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À ce soir (de ParisDude)

Synopsis

C’est une histoire d’amour.

Une histoire qui débute en Sicile, se poursuit sur l’île Saint-Louis, à Paris, et se termine sur une île des tropiques, « l’île aux Cerfs ».

Le narrateur voyage avec la personne qu’il aime, Tabatha. Ce qui les réunit ? Le plaisir carnavalesque de la danse, du chant ; le plaisir de se courir après, de se chasser.

Une histoire qui se joue des frontières entre les genres, entre le rêve et la réalité, la veille et le sommeil, le réel et l’imaginaire ; entre l’Homme et l’Animal. Comme René, dans le roman de Marie-Claire Blais, le narrateur a souvent l’impression, lorsqu’il est aimé, « de vivre dans une forêt auprès de tendres bêtes ».

Notre avis

Un petit aveu personnel : avant de partir travailler, le matin, mon partenaire et moi, nous nous disons toujours : « À ce soir ! », et nous scellons cette formule aussi peu originale qu’elle est tendre par un bisou sur la bouche. Rite immuable, promesse quotidienne, que nous maintenons même les matins où une friction, une tension non résolues nous empêchent de nous dire davantage. C’est un petit quelque chose, un geste anodin, innocent presque, mais qui témoigne de notre souhait le plus sincère – que l’on se retrouve le soir.

C’est à ce petit geste que j’ai immédiatement pensé quand j’ai reçu l’ouvrage, gentiment envoyé par l’auteur avec une dédicace sympathique à la clé. Sans véritablement faire attention au texte de la quatrième de couverture, comme à mon accoutumée, j’ai ouvert le mince volume (un peu plus d’une centaine de pages, joliment enrichies de quelques aquarelles en noir et blanc tout aussi ravissantes que celle de la couverture) sans apriori et sans savoir à quoi m’attendre. Quelle n’était pas ma surprise de me retrouver catapulté en Sicile, à Taormine plus précisément, mais hors saison, avec pluies et orages à l’appui, à découvrir l’histoire d’un narrateur peu banal (de par sa personnalité, ses intérêts, ses petites manies) en compagnie de sa Tabatha bien aimée.

Erreur sur le sujet, me suis-je dit au bout de quelques lignes. Sur ce site, nous parlons de livres gay, après tout, et une romance, pour attirante que soit l’écriture, entre un homme et une femme n’a pas vraiment sa place, ici. Sauf que – attention, spoiler ! – Tabatha n’est pas une femme comme les autres. Elle est transgenre ; tout va bien, donc.

Tout va bien, aussi, dans le couple que l’on suit dans ce récit. Sans intrigue à proprement parler (ou en tout cas, sans intrigue que je puisse facilement retracer en quelques lignes, dans cette présentation), il séduit par tout autre chose – par sa poésie féerique, par son côté impressionniste, pointilliste, par ses observations en-dehors des sentiers battus, par son acheminement atypique en méandres, en cercles et spirales, en anticipations et retours en arrière. Tout comme le narrateur, qui nous parle à la première personne, semble aimer déambuler, se promener au gré des envies et des inspirations, le texte fait de même, en associations libres – mais qui ne sont « libres » qu’en surface. Derrière, on devine quand même la main de l’auteur, sa volonté de livrer un récit construit, mais dont les petites scènes composées de fragments arrivent comme des plumes qu’un doux vent amène dans son souffle.

Ce qui se dessine derrière et à travers les paragraphes, c’est un amour à première vue banal, mais qui s’avère ne pas l’être, tant il est fort et sincère. On apprend à bien la connaître, cette chère Tabatha, avec tous ses défauts, ses travers, ses humeurs, ses forces aussi ; en même temps, elle reste comme insaisissable, mystérieuse, touchante et fascinante de par son côté énigmatique. Elle se revoile en se dévoilant, ou du moins, l’auteur le fait. Il ne veut pas nous la livrer complètement comme s’il était jaloux que l’on se l’approprie alors qu’elle doit rester indomptée, libre, hors de (notre) portée.

Mais qu’est-ce qu’il l’aime ! Jamais, il ne va dire « nous tous les deux » quand il parle de son couple ; non, il préfère la formule « l’une et l’autre », qui trahit si bien qu’il la met avant lui-même. Se mêlent, dans ce petit bijou, des scènes qui sonnent réelles et celles qui semblent surgir du monde onirique que se crée l’auteur. Il m’a envoûté, en tout cas, avec sa plume si bien ciselée mais qui couche des mots sur le papier sans le moindre bruit de grattage, sans le moindre noir ou blanc, tout en dégradés et demi-teintes très lyriques. Je me suis laissé entraîner, me suis permis de me perdre dans les dédales des scénettes, et à l’arrivée, j’ai gardé un arrière-goût de fraîcheur, de douceur, qui m’a vraiment attendri.

Un très beau livre pour tous ceux qui aiment rêver et laisser dériver leur imagination, sur les sentiers de l’amour.

Infos

Auteur : J. Verney
Titre : À ce soir
Publié par : Éditions de la Grange Batelière
Publié le : 22 août 2023
Genre(s) : Histoire d’amour, littérature trans, inclassable
Pages : 128
Disponible en : Broché
Lu par : ParisDude
Sensualité : 2 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

1 commentaire pour “À ce soir (de ParisDude)”

  1. Mon cher Dieter, tu m’as très vite convaincu.e! Je l’achète! Tout comme j’ai aussi acquis le précédent que tu as chroniqué (Un après-midi sous la neige)!

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