Synopsis
Laissez vous emporter par la jolie plume de Dominique Faure…
Est-ce le hasard qui a décidé que se rencontrent Frédéric le musicien et François l’auteur ? Ils passent à tour de rôle à la radio en direct, non sans une appréhension qui fait naître en eux une empathie réciproque. Ce rapprochement sera suivi d’un tête-à-tête au restaurant. Frédéric irradie un charme tout de réserve et de discrète féminité qui suscite en François une attirance immédiate.
Les liens très forts qu’ils tissent côte à côte seront ponctués d’élans et de retenues. Pourquoi ? Quel traumatisme lié à l’adolescence de Frédéric le perturbe aussi douloureusement ? Qu’est-il arrivé à François dans sa petite enfance dont les souvenirs lui reviennent en filigrane ?
Chaviré entre les instants de grâce et les moments de désespoir destructeur de Frédéric, François note dans un carnet ce qui désormais conduit le fil de ses jours. Leur relation empreinte d’une sensualité fine très présente touche notre sensibilité et invite à l’émotion. L’écriture délicate, subtile, nous fait vivre de l’intérieur leurs ressentis, ce qui confère à ce récit toute sa singularité.
Un ouvrage remplit de sincérité qui ne peut vous laisser indifférent !
Notre avis
Ah, que c’est (relativement) facile de parler du livre d’un.e parfait.e inconnu.e ! Plus facile, en tout cas, que de présenter celui d’une personne dont on a fait la connaissance, que l’on considère désormais comme un.e ami.e et que l’on apprécie énormément. Comment font ces humoristes et autres imitateurs quand ils jouent leurs sketchs devant la personne (souvent connue) qu’ils vont malmener, humoristiquement ? Je suis sûr que je me mettrais à baragouiner, voire que je perdrais tous mes moyens. Toute cette introduction pour dire que j’ai rencontré son auteur.e Dominique Faure voici peu, avant de lire le livre, et fus conquis dès nos premiers échanges. Oui, je sais, du point de vue de la promo, j’ai tout faux, là. Il est de bon ton de taire que l’on est amicalement lié à un.e auteur.e, car le dire fait flotter, dans la tête de beaucoup de gens, le parfum de la connivence, de la flatterie par amitié, de l’apriori positif. Ajoutez à cela que je viens d’avouer que j’aurais le plus grand mal du monde à formuler des propos critiques, voire négatifs… Mais est-ce forcément plus facile de dire du bien de l’ouvrage d’une personne que l’on apprécie autant que moi, j’apprécie Dominique ? Car oui, vu le personnage, son caractère attendrissant et chaleureux ainsi que sa classe folle dans les gestes, les mots, les échanges, j’avais un apriori positif. Je subodorais que le livre en question n’allait pas être en reste. Je savais à peu près que je n’aurais pas à me forcer pour y trouver quelque chose d’attirant. Nulle surprise, à cet égard, donc, si ce n’est qu’à quel point j’ai été subjugué par cette belle histoire et cette magnifique plume. Je plaide coupable pour vraiment adorer ce roman ; et je clame mon innocence à celles et ceux qui me reprocheraient un parti pris amical. Je vous jure, si je n’avais pas aimé, je me serais fait violence et j’aurais listé les points à critiquer…
Alors, l’intrigue ? Celle d’une rencontre fortuite suivie d’une des plus belles histoires d’amour jamais lues. François, un homme de la mi-trentaine, quoique pas mélomane, juste amateur de belle musique, assiste à un concert et se trouve sous le charme du pianiste, Frédéric. Leurs chemins se recroisent par hasard lors d’une émission de radio à laquelle ils assistent tous les deux. François prend son courage à deux mains et invite Frédéric à manger un morceau. Leur premier tête-à-tête se passe paisiblement, sans qu’aucun des deux ne se lance dans le jeu de la séduction. Frédéric est trop éthéré, trop discret, trop insaisissable pour que l’on s’y amuse avec lui. Puis, François ne se considère pas homo ; il ne comprend même pas pourquoi il se sent si attiré par ce musicien au physique fort plaisant, pas tout à fait homme, pas tout à fait femme, en même temps un peu les deux à la fois. Car oui, attirance il y a, indéniablement, et ce des deux côtés. Ainsi, quand Frédéric accepte une invitation au domicile de François, les dés sont jetés, et la première approche, faite. Petit à petit, les deux vont tomber sous le charme de l’autre, intellectuellement, émotionnellement. Mais, chacun à sa manière, ils portent un lourd fardeau, un historique douloureux, et surtout Frédéric est inhibé, comme handicapé, au niveau sexuel, par son vécu. Il va falloir à François beaucoup d’amour, beaucoup de patience pour finir par construire quelque chose de solide et de durable avec cet homme qui, de plus en plus, l’envoûte…
Dominique Faure présente cette histoire hors du commun sous forme d’un récit à la première personne – c’est François, apprenons-nous au bout d’un moment, qui la note dans des carnets. Puisqu’il griffonne le déroulé des événements ainsi que ses pensées, ses envies, ses peurs tels des entrées d’un journal intime, il parle tantôt de Frédéric à la troisième personne (il), et tantôt il semble s’adresser à lui directement, le vouvoyant au début, le tutoyant par la suite. Au début, j’ai été quelque peu déconcerté de retrouver des « tu » et « toi » dans le texte, mais rapidement, cette sensation d’étrangeté a cédé la place à un sentiment d’immersion totale : François ne me parlait plus à moi, lecteur, mais m’a fait me glisser dans sa peau, réussissant ainsi à me laisser ressentir les scènes et me faisant comprendre que ces notes de carnet, il ne les écrivait pas pour lui-même, mais pour et à Frédéric. Très habile, surtout que la prose est vraiment de toute beauté, en phrases courtes où l’on entend la respiration, le souffle de l’auteur, où l’on perçoit sa personnalité bienveillante, ses goûts, ses propres blessures, ses propres forces.
Et ces deux protagonistes, François et Frédéric… Ah mon Dieu, ils m’ont fait vivre des enfers, m’ont fait vibrer, espérer, désespérer, espérer à nouveau. Pourtant, l’histoire se déroule sans énormes retournements, sans électrochocs, d’une façon fluide, linéaire, comme préordonnée, sans être tout à fait prévisible. Avec une infinie douceur, une infinie tendresse, une infinie patience, ces deux êtres font connaissance, de leurs caractères, lentement de leurs corps, de leurs vécus, de leurs envies, de leurs besoins, de leurs freins aussi. Ils tombent en amour, comme disent les Canadiens, traduisant littéralement cette belle expression de l’anglais. Ils s’éveillent, ils se réveillent, ils se révèlent ; ils s’apprivoisent petit à petit, ils s’apprennent, dans les deux sens que l’on peut donner à ce verbe réflexif : chacun apprend à l’autre, chacun aussi apprend l’autre. C’est beau, c’est tellement beau, malgré les noirceurs de leurs récits.
Même si le protagoniste principal – celui qui donne son titre à ce roman – est Frédéric, que j’ai trouvé attachant au point de vouloir le serrer dans mes bras, j’ai surtout eu un faible pour François. Quelle gentillesse, quelle constance, persévérance, constance. Quelle force des sentiments et des convictions, quel courage. Un homme avec un trop-plein d’amour qui n’attendait que la bonne personne pour se déverser, non pas en torrent, d’un seul coup, mais en rivière salvatrice, purifiante, curative même.
Allez, il faut que je me freine, sinon, je vais encore écrire des pages et des pages. Notons enfin que tout le livre vibre et grésille d’érotisme (un des sujets principaux est, après tout, comment aimer son corps, comment faire aimer son corps à quelqu’un d’autre). Il s’agit de scènes d’apprentissage, d’apprivoisement, et loin de toute pornographie vulgaire et tape-à-l’œil, on a là la preuve que l’érotique peut être raconté avec discrétion, subtilité, sublimation même. En résumé, vous l’aurez compris, c’est un magnifique roman, un de ceux que l’on n’oublie pas de si vite. Une histoire qui aurait pu être sombre, pesante, plombante, mais qui s’avère être tout le contraire : lumineuse dans son espoir, stellaire dans son amour, réconfortante dans sa force tranquille (désolé de reprendre ce slogan politique) et patiente. Un roman que je recommande vivement.
Infos
Auteur : Dominique Faure
Titre : Frédéric – instants de grâce
Publié par : Éditions Ex Aequo
Publié le : 30 octobre 2021
Genre(s) : Romance
Pages : 356
Disponible en : Ebook & broché
Lu par : ParisDude
Sensualité : 3 flammes sur 5
Note
5 étoiles sur 5
Où acheter
Sur l’auteur
Dominique Faure aime porter un prénom qui mêle les genres. Un Doctorat-ès-lettres témoigne de son goût pour l’écriture. L’enregistrement de sa voix, prêtée à ses personnages (audiobooks), la musique, le pastel animalier et la création de logiciels pédagogiques non scolaires contribuent à embellir sa vie.
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Le commentaire enthousiaste de Dieter à propos de ce roman, à sa parution, m’avait incité à le lire. Depuis lors est paru un deuxième volet, intitulé « Frédéric – Un amour infini », et avant de le découvrir, j’ai souhaité relire « Instants de grâce » qui m’avait laissé, je me permets de l’avouer, des impressions mitigées.
Tout d’abord, il faut saluer l’intention de l’auteur.e, Dominique Faure, de dédier ce premier tome à tous les jeunes gens, quel que soit leur genre, ayant été victimes d’un viol. Pour elles, pour eux, ce roman trace un chemin d’espérance. Le personnage principal, Frédéric, a été victime d’une agression sexuelle sauvage à la fin de son adolescence, et cet événement a été la matrice psychologique de sa vie douloureuse. A plus de trente ans, Frédéric est un pianiste de renom mais un être en grande souffrance, qui va avoir la chance de sa vie de se relever en rencontrant François.
François est le narrateur et aussi l’amoureux éperdu de Frédéric qui le fascine par son charme androgyne, presque préraphaélite, et sa fragilité intérieure. François va envelopper Frédéric de tendresse, de délicatesse, d’une sorte de douceur ouatée, enveloppante, parfois chichiteuse. Dans cet univers tout de raffinement, François propose à Frédéric sa passion inconditionnelle, sous la forme d’une sorte de bulle protectrice dont a besoin Frédéric. Ce raffinement, on le retrouve de façon quasi permanente dans le vécu des deux protagonistes, une sorte de simplicité chic : leur nourriture (ah ! les poissons fins en papillote accompagnés de Sauternes ou de Bourgogne aligoté !), leurs vêtements invariablement « classe », la musique qui les transporte, etc. Leurs moments intimes évoquent la sensualité de libellules ou d’elfes, toujours très élégants en toutes circonstances.
Evidemment, toute cette douceur parfois lénifiante s’oppose à la violence qui a marqué Frédéric (qui a connu, intérieurement, maints soubresauts violents). Dans un tempo lent, trop lent, le livre interroge très souvent le rapport douceur / violence. Les descriptions de détails physiques, des vêtements, m’ont paru extrêmement longues et fastidieuses (cf. des chapitres comme la caresse avec la plume, ou celui où Frédéric se dévêt). Il en est de même de nombreux passages relatant les expériences physiques, sexuelles, des deux personnages, dans lesquels l’auteur.e, à l’instar d’un entomologiste, scrute comme au ralenti, avec force adjectifs qualificatifs, les moindres détails des gestes, caresses et sensations de ses deux charmantes libellules … dont on a envie de préserver l’intimité en fermant délicatement (cela va de soi) la porte de leur chambre.
Fort heureusement, des chapitres plus narratifs suscitent bien davantage l’intérêt : les récits de l’enfance de Frédéric, le lumineux personnage de sa maman, l’approche psychologique du sombre personnage de Pablo, l’enquête menée par François sur le passé de Frédéric et ses tortionnaires … Ce sont ces passages-là qui, me semble-t-il, donnent du relief au récit, contrairement aux épisodes de sensualité dans lesquels le lecteur court le risque de sombrer dans une douce torpeur.
Dans « Frédéric – Un amour infini », il sera intéressant de découvrir si Dominique Faure poursuit dans la même veine. Une curiosité enfin : il est brièvement question, dans ce premier volume, de deux personnages prénommés Michael et Stuart. On les retrouvera au centre d’un autre roman, signé Michka et présenté sur « Livres gay » par Dieter également, roman aussi chic que chaud intitulé « Fragments de nos vies ». Il se trouve que les personnages de Frédéric et François apparaissent à leur tour dans le livre de Michka, et les points de convergence entre les univers de Dominique Faure et de Michka sont troublants (à tel point que je me suis demandé si l’auteur des deux livres n’était pas le même !).
Bilan purement subjectif après ces deux lectures : un univers tendre et ouaté dont le côté douillet peut finir par agacer, mais aussi un sens évident du style et de la construction d’un roman. Désolé de ne pas être plus positif !