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The Shards (de ParisDude)

Synopsis

NEW YORK TIMES BEST SELLER • A novel of sensational literary and psychological suspense from the best-selling author of Less Than Zero and American Psycho that tracks a group of privileged high school friends in a vibrantly fictionalized 1980s Los Angeles as a serial killer strikes across the city

“A thrilling page turner from Ellis, who revisits the world that made him a literary star with a stylish scary new story that doesn’t disappoint.” –Town & Country

Bret Easton Ellis’s masterful new novel is a story about the end of innocence, and the perilous passage from adolescence into adulthood, set in a vibrantly fictionalized Los Angeles in 1981 as a serial killer begins targeting teenagers throughout the city.

Seventeen-year-old Bret is a senior at the exclusive Buckley prep school when a new student arrives with a mysterious past. Robert Mallory is bright, handsome, charismatic, and shielding a secret from Bret and his friends even as he becomes a part of their tightly knit circle. Bret’s obsession with Mallory is equaled only by his increasingly unsettling preoccupation with the Trawler, a serial killer on the loose who seems to be drawing ever closer to Bret and his friends, taunting them—and Bret in particular—with grotesque threats and horrific, sharply local acts of violence. The coincidences are uncanny, but they are also filtered through the imagination of a teenager whose gifts for constructing narrative from the filaments of his own life are about to make him one of the most explosive literary sensations of his generation. Can he trust his friends—or his own mind—to make sense of the danger they appear to be in? Thwarted by the world and by his own innate desires, buffeted by unhealthy fixations, he spirals into paranoia and isolation as the relationship between the Trawler and Robert Mallory hurtles inexorably toward a collision. 

Set against the intensely vivid and nostalgic backdrop of pre-Less Than ZeroL.A., The Shards is a mesmerizing fusing of fact and fiction, the real and the imagined, that brilliantly explores the emotional fabric of Bret’s life at seventeen—sex and jealousy, obsession and murderous rage. Gripping, sly, suspenseful, deeply haunting, and often darkly funny, The Shards is Ellis at his inimitable best.

Le roman a déjà été publié, en version française, sour le titre Les Éclats (voir infos plus bas).

Notre avis

L’une des sauces les plus faciles à préparer, dit-on, est la sauce vinaigrette. Comme vous le savez, il s’agit d’un simple mélange de moutarde, de vinaigre et d’huile d’olive. Elle est facile, en effet, si vous la préparez comme beaucoup de gens : ils versent les trois ingrédients dans un bol, remuent vaguement, et voilà. Le résultat est… bof. Comestible. Pas top. Moi, je ne la fais pas comme ça. Appelez-moi perfectionniste, mais j’essaie toujours de faire en sorte que tout se combine uniformément. Je commence par la moutarde et le vinaigre, que je mélange, puis j’ajoute lentement l’huile, et je touille, touille, touille, jusqu’à ce que la sauce prenne. Ma sauce s’amalgame à la perfection. On ne peut plus distinguer les différents ingrédients ; on obtient une mixtion bien lisse.

La sauce prend… j’ai pensé à cette expression quand j’ai lu le dernier roman de Bret Easton Ellis, paru en janvier dernier. Au début (qui m’a paru long, très long), j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Une surprise à laquelle je ne m’attendais pas du tout, moi qui n’ai de cesse d’encenser les autres romans d’Ellis – je ne saurais dire combien de fois j’ai lu et relu Less Than Zero (Moins que zéro, 1986 pour la VF), The Rules of Attraction (Les Lois de l’attraction, 1988 pour la VF), American Psycho (1992 pour la VF) et surtout Glamorama (2000 pour la VF). Mais cette fois-ci, je suis tombé sur bon nombre de choses qui m’ont agacé, déçu, déconcerté. Sur plus d’un tiers du roman, je n’ai pu me résoudre à m’intéresser aux personnages ni à ce qui leur arrivait. Je n’ai pas aimé le narrateur, qui raconte l’histoire à la première personne et qui m’est apparu comme un enfant gâté, égocentrique et légèrement prisonnier de son délire. Surtout, j’ai eu l’impression d’être tenu à l’écart de l’histoire, comme si les mots cachaient l’intrigue. Mais peu à peu, l’auteur a touillé, touillé, touillé, avec ses phrases sinueuses, tantôt coulantes en longs fleuves, tantôt haletantes, tout en boucles, en répétitions. Et je l’ai senti : la sauce prend. Pendant la deuxième moitié du livre, j’étais dans le jeu, je ressentais tout, je m’impliquais, je croyais même que l’histoire était vraie – idée erronée, par ailleurs, qui ne s’est avérée fausse que lorsque j’ai fini par lire l’avertissement à la toute fin du livre qui m’informait qu’il n’en était rien.

L’intrigue se déroule en 1981. C’est l’histoire de Bret, un jeune homme de dix-sept ans, riche, ennuyé et blasé. Il vit à Los Angeles, dans une immense villa sans âme sur Mulholland Drive. Ce qu’il fait de ses journées, c’est aller à l’école privée et huppée nommée Buckley à Sherman Oaks (dans sa voiture de marque allemande dernier cri, bien entendu), rêver de devenir écrivain (il croit qu’il en est un, pour être plus précis) et traîner avec les autres gosses de sa classe de terminale, tous tout aussi riches et gâtés. Parmi eux, nommons : sa petite amie Debbie ; ses meilleurs amis (la distante Susan et le beau gosse du football, Thom, les deux pouvant jouer le rôle de couple vedette de n’importe quelle série télévisée sur des lycéens) ; le séduisant Ryan aux intentions secrètes ; et Matt, le sempiternellement perché, qui constitue le petit secret de Bret. Quel est donc ce secret ? Eh bien, le narrateur, dont le lecteur est amené à croire qu’il s’agit de l’auteur lui-même, est plus attiré par les garçons que par sa petite amie un peu collante, qu’il ne fréquente que parce qu’elle s’intègre dans sa narration de vie. Bien sûr, Bret a un béguin non réciproque et non avoué pour Thom ; et bien sûr, Matt étant un paria quelque peu simplet et volontaire, ils se rencontrent fréquemment dans le repaire discret de Matt pour faire l’amour.

Puis un nouveau venu rejoint Buckley. Robert. Un autre gosse de riches, plus beau que nature. Bret pense l’avoir déjà vu, mais Robert le nie. Est-ce qu’il ment ? Pourquoi dégage-t-il un truc si déconcertant… en tout cas aux yeux de Bret ? Que cache-t-il ? Alors que les autres jeunes accueillent le nouveau avec bienveillance et tentent de lui faciliter l’intégration, Bret commence à être obsédé non seulement par l’étrange Robert, mais aussi par un meurtrier en série qui se fait appeler The Trawler et qui a déjà enlevé, torturé, puis tué trois lycéennes (sans que personne dans l’entourage de Bret ne semble s’en émouvoir). Alors que les questions se multiplient, Bret se retrouve aspiré dans un dangereux maelström qui changera sa vie à jamais…

Bret Easton Ellis reprend les mêmes ingrédients qui ont fait sa renommée et sa gloire. Une bande de personnages fortunés qui croient que tout leur est dû, des paumés dont le principal objectif dans la vie est de s’intégrer dans les rôles pré-écrits qu’ils sont censés occuper. Ils sont tous montrés comme des individus plutôt insensibles, sans émotion, sans compassion. Lorsqu’ils sont en couple, ils se contentent de suivre le cours des choses. Ce sont des acteurs, même s’ils ne sont pas très doués. Ils ne sont pas antipathiques, mais engourdis, avec une attitude qui signifie soit « Et alors ? », soit « Peu importe ». Tout ce qui sort de leur cercle confiné, presque claustrophobe, devient inexistant pour eux. La politique, les classes sociales, les privilèges, les questions raciales, la pauvreté – ils ne les voient pas et, par conséquent, ces choses disparaissent complètement de leur monde. Ils roulent dans des voitures de luxe (BMW, Mercedes, Porsche, Jaguar), ils portent des vêtements de marque, ils vont au cinéma plusieurs fois par semaine, ils interagissent poliment mais sans intérêt avec leur personnel de maison, ils montent à cheval, ils organisent des fêtes (ou y participent), ils fument des cigarettes au goût de clou de girofle, ils boivent des margaritas, ils se défoncent (herbe, cocaïne, beaucoup de médicaments sur ordonnance, tout ce qu’il faut pour tenir la réalité à distance). Ils sont jeunes, avec un avenir brillant et sans nuages devant eux, et complètement livrés à eux-mêmes (si vous voulez voir des parents responsables, voire des adultes responsables tout court, lisez un autre livre parce qu’ils sont complètement absents de celui-ci – sur toute la durée du roman, dont l’histoire s’étend sur plusieurs mois, les parents de Bret, par exemple, sont absents de leur maison).

Bret fait partie de ce groupe spécifique, et pourtant, il sait qu’il n’y a pas vraiment sa place. Il sait qu’il est différent. Tout d’abord, il est homosexuel (il ne le dit pas vraiment parce qu’il doit penser à son avenir professionnel). De plus, lui, il réfléchit (et réfléchit trop). Il remarque les choses (« en tant qu’écrivain », dirait-il). Il reconnaît qu’il joue la comédie, qu’il joue un rôle, et il semble être le seul à ne pas s’en satisfaire. Au fil du livre, je me suis demandé s’il ne délirait pas, car il me devenait difficile de décider si ce qu’il présentait comme vérité et réalité l’était vraiment (cette astuce m’a rappelé mon roman fétiche Glamorama) ou s’il flairait vraiment des choses nauséabondes. C’est peut-être ce qui m’a attiré à la fin, cette distorsion entre ce qui était montré, à travers les yeux et l’esprit de Bret, et ce qui était réel.

Mais au début, lorsque j’ai commencé à lire, je crains que je l’aie trouvé assez… ennuyeux (je n’aurais jamais pensé dire une telle chose à propos d’un roman d’Ellis). Ennuyeux et carrément chiant. Certaines manies m’ont donné envie de hurler – si je ne vois plus jamais le mot « narrative » (en français, récit ou narration), je ne me plaindrais pas ; et quel garçon de dix-sept ans est si sûr de lui qu’il se qualifie lui-même d’écrivain ? Je veux dire, en étant sérieux ? J’ai aussi trouvé la plupart des personnages un peu en demi-teinte, inaboutis, presque caricaturaux. Le narrateur ne cesse de se plaindre de choses apparemment sans importance, puis termine la plupart des chapitres par des prédictions anticipées (du genre « j’étais loin de me douter que ceci et cela arriverait », où l’on peut remplacer « ceci et cela » par quelque chose de sinistre). À chaque fois, je voulais juste sauter des passages entiers jusqu’à ce que je puisse découvrir de quoi il s’agit. Je me disais souvent : « Allez, viens-en au fait, mec. »

Et pourtant, Bret Easton Ellis étant l’un des écrivains que j’admire le plus, j’ai persévéré. Et, comme je l’ai dit au début, petit à petit, la sauce a commencé à prendre. Les choses ont commencé à avoir plus de sens, à se refermer sur moi, le lecteur, et à m’attirer. Je crois qu’il m’a fallu plus d’un mois, avec plusieurs interruptions, pour terminer la première moitié, et seulement deux soirées pour traverser la seconde en vitesse de TGV. Là, enfin, j’ai retrouvé les vestiges des raisons pour lesquelles j’aime cet auteur. Le suspense, les frissons, le fait de trembler avec un personnage, les peurs, les espoirs, les réflexions significatives. Cela ne m’a même pas dérangé que ce qui était magistralement montré dans les précédents romans d’Ellis soit parfois raconté dans celui-ci. En résumé, je recommande ce livre même s’il ne s’agit pas, comme l’indique la quatrième de couv, de « Ellis at his inimitable best ». C’était bien, je le relirai certainement, mais disons que si Glamorama mérite selon moi 7 étoiles sur 5, celui-ci ne dépasse pas les 4.

Infos (version anglaise)

Auteur : Bret Easton Ellis
Titre : The Shards
Publié par : Knopf / Vintage / Swift Press
Publié le : 17 janvier 2023
Genre(s) : Jeunesse, coming-out, suspense, littérature
Pages : 608
Disponible en : Ebook & Broché
Lu en VO : Anglais (US)
Lu par : ParisDude
Sensualité : 2 flammes sur 5

Infos (version française)

Auteur : Bret Easton Ellis
Titre : Les Éclats
Publié par : Robert Laffont
Publié le : 16 mars 2023
Pages : 616
Disponible en : Ebook & Broché

Note

4 étoiles sur 5

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La version originale en anglais de ce compte-rendu, sous une forme légèrement différente, a été publiée sur Rainbow Book Reviews.

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