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Symphonie Pathétique (de ParisDude)

Couverture de "Symphonie Pathétique"
Klaus Mann, « Symphonie Pathétique »

Synopsis

Über das Verhältnis von Eros, Politik und Kunst

In «Symphonie Pathétique» entwirft Klaus Mann ein Lebensbild des russischen Komponisten Peter Iljitsch Tschaikowsky vor dem Hintergrund des späten 19. Jahrhunderts. Die versunkenen Szenarien von St. Petersburg und Moskau, des kaiserlichen Berlin, der Gewandhaus-Stadt Leipzig und weiterer Zentren der Musikkultur werden lebendig. Doch der Glanz der bürgerlichen Welt ist trügerisch: Wegen seiner homosexuellen Neigungen war Tschaikowsky zeitlebens zum Außenseiter verdammt.

Eines der wichtigsten Werke Klaus Manns.

Notre avis

Les mélomanes le savent : la Symphonie Pathétique (ou Symphonie n°6 en si mineur, op. 74) est la dernière œuvre que Piotr Ilitch Tchaïkovski composa avant sa mort en 1893. L’écrivain allemand Klaus Mann, fils de Thomas Mann et auteur entre autres de Méphisto et Le Volcan, a écrit un livre avec le même titre en 1935, en exil. Dans ce roman, qui est plus une œuvre littéraire qu’une simple biographie, il raconte les dernières années de la vie du célèbre compositeur russe, entre tournées en Europe et aux USA, séjours dans ses datchas perdues dans l’immensité des paysages russes, travail acharné et fêtes effrénées à Saint-Pétersbourg ou Moscou. Le livre a été publié dans sa traduction française en 1984 seulement et est désormais disponible en allemand sous forme d’ebook (vous pouvez également vous procurer la version française, voir nos liens ci-dessous).

Que dire de ce livre, sur lequel beaucoup de choses très savantes (et souvent, très critiques) ont déjà été écrites ? Peut-être d’abord mon ressenti personnel : j’ai beaucoup aimé, même si le personnage de Tchaïkovski était assez étrange, qu’il n’avait, somme toute, que peu de côtés attachants et que, avant tout, l’un de ses principaux traits caractéristiques n’est évoquée que très prudemment, toujours sous forme de symbole ou de métaphore pudique. Je parle de son homosexualité, qui l’a pourtant travaillé, voire torturé toute sa vie durant et qui, on peut le soupçonner fortement, l’a empêché d’être vraiment heureux. Bien sûr, le livre date de 1935, et Klaus Mann, qui portait le même poids problématique (être homo dans une société et à une époque où c’était considéré au mieux une perversion, au pire un crime, sans parler de péché mortel), n’a peut-être pas souhaité ni choquer ses lecteurs ni dévoiler trop de choses sur sa propre personnalité et ses penchants. N’empêche, après avoir lu tant et tant de bouquins où non seulement les mecs sont ouvertement gay, mais où, permettez-moi l’expression, ça baise quasiment dans chaque chapitre avec force détails et descriptions souvent crues, j’ai été surpris de lire une telle œuvre où les choses sont cachées derrière un voile poétique.

L’histoire racontée dans ce roman est celle de cet homme d’une créativité et d’un génie indéniables, Tchaïkovski, un homme mal dans sa peau, proie à de fréquents accès d’auto-détestation, de doutes profonds quant à la valeur de son œuvre, d’angoisse et de désespoir abyssal, mais aussi un homme capable de se dépasser jusqu’à en tomber de fatigue quand il s’agit d’écrire, finir et peaufiner une composition. Au premier chapitre, nous le découvrons à peine arrivé à Berlin. Il a alors la quarantaine finissante, mais se sent déjà vieux, trop vieux pour tout. Il est censé se rendre à une matinée organisée en son honneur dans un restaurant, et son agent se présente à l’hôtel pour l’y conduire, mais le compositeur lui fait faux bond, trop nerveux, trop timide pour se prêter à ce jeu. D’emblée, les leitmotivs principaux du roman (et du personnage) sont exposés comme dans une symphonie : la solitude (avec, comme thèmes collatéraux et contradictoires, l’amour de la solitude et la peur de celle-ci), la misanthropie (couplée au besoin de se sentir entouré, estimé, aimé), l’amour de l’esthétique, la quête (et la détestation) de la gloire, entre autres. À cela s’ajoute ce profond mal-être dont témoigné Tchaïkovski : où qu’il soit – dans sa datcha, à Odessa, Moscou, Saint-Pétersbourg, Paris, Berlin, Leipzig, Londres, voire sur un paquebot pour rejoindre New York –, il n’a qu’une envie, à savoir être ailleurs. Ou plutôt, ne pas être là où il est (on a l’impression qu’il souhaiterait surtout ne pas être qui il est, et vers la fin, ne pas être tout court). Les chapitres se suivent, et nous apprenons par des flashbacks un peu plus sur l’enfance du compositeur et les personnes qui l’ont marqué (un père fantasque, une mère très froide, qui finit par se suicider, une nounou française qui lui est très chère, une sœur-confidente qui s’éloigne de lui lorsqu’elle lutte contre une longue maladie). On apprend également le nom de son premier amour, Alexis Nikolaïevitch Apoukhtine, écrivain assez connu à l’époque et ouvertement homosexuel. Sous la plume de Mann, la liaison apparemment charnelle entre les deux hante toujours le compositeur, qui, dans le roman, voue une espèce de haine-attirance à son ancien amant, qu’il qualifie de verworfen (dépravé) et de böser Engel (mauvais ange). Nous suivons ensuite les six dernières années de Tchaïkovski jusqu’à sa propre mort du choléra qui, tel le reflet de la mort de sa mère, pourrait être un suicide déguisé.

Mann semble avoir hérité de certaines idiosyncrasies littéraires de son père, notamment la prédilection du jeu avec la répétition (certaines phrases reviennent comme des mantras) ainsi que celle des thèmes ou motifs pour caractériser certains personnages, certains souvenirs. Il semble aussi emprunter certaines caractéristiques de l’écriture de Zweig par endroits, surtout le Zweig des biographies (et c’est un compliment de ma part). D’ailleurs, hormis Tchaïkovski, que j’ai eu beaucoup de mal à comprendre (mais bon, je ne suis ni génie, ni homo refoulé, ni Russe du XIXe siècle), les personnages m’ont semblé faciles d’accès. Ils sont bien dépeints, vivants, des hommes et des femmes en chair et en os. Étrange, d’ailleurs, de suivre l’histoire d’un personnage principal aussi complexe et complexé (pour ne pas dire compliqué) que ce compositeur quasi incompréhensible avec son caractère peu attirant, et de finir par sentir un certain attachement à celui-ci, au point de vouloir s’immiscer dans le roman pour l’aider à surmonter ses peurs et ses angoisses… Et étrange personnage, pour sûr, si lourd, avec des démons aussi pesants, personnage si peu adapté à la vie, si peu enclin au bonheur, avec autant de doutes… Surtout quand on se remémore l’apparente légèreté presque frivole de certaines de ses œuvres (tiens, le Capriccio Italien, par exemple, ou certaines des valses de ses ballets). En tout cas, j’aime beaucoup le langage, l’écriture de Klaus Mann, et ce livre m’a vraiment marqué. Je voudrais finir cette fiche de lecture par une belle citation, que je trouve d’une justesse phénomenale : « Denn jede Sekunde ist ein kleiner Tod, sie tötet Leben, aber zugleich ist sie auch Leben, denn das Leben besteht ja nur aus solchen fliehenden, tödlich gleitenden Sekunden. Übrig bleiben die Erinnerungen. » (« Car chaque seconde est une petite mort, elle tue la vie, mais en même temps, elle est aussi la vie, car la vie ne consiste, après tout, que de telles secondes fuyantes, mortellement glissantes. Ce qui reste, ce sont les souvenirs. », traduction par moi-même).

Infos

Titre : Symphonie Pathétique
Auteur : Klaus Mann
Publié par : Rowohlt E-Book
Publié le : 16 avril 2019
Genre(s): Littérature
Pages : 405
Lu par : ParisDude
Lu en VO : Allemand
Sensualité : 0 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

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1 commentaire pour “Symphonie Pathétique (de ParisDude)”

  1. Cette biographie romancée de Tchaïkovski est susceptible d’intéresser en priorité les mélomanes qui verront passer, au fil des pages, rien moins que Johannes Brahms, Edvard Grieg, Gustav Mahler, Camille Saint-Saëns, mais aussi les chefs d’orchestre mythiques Arthur Nikisch et Hans von Bülow, et d’autres figures encore de la vie musicale de l’époque comme Alexandre Siloti ou Ferruccio Busoni.
    Klaus Mann avait pour projet de dépeindre le mal-être de Tchaïkovski au travers de ses multiples voyages et tournées. Le portrait du compositeur correspond globalement à l’image que l’on se fait de lui : un être exalté, tourmenté, mal-aimé ou adulé, alternant des périodes de joie et d’abattement.
    Etant donné le prestige de l’auteur du livre et des figures qu’il évoque, on est un peu mal à l’aise de dire que ce livre manque de conduite narrative, qu’il se complaît en redites sur la personnalité du compositeur, et que ses longueurs peuvent finir par décourager le lecteur le plus attentif et / ou le mieux disposé. La fin qui dépeint l’agonie de Tchaïkovski est gâchée par des formules très grandiloquentes qui n’apportent rien à l’émotion que l’on s’attendrait à ressentir ici. Finalement, de ce livre vieilli (ou vieillot) émane un certain ennui, ce qui est très regrettable eu égard à l’intérêt du sujet.
    L’édition ne nous épargne pas des fautes d’orthographe incompréhensibles.

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