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Album de Famille (de ParisDude)

Synopsis

Le jour de ses trente ans, un libraire reçoit la visite d’une préadolescente affirmant être sa fille. Or cet homme, résolument homosexuel, n’a jamais connu de femme. Face à la détermination de cette gamine, les certitudes de l’homme sont ébranlées. Aurait-il pu oublier une nuit d’amour avec une ancienne camarade du lycée ? Á moins que cette histoire ne soit inventée de toute pièce ? Comment démêler le vrai du faux ? S’en suit une habile introspection où les souvenirs, les choix et les doutes s’observent, jusqu’à rendre lumineux ce qui fut gardé sombre et caché.
Roman initiatique, à la fois psychologique et mystique, Album de Famille aborde le sujet délicat du choix, ici démultiplié en palettes intimes colorées d’amours, de nostalgie et de trahisons : choisit-on d’aimer ou d’être aimé, de se résilier ou de sombrer, de tromper ou d’être trompé ? Ces thèmes graves sont dépeints via des biais universels : nos prédispositions à recevoir, à donner et à communiquer. L’auteur rend dans cet ouvrage, un hommage puissant au temps qui passe et à ce que nous en faisons, mais plus encore, décortique sans concession le mécanisme de l’égo à l’épreuve des vicissitudes de la vie.

Notre avis

Ah, un livre qui me fait oublier pluie et grisaille parisiennes, à mon goût trop insistante en ce mois de février, et qui, pendant un bref instant, me transporte vers la douceur de vivre d’Aix-en-Provence et les palpitations de Marseille. Vraiment très bref, cet instant, car j’ai dévoré Album de famille en deux heures à peine. Par ailleurs, mon cher et tendre, l’ayant lu avant moi, a eu ce commentaire : « Il est trop court ! » J’avoue que je le rejoins là-dessus. Non qu’il manque quelque chose à ce roman – il est abouti, ne laisse pas de trames secondaires en suspens, n’oublie pas de donner suffisamment de détails pour faire naître en mon imaginaire les personnages et les lieux. N’empêche, j’eusse aimé continuer la lecture, ne fût-ce que parce que le personnage principal est attachant, intéressant, a des choses à dire et à m’apprendre, et que l’histoire est drôlement bien ficelée et drôlement bien amenée.

Voyez donc. Le narrateur qui mène le récit à la première personne (alter ego de l’auteur ?) est un jeune homme qui vit dans un patelin non loin d’Aix, où il travaille à mi-temps dans une librairie spécialisée dans les ouvrages ésotériques. Pendant son temps libre, il écrit – d’ailleurs, plusieurs de ses romans ont déjà été publiés et connaissent un certain succès. Il est en couple avec un architecte marseillais, Olivier, de quelques années son aîné, qui l’aime et le soutient inconditionnellement. Le jour de ses trente ans, le narrateur a la surprise de sa vie : Charlie, une gamine de dix ou onze ans, se pointe chez lui pour lui annoncer qu’elle est sa fille, d’après sa mère, qui vient de mourir d’un cancer voilà peu.

La stupéfaction le dispute à l’incompréhension, puis à la colère. Le narrateur est convaincu qu’il n’a jamais couché avec une femme, même pas dans les conditions quelque peu glauques que lui rapporte la gamine. Mais il consent à la revoir sans en parler à son compagnon. Parallèlement, la correspondance qu’il entretient avec une de ses lectrices le plonge dans une nouvelle angoisse. En fait, celle-ci se fait de plus en plus insistante et veut le rencontrer lors d’un voyage à Aix.

Le récit, présenté de façon claire, sans fanfreluches, mais sans sécheresse, direct et solide, nous dévoile les interrogations de ce jeune écrivain, révèle des pans de son parcours professionnel, de son enfance, de la perte de sa grand-mère adorée, de ses études, de sa recherche de l’âme sœur, qu’il semble avoir trouvée en Olivier. On suit cette folle histoire de présumée paternité, puis une seconde histoire liée à l’écriture s’ouvre et plonge lectrice et lecteur dans l’incertitude : est-ce que le narrateur nous dit bien tout ? Eh bien, oui, il dévoile d’autres secrets par petites touches, montre une facette moins reluisante de lui-même, ce qui le rend encore plus humain, plus attachant. C’est quelqu’un que l’on sent assez peu sûr de lui-même, qui ne cherche pas le devant de la scène, mais qui, au fond, veut être aimé, un peu comme nous le voulons tou(te)s, nous, les auteur(e)s, si tant est que je puisse généraliser cette idée.

J’ai beaucoup aimé l’univers dans lequel m’a entraîné Stéphan Sanchez. Bien sûr, comme à chaque fois qu’un roman est proposé à la première personne et que l’on retrouve des similitudes avec l’auteur(e), je me suis posé la question si c’était une histoire autobiographique, mais très vite, ce questionnement est passé à l’arrière-plan, car il importe peu, au final. Ce qui importe, c’est que cette histoire m’a captivé, m’a fait oublier le temps présent, m’a fait entrer dans la vie de quelqu’un d’autre, quelqu’un qui, malgré ses actions et réactions assez loin de ma propre façon de faire ou de voir, m’a semblé si familier. En plus, la façon simple et directe de l’écriture m’a donné l’impression d’écouter un ami qui me raconte, de vive voix et avec des mots quand même choisis avec soin, une petite anecdote.

Oui, quand on aime, on ne compte pas. Je pense que c’est la raison pour laquelle et mon copain et moi eussions aimé avoir plus de pages à nous mettre sous la dent. Heureusement, Stéphan Sanchez n’en est pas à son coup d’essai ; il a même eu la gentillesse de m’envoyer un deuxième roman, ce qui me donne donc l’occasion de me plonger dans son univers littéraire à nouveau avant d’aller à la découverte de ses autres écrits. Ce petit livre-ci, en tout cas – à consommer sans modération.

Infos

Auteur : Stéphan Sanchez
Titre : Album de famille
Publié par : Éditions les Orfèvres
Publié le : 11 novembre 2020
Genre(s) : Roman initiatique
Pages : 167
Lu par : ParisDude
Sensualité : 0 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

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