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Second Son (de ParisDude)

Synopsis

Mark Valerian, the second son in the Valerian family, is ill, but determined to live life to the fullest—and live forever if he can. When he discovers Bill Mackey, a young theatrical designer who is also suffering from this disease neither wants to name, he also finds the lover of his dreams.

Together they develop an incredible plan to survive that will take them to Europe, to rustic Maine, and finally to the wonderful seaside summer mansion of the Valerian family, where father and son confront the painful ties of kinship…and the joyous bonds of love.

Originally published in 1989, it was Ferro’s final novel, completed in the months leading to his death from AIDS as he cared for his lover Michael Grumley. This new edition contains a foreword by Tom Cardamone (« Crashing Cathedrals: Edmund White by the Book »).

Second Son is transcendently beautiful; exquisitely written, exquisitely restrained. The accomplishment of Second Sonreminds us of what literature has always been about – the deep examination of the soul. Rich, poignant, unforgettable, it leaves one with a rare feeling of having been in touch for a little while with the things that really matter” – Anne Rice

In a purity of language met by purity of feeling, Robert Ferro’s Second Son illuminates a tragedy of our time – the fusion of love and grieving, devotion and sorrowing – that is as venerable as the human heart itself. Earlier novels that center around sickness have turned out to be life-giving – Thomas Mann’s The Magic Mountain comes first to mind – and Robert Ferro enters this tradition with touching artistry, in his own robust yet tranquil voice, and with the lucent and simple clarity of hope.” – Cynthia Ozick

I admired The Family of Max Desir. I love Second Son. The surprising story of the love between two men threatened by
illness is full of fine authentic details and broader realizations about the human condition.” – Doris Grumbach

Notre avis

Robert Ferro, dont j’ai déjà chroniqué le roman The Blue Star sur ce site il y a un moment, faisait partie du célèbre cercle d’écrivains homosexuels connu sous le nom de The Violet Quill (La Plume violette) – à côté de Ferro et son partenaire Michael Grumley, il comprenait Christopher Cox, Andrew Holleran, Edmund White, George Whitmore et Felice Picano (dont j’ai également présenté plusieurs livres sur ce site). Second Son est le dernier roman de Ferro, qu’il a terminé en 1988, quelques semaines seulement avant sa mort. Un autre bijou presque oublié que ReQueered Tales a eu l’excellente idée de rééditer, et certainement l’un des livres les plus beaux et les plus stimulants que j’aie lus ces derniers mois. Si je voulais résumer pourquoi il devrait intéresser les lecteurs d’aujourd’hui, je dirais que c’est un magnifique roman sur un jeune homme qui sait qu’il est en train de mourir du sida… écrit par un jeune homme qui sait qu’il est en train de mourir du sida (littéralement, comme Ferro a succombé à la maladie peu de temps après et avait déjà été contraint d’enterrer son amant).

Le personnage principal de l’histoire est Mark Valerian, un décorateur d’intérieur, âgé d’une trentaine d’années, designer de jardins (dans le sens le plus vague). Après la mort de sa mère et après avoir reçu le verdict de sa séropositivité, il emménage dans la vaste maison familiale de Cape May (situé dans le New Jersey, je pense), où il passe son temps à s’occuper des jardins, à superviser les travaux de réparation nécessaires et à accueillir les membres de sa famille (son père, George, magnat autodidacte et prospère, son frère aîné George Junior, ses deux sœurs, ainsi que des tantes, des nièces et un neveu, le petit George III) chaque fois qu’ils ont le temps de venir depuis Philadelphie. Cette maison près de la plage devient pour lui une sorte d’obsession, d’autant plus que son père et son frère aîné veulent la vendre le plus tôt possible, un projet auquel il résiste de toutes ses forces. Lors d’un séjour professionnel à Rome, Mark fait la connaissance de Bill, un jeune homme aisé, qui lui avoue être malade, lui aussi. Les deux jeunes hommes tombent amoureux et emménagent ensemble dans la maison de Cape May à leur retour aux États-Unis. Tout semble relativement romantique jusqu’à ce que Bill doive être hospitalisé pour une grave pneumonie…

J’ai trouvé ce retour vers la fin des années 80 avec leurs milliers et milliers de morts dans la communauté gay à la fois déchirant et… fascinant ? encourageant ? Difficile de trouver le mot juste, ici. En fait, je m’attendais à l’histoire sombre d’un jeune homme mourant, et je me suis trouvé face à une histoire puissante et forte, celle d’un jeune homme qui (se) pose beaucoup de questions, qui se bat, qui rumine, qui parfois est désespéré, parfois rempli d’espoir, mais qui ne s’arrête jamais de vivre et d’aimer. D’accord, Mark est si ce n’est pas riche, du moins assez aisé pour ne pas avoir besoin de travailler. Il habite une belle maison qu’il aime, il rencontre un homme qu’il apprend à aimer aussi, et il peut compter sur le soutien de ses sœurs. Mais l’histoire se déroule à la fin des années 80, alors que tout le monde savait qu’être diagnostiqué séropositif était une condamnation à mort à court terme. Alors, j’ai été vraiment surpris de constater que la maladie de Mark n’était qu’un des sujets du roman, et que Ferro, bien que conscient qu’il vivait probablement ses derniers mois, lui aussi, était capable de donner tant de force, tant de positivité aux personnages et à l’histoire.

Comme les autres livres de Ferro, l’un des principaux sujets de celui-ci est la famille, notamment la famille rêvée de la classe moyenne américaine, et comment elle s’avère être plus une chimère qu’une réalité harmonieuse. Quelques éléments perturbateurs suffisent à faire éclater la bulle de cet idéal et à montrer tous les courants sous-jacents et les dynamiques familiales cachées, et ce sous une lumière sinon cruelle, du moins crue. Ferro tranche au scalpel, non pas brutalement, mais avec une perspicacité et une honnêteté étonnantes, son écriture habile et énergique pénétrant dans la chair des personnages et mettant à nu leur vraie personnalité ainsi que leurs aspirations. La première perturbation que Ferro jette sur le chemin de la famille Valerian est le fait que Mark est gay. Puis, la mère décède, ce qui est suivi simultanément par Mark qui annonce son diagnostic et son père qui découvre que son projet de vendre l’entreprise familiale à un concurrent a été annulé. Finalement, arrive Bill, et personne ne peut plus prétendre que tout va bien. Ces développements assez simples de l’intrigue permettent à l’auteur de disséquer habilement les interactions des membres de la famille, avec la maison de plage comme le symbole brillant de comment Mark voyait sa famille quand tout était encore « intact ».

La plume de Ferro peut parfois paraître un peu sèche ou détachée, mais j’ai découvert que j’étais attiré dès le début et étonné par sa sincérité souvent mélancolique. Au fur et à mesure que les différents personnages se montrent et sont analysés, j’ai commencé à les voir comme des personnes réelles, pas comme des personnages fictifs. Soit dit en passant, un personnage secondaire (le meilleur ami de Mark, qui vit en Floride) m’a beaucoup rappelé quelqu’un d’autre – je ne suis pas tout à fait sûr, mais je soupçonne que Ferro a essayé de représenter l’un de ses amis écrivains, Andrew Holleran (j’ai trouvé des similitudes entre ce personnage et le narrateur à la première personne du tout nouveau roman de Holleran, que je viens également de lire et que je présenterai bientôt sur ce site, et elles étaient un peu trop flagrants pour être une coïncidence). Quoi qu’il en soit, je recommande vraiment Second Son, non seulement parce que ce livre fait partie de notre patrimoine culturel et qu’il est un excellent exemple de ce qu’on appelle communément la « littérature sur le sida ». Mais aussi pour ses qualités littéraires ainsi que la merveilleuse et déchirante histoire d’amour entre Mark et Bill, qui, bien qu’étant seulement une intrigue secondaire, était ce qui a rendu le livre si beau (désolé, je suis un vrai romantique).

Infos

Titre : Second Son
Auteur : Robert Ferro
Publié par : ReQueered Tales
Publié le : 15 mars 2020
Genre(s) : Sida, famille, littérature
Pages : 241
Lu par : ParisDude
Lu en VO : Anglais (américain)
Sensualité : 0 flamme sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

Un exemplaire gratuit de Second Son nous a été fourni par l’éditeur en VO, en échange d’une critique sincère. Cette fiche de lecture a été publiée en anglais sur le site Rainbow Book Reviews.

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