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Dream Canyon (de ParisDude)

Synopsis

Un soir de pluie, au hasard des rues du onzième arrondissement de Paris, Léo obéit à ses pulsions et découvre une étrange arrière-cour festive qui porte le nom d’éternel retour. Dans un dédale de vieux couloirs et sous l’influence d’une boisson dont il ignore la composition, on lui fait prendre conscience dans ses lieux d’un nouveau potentiel, on lui confie une mission dont il ignore le sens, et on le force à quitter les quatre murs de son studio parisien. Dans l’esprit des contes philosophiques de Voltaire, de l’érotisme souvent improvisé du marquis de Sade, des trances psychédéliques des communautés hippies qui survivent en marge des sociétés, ainsi que de secrets historiques autour de l’ordre controversé des Jésuites, cette flânerie planétaire entraînera Léo à la rencontre d’insolites territoires et d’énigmatiques personnages. Dans cette aventure tout autant intellectuelle que sexuelle, il ne lui restera plus qu’à déchiffrer les codes et les rapports qui unissent tous ces électrons libres…

Frédéric Conrod est professeur de littérature comparée à l’Université de Floride Atlantique (FAU) où il enseigne la littérature du 17e et 18e siècle depuis 2009. Il a consacré ses études et sa carrière académique à la recherche de correspondances entre l’ordre des jésuites et des écrivains rebelles éduqués dans cette tradition, notamment Pierre Corneille, Voltaire et le marquis de Sade. Expert en grands voyages de missionnaires européens ainsi qu’en psychologie culturelle, il nous offre ici son cinquième ouvrage sur les conséquences souvent traumatiques qu’auront ces périples sur la littérature et les arts en Europe.

Notre avis

Un roman sur un voyage initiatique, philosophique, spirituel, avec des découvertes sexuelles… le programme que ce roman annonçait était alléchant. On y suit le parcours quelque peu méandrique de Léo, jeune étudiant en philosophie à Paris. Un soir, pris d’une soudaine envie de se promener le long du canal Saint-Martin dans l’espoir de peut-être trouver un.e partenaire sexuel.le (il a l’esprit large dans ce domaine), il se fait entraîner dans une espèce de boui-boui. Là, à sa surprise, il tombe sur son prof de fac, Rodriguez, le même qu’il a vu en amphi quelques heures plus tôt. Rodriguez lui révèle qu’il a été choisi par une société secrète qui pourfend la libération des êtres, sans contrainte, sans allégeance politique, basée sur le volontariat et la cooptation.

Le jeune homme se laisse convaincre de partir sans tarder vers l’inconnu, au gré de ses propres envies. Un voyage initiatique aux frais de la princesse car la société sus-mentionnée lui offre une carte de paiement au plafond illimité. Léo se souvient d’un endroit qu’il a déjà visité dans le temps, une commune cachée non loin d’Almería, en Andalousie. Il s’y rend en train (conscience écologique et refus du sur-plus de technologie obligent), où il passe une nuit particulière. S’ensuivent des courts séjours à Tanger, Cadiz, Miami, puis dans le fin fond du Colorado, avec à la clé des rencontres tantôt réconfortante (il tombe plusieurs fois sur sa tante, avec qui il s’entend bien), tantôt fascinante, tantôt intrigante (un jeune étudiant portugais, lui aussi inscrit en philosophie, devient son fidèle compagnon de route à mi-chemin).

À vrai dire, une fois que j’ai refermé le livre, j’ai dû constater que je ne savais pas trop quoi en penser. Me retrouver au milieu de débats philosophiques menés tambour battant, dans un livre, ne me fait pas peur – La Montagne magique a été mon livre de chevet quand j’étais ado, et pareil pour Le Nom de la rose, version roman, qui m’a énormément plu. Mais je pense que je m’attendais à davantage de vrais débats, comme dans les deux livres que je viens de citer, non pas à des monologues (même quand il y a deux personnages qui parlent, ça peut parfois s’apparenter à un monologue) où j’avais l’impression que a) quelqu’un voulait étaler sa science, et b) souhaitait par la même occasion me convaincre du bien-fondé de ses idées. Lesquelles, je crains, sont restées quelque peu floues pour moi. Où est-ce que cette société secrète voulait en venir, au fond ? Où est-ce que tous les guides que les protagonistes rencontrent au cours de leur périple veulent en venir ? Bref, où est-ce que ce roman veut-on venir ? Quel est son message, sa moelle substantielle, son sens, son (oserai-je le dire ?) programme ?

Oui, certains passages se lisaient facilement. Ils étaient fluides, démontrant un certain détachement et un excellent sens du détail (la scène de sexe aux Tuileries, l’escapade en voiture depuis Tanger, la découverte d’un Eden subtropical à Miami). Mais décidément, les deux ex machina, dans un roman, je ne les aime pas – ces personnages qui apparaissent du néant, à un moment donné, avec toute leur histoire racontée rapidement pour qu’on comprenne ce qu’il font là, et tout ça uniquement parce que l’auteur.e juge utile qu’ils portent le récit et le dirigent dans une direction voulue. On peut amener de nouveaux personnages de plusieurs façons subtiles, mais le côté « Plouf-plouf, ah, chouette, voici ma tante, nullement mentionnée avant, mais que j’aime beaucoup et qui patati-patata… », argh, ça me crispe.

Autre chose qui me crispe, surtout quand il y en a à la pelle, ce sont les répétitions. Quand je lis le même mot trois fois de suite dans une seule phrase, je lève les yeux au ciel et gémis : « Et un thésaurus ou autre dictionnaire de synonymes, bon sang, pourquoi pas l’utiliser ? » Encore une chose qui me crispe, et qui fait à coup sûr dégringoler les étoiles que j’attribue, a, elle aussi, trait aux dicos. Je parle des fautes. Des (beaucoup, beaucoup trop) nombreuses fautes. De grammaire. D’orthographe. De lexique. Il y en avait tellement que je ne les ai même pas comptées et qu’à la fin, je finissais, autant que faire se peut, d’en faire abstraction.

En somme, ce livre, s’il peut trouver son public une fois qu’il aura été relu et corrigé comme il se doit (surtout pour le prix auquel il est vendu même en format ebook), n’était sans doute pas pour moi. J’en suis désolé.

Infos

Auteur : Frédéric Conrod
Titre : Dream Canyon
Publié par : Éditions les trois colonnes
Publié le : 1er décembre 2020
Genre(s) : Initiation, sens de la vie, philosophie
Pages : 257
Disponible en : Ebook & broché
Lu par : ParisDude
Sensualité : 1 flamme sur 5

Note

2 étoiles sur 5

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