Synopsis
UNE TRANCHE DE VIE RÉCRÉATIVE D’UN ADOLESCENT GAY.
4 mars 1985 : Raphaël accomplit ses premiers pas dans la cour de son nouveau collège. Il ne connaît personne mais est vite adopté par une bande de sa classe. Avec celle-ci, il se livre rapidement à toutes sortes d’excès. Avec Marco, un Franco-Italien haut en couleur, qui s’établira dans le quartier après lui, Raphaël se montrera encore moins sage…
EN LICE POUR LE PRIX DU ROMAN GAY 2021.
Mon avis
Raphaël, gamin à la gueule d’ange et à l’esprit vif, n’est pas verni avec ses parents : deux personnages grossiers, au chômage depuis toujours et avec l’espoir que cette situation les mènera jusqu’à la retraite s’ils se la jouent fine. Les deux ont une nostalgie certaine pour Adolf, donc un cœur qui bat à l’extrême droite, et un penchant pour le gros rouge qui tache. Au moins, Raphaël a la chance de quitter enfin le patelin perdu où ils habitaient jusque-là, entourés de vaches et de prairies, car ils emménagent dans un HLM en ville. Son premier jour dans le nouveau collège lui réserve une heureuse surprise : il fait la connaissance d’une bande d’ados tous vêtus d’un blouson teddy rouge à manches blanches – les Teddyboys. Ce groupe comprend Grégory (surnommé Capone), Arnaud (Marcel parce que son nom de famille est Pygnols) et « sa meuf » Anabella, James Lessaim (surnommé Nichons) et Walid (Petit-Beur).
Raphaël avec sa répartie et son humour grinçant est tout de suite adopté et intégré dans la bande. Ensemble, ils font les quatre-cents coups, commettant des petites blagues, buvant de l’alcool, fumant des joints et parlant de tout et de n’importe quoi. Surtout de sexe, adolescence oblige. Or, Raphaël cache un secret : il n’aime pas les filles, il préfère les garçons. Bien sûr, son nouveau pote Marcel n’est pas dupe. Loin de s’offusquer de ce détail, il lui prédit un dépucelage en règle d’ici peu. Et en effet, lorsqu’un nouvel élève arrive – Marco, beau Franco-Italien ouvertement gay –, ça fait des étincelles, et Raphaël voit ses rêves s’accomplir…
D’emblée, je dois dire que je me suis bien amusé à lire ce roman, j’ai souri, j’ai rigolé même. N’empêche, je reste quelque peu mitigé quant à mon ressenti final. Le début est original, la première moitié vraiment drôle et fraîche. On dirait un bouquin alter égo, en bien moins bourgeois, voire se déroulant dans un milieu carrément défavorisé, du Petit Nicolas, quelques années après les aventures gentillettes d’enfance de celui-ci. C’est le même humour potache, les mêmes petites blagues en un peu plus lourdes et beaucoup plus « vilaines », mais toujours aussi divertissantes. Ça se charrie, ça se cherche et se trouve en réparties cinglantes, tout dans la bonne humeur et la franche camaraderie. D’ailleurs, le fait que Raphaël et Marco soit gays ne pose aucun problème ; la bande reste soudée et solidaire. Ils s’aiment tels qu’ils sont, et ça, c’est chouette.
Pour moi, ça se gâte, en revanche, avec l’arrivée de Marco. J’aurais aimé avoir plus de palpitant dans ce qui, somme toute, va être la première histoire d’amour aboutie de Raphaël. Vous savez, fleur bleue que je suis, j’aurais aimé sentir davantage le cœur de Raphaël s’emballer, avec mains moites, et je te regarde du coin de l’œil, et je rougis quand tu me dévisages, et j’ai le pouls qui s’accélère quand tu approches, et je manque de tomber dans les pommes lors du premier baiser… Là, les événements s’enchaînent d’une façon un peu trop prosaïque à mon goût de romantique. Finalement, je n’ai pas assisté au premier emballement des sentiments, mais à la première baise. Ce qui n’est pas dénué d’intérêt, certes, mais n’a pas répondu à mes attentes (de romantique, je le répète). Puis, franchement, être cru est une chose (et surtout une chose qui peut m’amuser énormément, je l’avoue), mais si mon premier mec m’avait dit qu’il espérait que je serais « une bonne chienne », il se serait pris mon poing dans la gueule, peu importe que je sois plus pacifiste que feu Mahatma Gandhi et que je n’aie jamais levé la main contre quiconque. Ç’eût été ma première et seule fois, alors.
Et Raphaël, il accepte, il adore même. Décidément, nous sommes tous différents ; mais ce (long) passage de la première fois (malgré quelques détails croustillants et tellement cons, pardon, que j’en ai ri – la mayonnaise ! n’importe quoi !) ne m’a pas convaincu. La fin, en revanche, surprenante dans sa teneur, sa douceur et sa « morale », m’a réconcilié avec le tout. C’est donc un petit bouquin que je peux vous recommander sans rougir. C’est drôle, c’est léger (bon, non, par endroits c’est lourd, mais vous voyez ce que je veux dire : pas de drame à l’horizon qui vous retourne les tripes), c’est original, c’est divertissant. Oui, j’aurais aimé que ce soit, en plus, mignon, mais on ne peut pas tout avoir.
Infos
Auteurs : Bertrand Legruley
Titre : Un Qœur à prendre
Publié par : Auto-édité
Publié le : 17 mars 2021
Genre(s) : Coming-out, premier amour, adolescence
Pages : 205
Disponible en : Broché & Ebook
Lu par : ParisDude
Sensualité : 4 flammes sur 5
Note
4 étoiles sur 5
Où acheter
Un Qœur à prendre nous a été très gentiment envoyé par l’auteur pour que nous vous donnions notre avis honnête et sincère.
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Euh… là je parle de la forme, pas du fond :
quand tu dis « en lice pour le prix du roman gay », tu sais comment fonctionne ce prix ? Pour ce que j’en ai vu (difficilement, car le seul site qui en parle de façon détaillée est un blog payant, consacré aux éditions du Frigo) il n’y a rien concernant la façon de postuler. Du coup, faut-il comprendre que le bouquin doit d’abord être sorti de l’ombre tout seul comme un grand, puis avoir été remarqué par le « comité de sélection » ?
Remarque, si c’est ça, c’est bien, ça veut dire que le roman gay rentre dans la norme, il n’est plus « à part », et c’est ce qu’on peut lui souhaiter de mieux, même si là aussi, hélas, il faudra craindre la main-mise des « gros » éditeurs sur les divers prix qui lui seront attribués.
Je crois t’avoir déjà posé la question mais je ne sais plus ce que tu m’as dit. Et si tu ne sais pas comment ça fonctionne, peut-être que quelqu’un qui passe par là saurait ?
Hello, juste une petite réponse – je ne crois pas que voir la sélection du Prix du roman gay (en cours ou passé) soit payant. J’y accède sans payer, à l’adresse http://www.editionsdufrigo.com/archives/2020/12/30/38732057.html Pour ce qui est de la sélection elle-même ainsi que des critères selon lesquels les prix sont distribués, je n’en sais pas davantage que toi 🙂 Pour ma part, mes deux premiers bouquins, « Le Cercueil farci » et « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » ont été sélectionnés par l’un des membres du jury (donc mis dans la sélection d’office); pour « Putain Ordinaire », c’est moi qui ai soumis un exemplaire imprimé à l’adresse postale qui figure sur le site cité ci-dessus.