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Page blanche : polaroïd(e) sentimental (par ParisDude)

Synopsis

Quelques mots tracés sur une page vierge. Un vide. Et ainsi naît une préoccupation. Celle d’un homme en proie au doute, envers lui-même et le monde qui l’entoure, cherchant à comprendre à travers une introspection, un survol de ses souvenirs, une réponse à cette mystérieuse disparition.

Page blanche est le récit d’une journée qui dévoile toute la gamme des émotions, sous forme de journal intime, mêlant passé et présent.

Notre avis

« La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt. On dit ça. Peut-être… » Ainsi débute ce très court roman – par ces phrases énigmatiques qu’un homme a griffonnées sur un bout de papier laissé sur la table du petit déjeuner. Son compagnon, narrateur à la première personne par le seul prisme duquel nous sommes embarqués dans cette histoire, le trouve le matin, en se levant. Aussitôt, il se pose la question de ce que ce petit passage signifie. Cette interrogation s’intensifie quand le compagnon ne revient pas. S’ensuit une recherche en règle dans le domicile – de plus en plus étrange, rien ne manque dans l’armoire, la carte bleue est encore là tout comme les papiers d’identité. Seuls la voiture et les clés de celles-ci ont été emportées. Ces quelques mots, étaient-ce des mots d’adieu, adieu à la vie commune, adieu à la vie tout court ? Le narrateur devient de plus en plus fébrile pendant que les minutes, les heures défilent. Il se remémore des moments passés ensemble, retrace l’histoire de son aimé, et plonge dans une angoisse insupportable…

Ce récit est ce qu’on appellerait, en anglais, une « novella », souvent traduit par « nouvelle », faute de mieux, même si, de par la structure et la densité, ce n’en est pas vraiment une. À vrai dire, une fois de plus, je ne savais pas trop à quoi m’attendre quand j’ai entamé la lecture, et j’étais plutôt agréablement surpris au bout des premiers paragraphes. J’ai commencé à sentir une réelle tension se construire en moi, et le ton de la narration m’a tout de suite entraîné et m’a fait partager l’angoisse montante du personnage principal. Le mystère est resté entier et palpable presque tout au long du texte.

Mais de palpable à impalpable, il n’y avait qu’un pas. J’ai aussi ressenti une espèce de gêne, impalpable au début, puis de plus en plus forte. Et cette gêne était liée précisément au même détail qui contribue à la tension que j’ai mentionnée. J’ai mis un certain temps avant de me rendre compte d’où la gêne venait. En fait, ce texte existe sans que les deux protagonistes aient un nom. Pour le narrateur à la première personne, vous me direz, ça se tient. À moins que quelqu’un s’adresse à lui, il restera un personnage jamais nommé. Mais le compagnon, alors ? Le compagnon reste, tout au long du récit, un simple « IL ». Oui, en majuscules, comme si l’on parlait non pas d’un dieu, mais de Dieu (encore que Celui-là n’ait droit qu’à la première lettre mise en majuscule, de la part de ceux qui croient en Lui). Cette majusculisation (désolé pour ce néologisme barbare) est maintenue pour toute occurrence, d’ailleurs, de sorte que, dans le texte, ça pullule de SE, LE, LUI, SON, SA, etc. J’avoue que ça devenait assez lourd, à la longue, pour ne pas dire carrément rédhibitoire, d’autant plus que du texte écrit en majuscule se ressent, de par cette graphie, comme si quelqu’un criait les mots concernés.

Si, au moins, ce procédé eût été maintenu avec consistance ! Mais non, parfois, seule la première lettre avait droit à sa majuscule. Cela témoigne d’une relecture quelque peu bâclée, qui se manifestait d’ailleurs, au fil des pages, par des fautes de plus en plus nombreuses (notamment des imparfaits du subjonctif là où un passé simple aurait été nécessaire). Même l’écriture, plutôt claire et limpide au début, se complexifie ; j’ai ainsi trouvé que certains passages étaient vraiment « sur-écrites » dans le sens qu’un phrasé plus simple, plus accessible aurait peut-être eu plus d’impact.

Ceci, pour le style. Quant au contenu, j’ai pu vérifier une nouvelle fois, hélas, que je ne suis pas forcément grand fan des « novellas ». Je reste souvent sur ma faim, et c’était encore le cas, ici. J’aurais aimé pénétrer davantage dans l’histoire de ce couple, connaître davantage les deux personnages, ressentir davantage leurs émotions, leurs psychologies respectives. La technique des flashbacks me paraissait pourtant rodée, bien maîtrisée, bien amenée même dans le cours de la narration. Mais il me manquait quelque chose. Malheureusement, je dois ajouter à tout cela que la fin tombait à plat aussi, en tout cas pour moi. Avec tout ce suspense, savamment entretenu malgré tout ce que j’ai pu dire plus haut, je m’attendais à… je ne sais pas quoi, au juste, mais pas à la fin que l’auteur a trouvée.

Somme toute, j’ai senti un beau potentiel et d’écriture, et d’histoire, que les quelques bémols mentionnés ont tout de même permis de déceler. Il y a de belles choses. Donc, je n’ai pas détesté, loin s’en faut, mais je regrette de devoir dire que je n’ai pas été particulièrement emballé, non plus. Je sais, cependant, que les livres exigent leur moment pour être appréciés. Peut-être que, pour ce livre-ci, ce n’était pas le bon, pour moi – pas le bon état d’esprit, pas assez de soleil dehors, que sais-je.

Infos

Auteur : David Sauvage
Titre :
Page blanche : polaroïd(e) sentimental
Publié par :
Le Lys Bleu Éditions
Publié le :
20 décembre 2023
Genre(s) : 
Récit, perte, introspection
Pages :
96
Disponible en : Ebook & broché
Lu par : ParisDude
Sensualité :
0 flammes sur 5

Note

3 étoiles sur 5

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À propos de l’auteur

Passionné des mots depuis toujours, David Sauvage explore divers supports tels que la nouvelle, le sketch et la chanson. Auteur de trois pièces de théâtre, il apprécie la diversité des genres. Pour son troisième roman, il s’écarte du thriller et du polar classique et explore avec Page blanche le monde de l’intime dans un récit en forme de polaroïd(e) sentimental.

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