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Une douce odeur de lilas (par ParisDude)

Synopsis

Est-ce que les opposés s’attirent ? Je ne le pensais pas… avant Tom.

Le regard perdu, j’observe sans vraiment le voir mon jardin. Mysophobie, cette peur des microbes régit ma vie. Ma demeure qui autrefois était mon royaume est devenue ma prison depuis trois ans.

Une prison de verre.

À travers elle je regarde les saisons défiler, les couleurs changer.

Tout évolue, sauf moi.

Pourtant, la donne est sur le point de changer… les cartes sont sur le point d’être redistribuées.

La venue imminente de Tom m’insuffle l’espoir qui me manquait. Ce mot m’était devenu étranger.

Il est mon contraire.

Là où je fuis l’extérieur, lui refuse l’idée même d’être enfermé.

Il est libre. Je suis prisonnier.

L’attirance entre nous est indéniable. Les chaînes commencent à se briser.

L’odeur du lilas ne s’est jamais faite aussi douce…

Notre avis

Tom est un jeune paysagiste qui a été forcé de retourner vivre chez ses parents en Bretagne. Il vient de décrocher un boulot de rêve : c’est lui qui doit chapeauter l’équipe des jardins de la ville de Lille. Il rencontre un énorme problème, cependant – trouver un logement convenable, dans la capitale chti, s’avère être un casse-tête épouvantable. Jusqu’au jour où il tombe sur une petite annonce hors du commun qui l’intrigue tout de suite, malgré l’absence criante de détails sur les locaux à louer et malgré le caractère plus qu’alarmant des concessions demandées à l’éventuel locataire.

En fait, cette annonce est le fruit de la proposition quelque peu folle que William Wright, psychiatre londonien, a faite à son client Clément. Celui-ci souffre de pathologies débilitantes depuis un accident à première vue anodine qui a failli lui coûter la vie. Il lutte non seulement avec l’agoraphobie, mais aussi et surtout avec une lourde mysophobie – « la peur maladive et irrationnelle d’être en contact avec la saleté ou d’être contaminé par des microbes et des parasites » (dixit Wikipedia). Il est cloîtré chez lui, incapable de sortir de sa splendide maison près de Lille, condamné à regarder le parc qui entoure sa demeure de derrière ses vitres et le voir se transformer en jungle. Heureusement qu’il est traducteur et peut donc faire son travail sans plus d’encombres ; et heureusement qu’il a trouvé ce psy qui le soigne par visioconférence et avec des méthodes peu communes.

Ce qui compte, c’est que Clément fait confiance à William. Il prendra sur lui pour accepter un inconnu, un intrus, dans sa maison. Tout est bon pour briser la solitude, pour faire un pas – de géant – en direction d’une guérison qu’il appelle de tous ses vœux. Contre toute attente, il reçoit même une réponse alors qu’il s’est dit qu’il avait sûrement réussi à faire fuir toute personne pouvant s’intéresser au logement proposé.

C’est ainsi que Tom atterrit chez Clément. Il est volontaire, ça se voit tout de suite ; il est prêt à se plier à toutes les exigences que ce proprio spécial pourrait exprimer. Que ledit proprio soit plutôt bien de sa personne, physiquement, et que le courant passe immédiatement n’y est peut-être pas pour rien. Il se demande même, au bout de la première rencontre, si c’est vraiment le superbe parc en attente de ses attentions professionnelles qui l’a séduit ou l’ermite si touchant qui se languit dans sa tour d’ivoire telle une princesse maudite.

La cohabitation démarre sous les meilleurs auspices. L’entente est au rendez-vous, elle se renforce au fil des jours, elle se transforme en amitié, en complicité évidente, puis sans crier gare… en davantage, peut-être. Mais la maladie est là, elle semble se retirer un peu, mais est-ce pour mieux resurgir au moment le plus inopportun ? Être patient, délicat, attentionné, est-ce suffisant quand on a en face de soi quelqu’un qui ne semble pas avoir de vrais choix ?

S Shade a réussi une fois de plus à me capturer dans les filets de son écriture toute en douceur, en nuances, et ce malgré un sujet qui, de prime abord, semble assez lourd. On le comprend très vite : les phobies, ces démons intérieurs qui rongent, qui abîment, qui cloisonnent une personne, l’enferment dans des cercles infernaux où les issues paraissent fermées à double tour, ne sont pas des petits bobos dont on peut se sortir juste avec un peu de bonne volonté. Et pourtant, le récit n’a rien de sombre ou de lourd. Clément (ou Clem), malgré ces handicaps qui ont transformé un jeune homme avide de vie et d’aventures en prisonnier de son propre esprit, est quelqu’un de lumineux. Il a su garder un humour assez décapant, souvent pince-sans-rire, volontiers grinçant et porté vers l’auto-dérision.

Tom, de l’autre côté, s’avère être exactement la personne qu’il fallait à Clem. Il est constamment aux petits soins avec son joli proprio. Il sait écouter, il sait faire diversion quand il faut, il sait faire souffler un air frais et printanier à travers toute cette demeure ou, trop souvent, les fenêtres ne sont guère ouvertes, de peur que des germes puissent élire domicile à l’intérieur. Il ne ridiculise jamais, ne proteste contre aucune demande, pour loufoque qu’elle puisse paraître. Par sa seule présence, il montre et démontre qu’autre chose pourrait être envisageable, voire souhaitable.

Cette histoire d’amour atypique m’a tout de suite séduit, et ce malgré quelques petits trucs que j’ai trouvés peut-être un peu moins crédibles. Je l’avoue d’emblée, je ne suis pas du tout expert des phobies diverses et variées et même un ignare total pour ce qui est de cette mysophobie, dont j’ai découvert le nom dans ce livre. Connaissant l’auteure, je pense pouvoir affirmer qu’elle a dû se renseigner, plutôt deux fois qu’une, sur cette affection. L’évolution de Clément (ben oui, je ne crois pas spoiler le roman en disant qu’il y en a une) doit donc être le fruit d’une mûre réflexion, d’un processus de documentation approfondie. N’empêche, je n’ai pu retenir une petite pointe d’incrédulité face à la vitesse (relative, hein ; tout est toujours relatif) à laquelle et la facilité avec laquelle Clément fait ses premiers pas sur le chemin de la guérison. Oui, j’avais envie d’y croire, fleur bleue que je suis. Comme dans toute romance, j’avais envie que ça se bisoute, que ça se touche, etc. Et je me suis dit au début que, mince, j’allais rester sur ma faim car le propre d’un mysophobe est, entre autres, qu’il ne supporte pas que l’on le touche. Mais quand la lumière a commencé à briller au bout du tunnel, j’étais surpris que ce n’était pas plus diablement compliqué que ça.

S’ajoute à ça une certaine confusion de ma part quant au narrateur. L’histoire est racontée par les deux protagonistes essentiellement, qui livrent, en chapitres alternants, leur point de vue à la première personne. Eh bien, j’ai trouvé que leurs voix se ressemblaient un peu trop ; j’admets que lire dans les transports en commun peut aussi être un challenge au niveau de la concentration, ce qui fait que, de temps en temps, j’ai dû revenir en début de chapitre pour me rappeler qui était en train de me parler. En toute honnêteté, les deux (de mémoire) chapitres narrés par Will m’ont le plus décontenancé. D’une part, je ne m’y attendais pas ; d’autre part, je ne voyais pas pourquoi c’était lui qui me racontait un bout d’histoire, là. Si j’avais été bêta-lecteur, j’aurais probablement suggéré avec force de supprimer ces passages et d’assimiler leur contenu (ben oui, aucun chapitre n’est vide ou dénué de sens et de justification, dans ce récit) par une autre technique dans un autre chapitre (dialogue ou autre).

Mis à part ces tout petits bémols, que je désignerais même plutôt de bémolettes, j’ai beaucoup aimé découvrir ce nouvel univers. L’auteure y a mis du cœur, a fait rentrer l’odeur des floraisons de printemps, la couleur du ciel d’espoir. Du corporel, aussi, car le toucher ou l’impossibilité de toucher / se laisser toucher sont quand même au cœur de la problématique. Il y a donc des scènes où les corps se découvrent, et j’ai été ravi de constater que ces scènes avaient du sens (comme je l’ai déjà dit, des scènes de sexe qui ne font pas avancer le shmilblick d’un roman, d’une façon ou d’une autre, mais se succèdent telles un programme obligatoire, ça me barbe vite).

Y aura-t-il une suite ? Ce n’est pas un scoop si je réponds oui à cette question – les lecteurs et lectrices de S Shade le savent déjà, certain•e•s ayant même eu la chance de dévorer le tome 2. Je l’ajoute de ce pas à ma pile à lire…

Infos

Auteur : S Shade
Titre :
Une douce odeur de Lilas (Flore & Sens, tome 1)
Publié par :
 Auto-publié
Publié le :
22 août 2023
Genre(s) : 
Romance
Pages :
336
Disponible en : Broché & ebook
Lu par : ParisDude
Sensualité :
3 flammes sur 5

Note

4,5 étoiles sur 5

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Notre critique de Cinquante-deux par la même auteure

2 commentaires sur “Une douce odeur de lilas (par ParisDude)”

  1. Bel hommage à ce roman que j’ai beaucoup aimé pour sa douceur et sa progression. Une phrase sensationnelle de cette chronique : « …l’ermite si touchant qui se languit dans sa tour d’ivoire telle une princesse maudite. » C’est tellement ça! Bien vu, cher Dieter!

  2. Après un premier roman – on devrait plutôt dire une première romance – intitulée « Cinquante-deux », l’autrice S Shade nous propose, avec « Une douce odeur de lilas », le premier volume d’une probable trilogie contant les amours très romantiques entre deux jeunes hommes.
    Comme dans « Cinquante-deux », on retrouve l’extrême douceur, la suavité parfois melliflue dans la description de ces amours, ainsi que certains procédés chers à l’autrice : une narration à plusieurs voix (mais essentiellement à deux voix), le goût des citations, des références musicales, et surtout le thème de la guérison (voire de la rédemption) par l’amour. Dans « Une douce odeur de lilas », tout comme dans « Cinquante-deux », l’amour fait en effet des miracles, et l’on peut se laisser séduire, en fonction de sa sensibilité de lectrice ou de lecteur, par les transformations progressives dans la vie du personnage atteint d’une pathologie particulière qui le contraint à rester cloîtré chez lui. On peut aussi, a contrario, être fortement agacé par les longueurs de ce récit qui hélas, dès le début, porte en lui sa fin. Mis à part un accident qui arrive à l’un des deux personnages, il n’y a en effet dans cette histoire aucune vraie surprise. Par ailleurs un troisième personnage, celui du psychiatre, se révèle assez horripilant, et son dialogue avec l’infirmière de garde à l’hôpital touche au lunaire à force d’invraisemblance.
    Malgré les bonnes intentions, un roman assez faible mais qui fera rêver certain(e)s

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