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Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? (par ParisDude)

Synopsis

Il n’aime pas les poupées Barbie, mais il aime les publicités pour sous-vêtements d’hommes dans les catalogues 3 Suisses. Il ne veut pas devenir un homme comme son père, mais pas non plus être comme sa mère. Il n’est pas pédé, mais gay. Il mène une vie de couple monotone, mais découvre aussi en cachette des lieux de drague à Paris. Il commence une vie de célibataire à quarante ans en enchaînant des plans sans tabous, mais fait aussi des rencontres très enrichissantes. Dans ce roman écrit à la première personne, nous accompagnons un homme gay sur son périple à la recherche de lui-même, un voyage des années 1970 à aujourd’hui qui le fait passer par toutes sortes d’étapes, des plus noires aux plus gaies.

Notre avis

Le narrateur (l’auteur ?), qui accompagne le lecteur et la lectrice en se livrant à la première personne, déroule dans ce livre sa vie. Il naît et grandit dans une petite ville de province, dans un cadre assez particulier, avec son père, sa mère, sa grand-mère, et plus tard un petit frère (alors qu’il aurait préféré une petite sœur). Le père, un égocentrique pur jus, peu porté vers la vie de famille et volage, tient un club de strip-tease. La mère, soumise, malheureuse dans sa vie et toujours à la limite de la dépression clinique, accepte tout sans broncher. Le petit garçon mène une enfance et adolescence plutôt sans histoires, sans se poser trop de questions. Très tôt, il sait qu’il ne voudra pas ressembler à ses géniteurs et que, pour ce faire (pour se faire aussi), il devra s’installer loin de cet univers qui lui semble étriqué. Il devine qu’il finira par s’installer à Paris.

Il y fait, en effet, ses études. Sur le tard, il « découvre » son homosexualité, si tant est qu’on ne sache pas dès le départ ce qu’il en est, et décide de la vivre au grand jour (sans s’ouvrir à ses parents pour autant). Il a un faible pour les hommes chez lesquels il détecte, dans le regard, une forme de « sauvez-moi ! sortez-moi de là ! », et entame une relation avec quasiment le premier sur lequel il tombe. Hélas, une certaine monotonie ou plutôt une monotonie certaine s’installe très (trop) rapidement, de sorte que les deux se prélassent dans une existence commune sans hauts ni bas, presque ennuyeuse. Rompre avec son partenaire est une étape difficile mais cruciale. Une étape d’apprentissage, mais aussi une étape de questionnement. C’est à quarante ans que le narrateur devient célibataire (céli-battant car il ne veut pas refaire les mêmes erreurs que dans le passé) et se plonge dans la vie gay de Paris, corps et âme (surtout corps). Entre boîtes de nuit, bars, dragues sur applis dédiées, coups d’un soir et amitiés somme toute superficielle, il essaie de trouver un sens à sa vie et de se libérer du corset de son passé…

Durant toute la lecture, je n’ai pas pu déterminer s’il s’agit ici d’une biographie (fictive) ou d’une autobiographie. Le style, la trame, davantage encore l’étendue et la teneur des « confessions », cependant, me feraient pencher vers cette dernière. Souvent, me dis-je, quand quelque chose a l’odeur et le goût du café, c’est du café. Et dans le cas présent, pour rester dans cette image, les caractéristiques de café étaient très présentes. Pour le style, on est loin d’un roman où les choses seraient montrées et me permettraient de me glisser dans la peau du protagoniste, de m’identifier à 100% ou de faire miennes ses expériences. Non, ici, tout est racontée. Ce n’est pas une tare en soi – on ne lit pas l’autobiographie d’un personnage (qu’il soit célèbre ou pas) avec l’objectif de s’identifier à lui, après tout, mais parce qu’on veut en savoir plus, de lui et sur lui. De ce fait, la plupart des autobiographies ont un ton presque détaché et s’efforcent de « lister » les événements marquants, les actions, les réactions, les points culminants d’une vie, sans vraiment fictionnaliser la narration comme le font certains romans basés plus ou moins fidèlement sur des faits historiques. Cette énumération, cet inventaire, nous permettent, malgré l’absence de l’effet de choses montrées, de comprendre l’évolution du personnage principal.

J’ai beaucoup aimé la première partie de ce récit – l’enfance, la famille, l’adolescence. Je me sentais proche de ce petit garçon avec ses poupées Barbie, avec ses certitudes et ses doutes. Hélas, quand le narrateur s’installe dans sa vie d’adulte et entame sa première relation, j’ai senti que je me détachais, petit à petit. Non pas que j’aie trouvé cette suite plus ennuyeuse, mais il me manquait quelque chose. Il me manquait la clé pour ouvrir une porte, il me manquait l’accès. Le narrateur était, à mes yeux, pudique au point de me priver, moi, lecteur, d’éléments cruciaux pour le suivre. Derrière les faits et gestes de sa vie avec son compagnon, j’ai cherché la vie intérieure du garçon devenu homme. Les émotions, les sensations, les sentiments – tout ça m’a cruellement manqué, et ce jusqu’à la fin.

Bien sûr, j’ai mon petit côté voyeur (soyons honnêtes – ne l’avons-nous pas tous quand nous ouvrons une biographie ou une autobiographie ?), et j’ai suivi avec plaisir notamment la vie de célibataire avec ses rencontres tantôt répétées, tantôt furtives, toujours livrées avec les détails croustillants qui émoustillent. Pour le dire de façon crue, le mec couche, et il le raconte avec franchise. Mais là aussi, quid de ce qui se passe derrière la façade des événements ? Quid des pensées, des frissons intérieurs, des impressions qui dépassent juste ce que l’on voit ? Là-dessus, je suis resté sur ma faim. Si j’ai trouvé ça dommage, c’est que je voulais aussi pénétrer ce côté plus interne, plus personnel, plus intime du personnage (plutôt bon signe car si je n’avais pas ressenti ce manque, ça aurait voulu dire que je me désintéressais et du récit et du personnage, ce qui n’était pas le cas).

La plume, alors. Simple d’accès, sans fioritures baroques, allant droit au but. Parfois, des répétitions de mots qui auraient pu être évitées en s’appliquant davantage à l’écriture et en cherchant donc des synonymes, des périphrases. Une bonne relecture (pro) aurait aussi permis de nous épargner les fautes d’orthographe. Somme toute, je ne peux pas dire que j’aie passé un mauvais moment à la lecture de ce livre, loin s’en faut. Je ne me suis pas lassé, j’ai lu avec intérêt, même si, comme mentionné, j’ai me suis dit que j’aurais aimé plus.

Infos

Auteur : Paul Varjak
Titre :
Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?
Publié par :
Edilivre
Publié le :
15 janvier 2024
Genre(s) : 
Biographie, autobiographie
Pages :
302
Disponible en : Broché (chez l’éditeur, vous trouvez aussi l’option ebook)
Lu par : ParisDude
Sensualité :
4 flammes sur 5

Note

3 étoiles sur 5

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