, et c’est à cause de cette dernière partie que je garde une impression plaisante de l’histoire.
Infos
Auteur : Emerick Gally
Titre : Cadet, souviens-toi!
Publié par : THEBOOKEDITION
Publié le : 12 octobre 2022
Genre(s) : Roman d’éducation, roman historique, romance, aventure, biographie
Pages : 506
Disponible en : Broché
Lu par : ParisDude
Sensualité : 1,5 flammes sur 5
Note
3,5 étoiles sur 5
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