Synopsis
Lorsqu’Andrew, architecte à l’avenir prometteur, commet un faux pas en mêlant vie sentimentale et affaires, il se retrouve parachuté à Madagascar pour superviser la construction d’une école de brousse. Loin de Seattle, il vit mal son exil et ne s’acclimate ni au pays ni à ses habitants.Sa rencontre avec Tiana, un jeune autochtone venu de la capitale pour alphabétiser des adultes, est explosive. Si le maire du village n’y prend pas garde, ces deux-là pourraient bien finir par s’entretuer… À moins que Jean de Dieu, un gamin fragile à l’imaginaire très développé, ne parvienne à les réconcilier ? Embarquez pour « D’autres Horizons », et vivez avec Andrew le choc des cultures et la découverte d’un monde qui le transformera à jamais.
« D’autres Horizons » a obtenu le prix du Roman Gay 2019, catégorie romance.
Notre avis
Andrew-Justin Turner ou A.J. est un jeune architecte de Seattle. Bourreau du boulot, farouche et farouchement indépendant, égocentrique, un peu hypocondriaque sur les bords, il a de grands rêves : construire des bâtiments réputés à l’instar de son grand idole Frank Gehry, pourquoi pas décrocher le prestigieux prix Pritzker, gagner beaucoup de sous, devenir quelqu’un. Il est américain à 100 %, buvant ses litrons de Coca, mangeant ses hamburgers, se posant très peu de questions, s’intéressant encore moins à autrui, se complaisant peu ou prou dans sa petite vie confortable et sans contraintes (en-dehors de celles liées à son travail). Malencontreusement, une de ses coucheries sans lendemain lui vaut une redoutable haine de la part du jeune fils d’un des plus importants clients du bureau d’architectes pour lequel il travaille. Ce fiston n’apprécie pas d’être jeté comme une vieille chaussette une fois l’acte accompli ; il se plaint auprès de papa, insinuant que A.J. l’a violé, et les rêves de ce dernier se brisent soudain en mille morceaux. Son patron lui suggère de faire profil bas pendant un long moment et l’envoie à l’autre bout du monde, à Madagascar, où le cabinet a promis de construire une école écologique en pleine brousse. D’accord, le village, Belo sur Mer, se trouve en bord de mer, comme le nom l’indique. Mais quand A.J. y débarque, il prend aussitôt la véritable ampleur de cette mission, qui s’apparente rapidement à une punition. Qu’est-ce que c’est que cette bouffe étrange que l’on lui propose ici ? Et qu’est-ce que c’est que cette culture de la lenteur et des superstitions qu’il découvre avec de forts aprioris négatifs ? Mince, les gens ne parlent même pas anglais, ici ! Comment est-il censé survivre ? Comment est-il censé devenir quelqu’un, dans le seul sens qu’il connaisse à ce terme ?
Le seul point positif, si l’on peut dire ainsi : son voisin est un jeune originaire de la capitale, Tiana, beau comme un dieu, insaisissable, étrange comme le pays, qui doit apprendre à lire et à écrire à la population locale. A.J. se sent tout de suite attiré par cet être qu’il ne comprend pas ; il comprend encore moins ce qu’il lui arrive, lui qui s’est toujours targué d’être parfaitement célibattant et fier de l’être. Hélas, son patron l’a averti avant son départ : il ne faudrait pas qu’une nouvelle histoire de choucherie malencontreuse vienne ternir sa mission. Ce qu’A.J. ne soupçonne même pas une seconde, c’est que les choses ne sont pas plus faciles pour Tiana. Depuis toujours, ce jeune un peu tête en l’air, sans but précis dans la vie, mais avec de grands rêves lui aussi – notamment celui de devenir un chanteur à succès – lutte contre sa vraie nature. Oui, Tiana aime les hommes. Il a déjà connu des rencontres furtives dans des coins sombres et mal famés de Tananarive, voire passé des nuits intrépides dans des petits hôtels avec des amoureux d’un soir. Mais il sait fort bien qu’être homo est très mal vu dans son pays (il a une copine officielle pour brouiller les pistes, après tout) et que ses parents seraient très déçus s’il donnait libre cours à ses inclinaisons, qui pour lui sont coupables et honteuses. Donc, se retrouver au milieu de nulle part et coincé avec ce bel Américain qui l’intrigue tout autant qu’il l’attire est une douce torture. Il décide de ne pas céder à sa libido. Les deux hommes, entre rapprochements et brouilles, apprennent à se retenir jusqu’au jour où Jean de Dieu, un gamin de cinq ans qu’ils adorent tous les deux, disparaît sur sa petite barque de fortune. Tout le village part à sa recherche. A.J. et Tiana atterrissent sur un atoll au large de Belo ; la nuit tombante les oblige à y passer la nuit ensemble, et l’environnement idyllique aidant, ils finissent par tomber dans les bras l’un de l’autre… Mais qu’est-ce que cette histoire pourraient bien donner, si ce n’est des larmes et de la peine ?
L’histoire de ces deux êtres à la recherche du sens de leurs vies est raconté tantôt du point de vue d’A.J., tantôt du point de vue de Tiana, avec quelques courts passages où ce sont même d’autres personnages secondaires qui prennent la main du récit. À vrai dire, quand j’ai commencé le livre, qui débute par un chapitre A.J., je n’étais pas sûr d’apprécier. Il est vrai que ce personnage m’a été d’emblée antipathique ; il avait vraiment tout de l’Américain bourru, malgré son éducation poussée, centré sur soi-même et son bien-être, complètement fermé sur le monde qui l’entoure et, a fortiori, le monde en-dehors des États-Unis. Mais au bout de quelques paragraphes, je me suis surpris à ressentir peut-être pas de la peine pour ce mec somme toute perdu dans son confort, mais tout du moins de l’empathie. A.J. est d’ailleurs resté sur presque toute la longueur du roman un personnage ambigu pour moi. Non que je le déteste ou méprise, mais il a des côtés tellement rebutants, pour moi personnellement, que je me suis demandé comment quelqu’un pourrait tomber amoureux de lui. Au fil de l’histoire, cependant, j’ai découvert que j’appréciais peu à peu le personnage à sa juste valeur et que, surtout, j’appréciais beaucoup cette présentation de ses atouts ainsi que de ses défauts et failles. Il est vrai que, dans bon nombre de romances, notamment celle écrites par des auteur(e)s américain(e)s, j’ai envie de dire : « tout le monde, y est beau, tout le monde, y est gentil. » Trop souvent, des obstacles sont inventés pour compliquer un tant soit peu l’intrigue, certains de ces obstacles étant vraiment tirés par les cheveux pour ajouter un semblant de suspense. Tel n’est pas le cas dans le petit bijou qu’est ce livre-ci. Puisque l’on rencontre A.J. dans son propre « habitat » au début, que l’on l’observe dans toute sa splendeur égomaniaque, on comprend quel sera son parcours du combattant tout au long de l’intrigue.
La même chose est vraie pour le plus « exotique » des deux protagonistes, le jeune Tiana. Lui aussi, quoique extrêmement touchant et attachant dès le début, a des défauts et des failles, que l’on est permis de découvrir au fur et à mesure. Cette invention sans compromis de deux caractères principaux ni complètement blancs, ni complètement noirs, mais profondément humains, a été, pour moi, une des meilleurs choses que les deux auteures aient pu trouver. J’ai cru à ces deux personnages, j’ai cru aussi en ces deux personnages ; ils semblent vraiment exister, même en-dehors des pages du livre, semblent respirer, rêver, merder et se démerder, aimer et souffrir pour de vrai. Autant dire que j’ai vibré du début à la fin. Puis, que dire du cadre ? Que celui ou celle qui lit ce livre et ne se prenne pas à vouloir visiter Madagascar et surtout Belo sur Mer lève la main ! Je lui dirais : « Mais c’est carrément impossible ! » Vraiment, l’endroit a quelque chose d’enchanteur, et je ne dis pas ça parce qu’il aurait été décrit avec des teintes pastels ou à l’eau de rose. Non, les problèmes – nombreux – que la population locale doit affronter sont clairement énumérés, ce qui n’empêche pas que l’on aime ce village et ses habitants, même quand ils se montrent sous leur plus mauvais jour (n’oublions pas que l’homophobie est souvent le résultat de méconnaissance et de peurs étranges qui en découlent).
Franchement, je me suis régale avec ce livre. L’écriture est droite, déterminée et belle, bien rythmée, sans fioritures mais sans froideur pour autant. C’est plus qu’une simple romance (même si celle-ci est bien ficelée et fournit de très beaux moments très romantiques), c’est aussi un roman initiatique, qui raconte tout simplement la rencontre entre deux êtres (peu importe que ce soient deux hommes, somme toute) et le chemin qu’ils doivent parcourir pour enfin se retrouver. Je pense qu’outre les belles descriptions et les merveilleux personnages qui peuplent ce roman – ah, la douce Marie ! l’inénarrable instit du cru ! le vieux sage qui, on s’en aperçoit vers la fin, l’est vraiment ! le très sympathique maire du village ! le petit Jean de Dieu qui m’a beaucoup touché ! –, c’est surtout la profonde bienveillance qui se dégage de ce roman qui m’a le plus fortement plue. Personne n’est vilain à 100 %, personne n’est bon à 100 %. Tous, ils sont tout bêtement humains. Une très belle découverte, un livre à lire absolument !
Infos
Auteur : Tan Hagmann & Angie Le Gac
Titre : D’autres horizons
Publié par : Auto-publié
Publié le : 28 mars 2019
Genre(s) : Romance
Pages : 283
Lu par : ParisDude
Sensualité : 0 flammes sur 5
Note
5 étoiles sur 5
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