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Les deux visages de la mort (de ParisDude)

Couverture de « Les deux visages de la mort »

Synopsis

Paris, mai 1617. Le jeune Louis XIII prend le pouvoir grâce à son favori le duc de Luynes, en faisant le vide dans l’entourage de sa génitrice Marie de Médicis, régente du royaume. Premières victimes de cette purge : Concino Concini, âme damnée de la Reine-mère, est abattu sur le pont du Louvre et son épouse brûlée en place de grève.

Mais loin de calmer le jeu, ces assassinats politiques en appellent d’autres et, très vite, la Cour bruisse à nouveau des intrigues les plus folles, menaçant la vie même du Roi et de ses proches.

Henri de Bourbon-Verneuil, dit Le Dioscure, bâtard légitimé d’Henri IV, est chargé par le nouveau monarque, avec qui il entretient des relations plus que fraternelles, de mettre ses talents criminels, mais aussi sexuels, au service de la couronne.

L’aventure, semée d’embûches et de rebondissements, le conduira des plus hautes sphères de l’État jusqu’aux bas-fonds de la cour des miracles, où il devra défendre chèrement sa peau.

Notre avis

Le terme « dioscure » (un mot d’ordinaire utilisé au pluriel) vient du Grec et désignait à l’origine les frères mythologiques Castor et Pollux. Wikipedia m’apprend à ce sujet que « les Dioscures sont le symbole des jeunes gens en âge de porter les armes. Ils apparaissent comme des sauveurs dans des situations désespérées […] Le terme ‘dioscures’ comporte aussi un sens plus général, pour désigner le thème des ‘jumeaux divins’ dans toute autre mythologie (par exemple amérindienne). » On voit que l’auteur n’a pas choisi ce terme par hasard pour sa série, dont voici le premier tome. Le héros principal et narrateur à la première personne est Louison de Bourbon-Verneuil (non pas Henri de Bourbon-Verneuil, comme l’annonce de façon erronée le synopsis sur amazon), frère jumeau fictif de ce même Henri de Bourbon-Verneuil et abbé de Saint-Germain-des-Près. Enfin, abbé… À la mode XVIIe, quoi, parce que lui et son frère, tous deux fils bâtards mais légitimés de feu le bon roi Henri IV, n’ont que quinze ans au moment où commence le roman. En plus, on ne détectera pas beaucoup de piété ni de foi du côté du jeune Louison, pour qui « abbé » veut donc dire titre, puis privilèges, terres et revenus qui en découlent.

Dès le premier paragraphe, on entre dans le vif et du sujet et de l’histoire, voire de l’Histoire avec un H majuscule. Nous assistons en fait en direct-live à l’assassinat de Concino Concini, favori de la régente Marie de Médicis, fait sanglant qui signe le véritable début du règne de Louis XIII, fils de cette dernière (et, accessoirement, demi-frère ainsi qu’amant des deux Bourbon-Verneuil). Oui, autant le révéler d’emblée : notre jeune protagoniste tout comme son frère jumeau et son demi-frère le roi (ainsi qu’une foultitude d’autres personnages de ce roman) aime les mecs. Il s’avère même très, très, très porté sur la chose (au plus grand bonheur du lecteur si tant est qu’il a une âme de voyeur), et ce en dépit de son tendre âge – il y va, plutôt deux fois qu’une, il passe à la casserole, il fait passer à la casserole, ça chevauche, ça gamahuche, ça explore divers orifices… mais toujours avec un vocabulaire de grande classe, attention ! Bon, l’intrigue est complexe (faut suivre !), basée sur des complots, des cabales, des machinations sinistres, avec force espions, brigands, spadassins, le tout sur fond d’inimitié entre la Reine-mère et son parti d’un côté, et le jeune roi avec son entourage de l’autre (au premier rang duquel, Charles d’Albert, duc de Luynes, grand, grand favori de Louis XIII, que Louison appelle toujours affectueusement « Carlo »). Il y a du suspense, de l’émotion, de l’amour, et beaucoup, beaucoup, beaucoup de cul.

Tous ceux qui ont l’Histoire en horreur et qui détestent lire des phrases qui dépassent une ligne n’iront pas plus loin que le premier paragraphe ; allez, peut-être même le deuxième. Oui, l’écriture essaie, autant que faire se peut, d’imiter le langage fleuri de l’époque. Elle nous offre des phrases longues, alambiquées comme il se doit, très bien tournées, avec un vocabulaire souvent agréablement désuet et d’une richesse qui ferait blêmir n’importe quel Académicien (si le contenu par endroits très olé-olé ne le fait pas succomber à une crise d’apoplexie auparavant, bien sûr). Personnellement, j’ai a-do-ré ce bouquin, dont certaines phrases et tournures m’ont fait glousser, voire éclater de rire (un rire de bonheur, quoi).

Quelle jouissance entre les différents caractères, et surtout, quelle jouissance dans le maniement de la langue (sans jeu de mots) ! On sent que l’auteur s’est éclaté en écrivant ce livre ; du coup, le lecteur s’éclate tout autant. Qui sait encore ce que « oncques » veut dire ? Ou « incontinent » utilisé comme adverbe ? Ou « coësre » ? Heureusement qu’il y a des dicos (intégrés sur Kindle, ce qui est pratique), et moi, j’adore faire connaissance de nouveaux mots, pour être honnête, alors j’ai été comblé.

Bien sûr, il y a certains anachronismes, comme l’usage des prénoms tout au long du roman. Parmi l’aristocratie, il n’était pas du tout d’usage de s’appeler par le prénom ; souvent, l’on ne le connaissait même pas, et il y a même eu un cas où un marquis ou comte trentenaire, au moment de convoler en noces, s’est aperçu… qu’il n’en avait pas, tout bêtement parce que ces parents avaient été trop tête-en-l’air pour le faire baptiser ! On se côtoyait donc en s’appelant par son nom de famille ou par l’un des nombreux titres (ainsi, notre Louison aurait probablement été connu comme Bourbon-Verneuil, Verneuil, voire Saint-Germain…) Mais je soupçonne, dans le cas présent, que l’auteur a fait exprès pour rendre son récit plus compréhensible (et je lui en sais gré). Il est vrai que l’on se perd facilement quand il faut retenir plusieurs noms pour une seule personne, comme c’était habituel à l’époque. Sinon, l’histoire tient la route, l’écriture ne vacille pas une seule fois, même certaines réactions archi-émotionnelles qui nous frappent comme ridicules, aujourd’hui, s’inscrivent parfaitement dans le cadre de ce que l’on connaît des effusions publiques d’alors.

Une superbe découverte que ce livre, en tout cas. Et quelle joie de constater que a) il y en a deux autres dans cette série, et que b) Philippe Gimet a déjà écrit bien d’autres romans historiques, que l’on espère de la même veine.

Infos

Titre : Les deux visages de la mort (Le Dioscure, tome 1)
Auteur : Philippe Gimet
Publié par : H&O
Publié le : 12 mars 2017
Genre(s): Polar historique
Pages : 213
Lu par : ParisDude
Sensualité : 5 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

Nous avons acheté un exemplaire de Les deux visages de la mort.

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