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Les Amants (par ParisDude)

Synopsis

Entre Paris et Madrid, l’éveil semé d’embûches d’un jeune homme délicat, à une époque un rien cynique qui n’épargne décidément jamais la passion. La jeunesse s’affirme et s’évade avec gourmandise, quand l’amour se heurte aux fidèles travers de l’Autre. Le portrait des amants s’étiole au rythme sensuel des errances d’un cœur insatiable ; alors au bout des jours d’espoir, à la fin des nuits de plaisir, les émotions trouveront-elles enfin un sens ?

Né en 1991 à Paris, Lucien Burckel de Tell est un jeune réalisateur ayant déjà plusieurs courts-métrages primés en festivals à son actif. Avec Les Amants, il signe un premier roman élégant. Sa plume réjouissante et souvent drôle explore les joies et les tourments d’un garçon séduisant en quête d’absolu, au fil d’un récit au charme irrésistible.

Mon avis

Voici enfin mon compte-rendu de ce roman, qui a gagné le Prix du livre gay 2020 dans la catégorie roman érotique et qui m’a été gracieusement fourni par les Éditions Clair de lune, que je voudrais saluer pour leur gentillesse constante, leur disponibilité et surtout leur excellent catalogue.

Ici, c’est l’histoire d’un jeune Parisien, bien sous tous rapports, fils unique d’une famille bourgeoise (on devine qu’ils n’ont jamais connu de problèmes de fins de mois), que le lecteur rencontre lorsqu’il est encore au lycée (je me corrige aussitôt – on remonte jusqu’aux années collège). Sympathique, facile à vivre, joli garçon, plutôt entouré, il connaît ses premiers émois avec un jeune garçon d’à peu près son âge avant de se mettre en couple avec la fille la plus en vue de son lycée, Mercedes. C’est avec elle qu’il va coucher pour la première fois ; quand il rompt finalement avec elle, il va s’inscrire sur un site de rencontres gays et tomber sur son premier vrai mec et possiblement son premier amour homosexuel, Nicolas.

Après la fin de cette relation s’ensuivent de nombreuses autres histoires, en France et en Espagne, qui nous font traverser les années d’études, les débuts de la vie professionnelle, et nous amènent à la trentaine du protagoniste, qui raconte ses exploits, ses hauts, ses bas, ses questionnements, ses angoisses, ses espoirs à la première personne (par ailleurs, son nom est-il cité à un moment dans le livre ? je ne saurai le dire…). Enfin, il rencontre un mannequin suédois, Ludvig, un être beau comme un ange tombé des cieux, éthéré, impassible à première vue, énigmatique, et qui pourrait être la fin d’une recherche du Prince Charmant qui a beaucoup fait réfléchir et souffrir notre héros.

De plusieurs choses une, d’emblée : ce roman m’a parfaitement envoûté, du début à la fin. Une plume alerte et fraîche, un récit construit par un pro des découpages et du rythme, aucune longueur, aucun temps mort. Pour être honnête, j’ai dû aller vérifier quel prix le livre a gagné au juste, car la catégorie « roman érotique » n’était pas évidente au premier coup d’œil, pour moi. Oui, il y a du sexe, et plutôt deux fois qu’une. Mais à aucun moment, j’ai trouvé des descriptions affriolantes ou lourdes ou techniques. On est loin de Catherine Millet et ses énumérations froides ou d’Arthur Dreyfus et ses, euh, énumérations-fleuves (je ne peux pas encore m’exprimer sur le style, mais son livre qui est sur ma liste À lire, et je vais, je l’espère, le terminer d’ici mes 70 ans tellement il est volumineux…). On est loin aussi du simple livre de cul dont le but primaire serait de faire bander. Non, ici, tout est plutôt stylé, bien écrit, sans froideur, mais sans recherche d’un facile effet anatomique chez le lecteur. Très agréable, je dois dire, car plutôt frais et nouveau pour moi.

Que j’aie eu un temps d’hésitation quant à la catégorie vient du fait que, pour moi, le cul n’a donc pas primé, dans ce roman. Son sous-titre n’est-il pas L’Éducation sentimentale d’un jeune garçon du XXIe siècle, d’ailleurs ? C’est donc pour moi avant tout ça : l’histoire d’une maturation sentimentale, d’un apprentissage des sentiments, une découverte des attentes, maintes fois déçues, quant à l’être aimé qui nous compléterait (peut-être) et nous comblerait. Et ça, ça m’a happé, ça m’a parlé, malgré le fait que je ne voudrais peut-être pas être ami avec le protagoniste. Je ne l’ai pas tellement aimé, à vrai dire, c’est dire la force du récit, que j’ai beaucoup aimé, en revanche (notez que je ne pense pas qu’en tant qu’auteur(e), l’on soit forcément obligé(e) de présenter un narrateur ou une narratrice sympa).

Petit aparté : J’ajouterai peut-être « bourgeois » au sous-titre cité plus haut, qui en l’état fait croire à une universalité que le protagoniste ne saurait en aucun cas incarner. Il est tout à fait et exemplairement un rejeton de la moyenne, voire haute bourgeoisie. Les vrais soucis de fric, pour le dire de façon vulgaire, il ne les connaît pas vraiment. Les questions sociales sont, elles aussi, absentes de ses réflexions et de son monde (c’est un des apanages de la bourgeoisie de pouvoir faire abstraction de tout ce qui est social). Ça ne m’a pas dérangé, mais il vaut mieux le préciser. En tout état de cause, encore un très bon exemple de la production de Cœur de lune, un livre très agréable à lire, et un jeune auteur au très joli nom, qu’il faudrait retenir.

Infos

Auteur : Lucien Burckel de Tell
Titre : Les Amants
Publié par : Éditions Cœur de lune
Publié le : 20 mais 2020
Genre(s) : Littérature, Romance
Pages : 305
Lu par : ParisDude
Sensualité : 4 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

Ce livre nous a été envoyé par l’éditeur pour que nous puissions vous livrer notre avis honnête et sincère.

3 commentaires sur “Les Amants (par ParisDude)”

  1. J’ai adoré ce livre, d’une grande richesse psychologique. Le narrateur, a priori, est né sous une bonne étoile : une vie matérielle des plus confortables dans un appartement parisien, un réel potentiel, bien qu’inégalement exploité, pour les études et la création artistique, des parents très « cool » (un peu trop ?) qui sont soit absents soit bienveillants, des amis (surtout des amies d’ailleurs) à l’écoute et très attentionnés, des voyages nombreux – notamment en Espagne, un physique certainement avantageux, des amants qui semblent lui pleuvoir dessus comme des étoiles, une vie sexuelle très souvent jubilatoire, de solides références culturelles (notamment dans le domaine musical : passent ici les noms de Wagner, de Mahler …) Bref, de cette vie si bien remplie, beaucoup de jeunes gens, gays ou pas, en redemanderaient, ou simplement en voudraient un peu …
    Pourtant, ce roman n’est en rien un étalage complaisant de tout ce qui va bien dans la vie du personnage. Son premier et vrai grand amour, Nicolas, finit ses jours tragiquement, en pleine jeunesse … Et le narrateur, tout en collectionnant les amants, restera à la recherche de l’amour, ce qui lui occasionnera bien des déceptions et lui procurera même des envies suicidaires. La fin du récit est heureusement riche d’un espoir nouveau. En fait, pour commencer par le commencement, l’adolescence du narrateur au collège est extraordinaire de vérité psychologique. Les pages 28 à 39 pourraient servir de support à un débat sur le harcèlement au collège, sujet d’actualité, ô combien.
    J’attends avec beaucoup d’impatience le prochain roman de Lucien Burckel de Tell, en espérant que ses activités cinématographiques lui en laisseront le temps !

  2. Je me demande s’il ne faudrait pas te frapper d’interdiction de critiques (euh… ai-je raison de dire ça, en y réfléchissant… 🙂 : tu donnes toujours TERRRIBLEMENT envie de découvrir les livres que tu présentes, et je me réjouis de ne pas avoir connu ton site plus tôt, parce qu’en attente chez mon libraire j’ai déjà une trilogie Josh Labyon, que je vais mettre en certain temps à lire (vision très spécifique, mon ophtalmo fait toujours venir des étudiants en médecine quand j’ai rendez-vous : « des cas comme Madame, vous n’en errez peut-être pas 2 dans votre vie ». Keskonrigol. Entre autres particularités, je ne peux pas fixer les choses, et donc l’écrit, très longtemps. Alors un livre…).
    Et puis j’ai un certain Moitzi à finir (Putain ordinaire) : et quand je dis à finir… je n’en suis qu’au début, je ne m’attendais pas à une telle somme de texte, d’actions, de situations… ! ‘On entre dans la tête des personnages (de Marc c’est sûr, mais pas que) et du coup on partage vraiment ce qu’ils vivent. Waouh, je serais bien incapable d’imaginer ce monde dans lequel vivent tes personnages, qui est très très loin du mien et de ce que je lis en général, mais comme tu le dis fort justement dans ta critique des Amants, on peut être tenu en haleine par un livre dont les personnages ou les situations ne nous parlent pas forcément.

    Je partage ton avis sur les éditions Clair de Lune, j’aime beaucoup leur démarche qui consiste à bien avertir qu’ils n’attendent pas forcément du cul, et qu’un personnage gay peut tout à fait n’être que très secondaire dans le récit qu’on leur propose. Cela dit, il semblerait quand même que peu d’auteurs aillent dans cette voie-là : on est tout de même de préférence dans de la pure romance gay, avec ou sans cul, mais la romance gay tient le premier plan, e c’est le reste qui est secondaire. Cela dit, je n’ai lu que quelques-unes de leurs productions.
    J’ai bien ri en lisant tes définitions des divers degrés de cul, justement 🙂
    Bon ben… c’est tout ! 🙂

    PS : (question technique et/ou déontologique) à partir du moment où un livre est édité, préfères-tu qu’un livre t’arrive par l’éditeur, est-ce que ça te met plus à l’aise pour en parler, plutôt qu’adressé par l’auteur ?
    PPS : je me sens un peu seule dans les commentaires et ça me gêne un peu… Ohé les abonnés, y’a quelqu’un ?…

    1. 🙂 J’adore tes commentaires, toujours très frais et qui sont, du coup, vraiment du genre « keskonrigol »! Je pense qu’avec Josh, tu vas te régaler… et désolé d’ajouter à ta liste TRB (To Be Read), même si c’est un p’tit peu le but de ce site, hehe… pour ta question concernant auteur ou éditeur, à vrai dire, je m’en fous un peu. Je suis toujours content d’être en contact et avec les uns (dont toi, par exemple) et avec les autres (le Monsieur des Éditions Cœur de lune, pour le citer une nouvelle fois, est vraiment toujours très sympathique)… Je ne suis pas mal à l’aise quand je rédige mes comptes-rendus car je dis vraiment la (ma) vérité, mon ressenti, en essayant de ne jamais être désobligeant ou désagréable avec les auteur(e)s. Et quand je trouve qu’un éditeur « se touche », pour le dire vulgairement, en mettant un ebook à plus de 10 euros, je le dis sans mâcher mes mots (10 euros pour un livre électronique, notamment un roman, est, compte tenu du travail que ça représente, tout simplement abusé). Pour ce qui est des commentaires, je sais que le public français aime bien lire des sites et blogs, mais n’est pas aussi prompt à laisser un petit message que le public anglophone, par exemple. Je m’y suis fait 🙂 En tout cas, merci encore, ma très chère 🙂

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