Synopsis
The eclectic stories in this collection are bound by the threads of desire in its many forms, above all, the desire for love and a place of safety in a world where being Black and gay can thwart the fulfillment of that longing. The characters are complex, driven, difficult, and even, at times, unsympathetic, but always compelling. In other words: fully rounded human beings living complicated lives.
A proud Black woman who escaped her rural, impoverished town returns after the collapse of her marriage and faces the scorn of those she left behind. A middle-aged gay man finds his loneliness temporarily relieved by the arrival of a stray cat. An unhappily married woman becomes enmeshed in her bisexual husband’s attempt to create a ménage à trois with a much younger man. A 16-year-old boy discovers the power of his sexuality when he embarks upon a dangerous seduction. Two Black men, one mature and rich, the other young and struggling, are drawn into a contentious affair by their shared love of opera. The legendary blues singer Glady Bentley crashes up against the barriers of race and gender when she gets caught up in a police raid.
Kiss the Scars on the Back of My Neck is a masterful collection of stories by a gifted writer who has fully hit his stride.
Notre avis
Comme ça ! Je répète : comme ça ! Absolument. C’est comme ça que l’on écrit des nouvelles. Chacune arrondie et ancrée en elle-même, avec une belle économie de temps et d’espace, chacune déployant presque avec parcimonie juste les scènes nécessaires, chacune avec une intensité brute palpitant de l’intérieur, chacune écrite d’une prose simple qui, la plupart des auteurs en conviendront sûrement, est la plus difficile à atteindre. Ce recueil, que j’avais sollicité puis ouvert sans aucune attente précise car je ne connaissais pas encore l’auteur, est immédiatement entré dans la liste de mes cinq livres préférés de tous les temps, et je vous invite à vous en procurer un exemplaire . Si j’avais eu besoin d’un argument supplémentaire, ce qui m’a positivement captivé à la fin et que je n’avais pas vu venir, c’était le détail – très astucieux – de ce que certaines de ces histoires, une fois assemblées, ont créé un arc presque romanesque où les différentes nouvelles et les personnages ont fini par s’imbriquer dans la dernière et plus longue histoire qui a donné son nom à tout le recueil.
Bien qu’il me semble toujours difficile de donner un résumé succinct pour un recueil de nouvelles, ici de nombreux personnages principaux apparaissent dans plusieurs histoires. Je vais donc commencer par Justene Crane, une jeune femme noire. Dans Picnic Street, elle vient tout juste de quitter son mari, qui ne la désire plus, et est revenue du Michigan dans sa ville natale du Mississippi avec son fils de neuf ans, Paulie. Les deux vivant dans la maison de sa sœur, elle a du mal à joindre les deux bouts, ce qui lui semble d’autant plus préoccupant qu’elle est à nouveau enceinte – et pas du père de son premier fils. Paulie revient en personnage principal dans la troisième histoire, Paulie, qui montre entre autres son éveil artistique et sexuel. Dans la cinquième histoire, The Girls’ Table, le lecteur rencontre le jeune Cédric, qui grandit dans le Queens. C’est un jeune noir maigre et sans amis qui se fait souvent harceler par les autres garçons parce qu’ils sentent sa différence. Ces deux personnages sont rassemblés dans la dernière histoire, où Paulie s’avère être devenu un peintre aisé et renommé tandis que le bisexuel Cédric a du mal à faire fonctionner sa relation avec sa petite amie. Après la rencontre des deux hommes au Metropolitan Opera (du moins je suppose que c’est le Met), une histoire d’amour à la Pygmalion commence, et ses hauts et ses bas donnent au lecteur un aperçu plus approfondi des deux personnages. En dehors de ceux-ci, il y a cinq autres nouvelles tout aussi excellentes et originales.
Ce que j’attends d’une nouvelle, ce que j’espère qu’elle me donnera, c’est qu’elle me plonge dans la situation exceptionnelle que vit quelqu’un et me la fait vivre de l’intérieur. Okonkwo a fait un formidable « travail » ici parce que c’est exactement ce que j’ai eu. Lorsqu’une nouvelle est mal racontée ou mal construite, j’ai toujours la sensation lancinante soit qu’il devrait y en avoir davantage (ce qui veut dire que le contenu aurait dû être traité sous forme de roman) ou beaucoup moins (c’est-à-dire que l’histoire n’a pas été dépouillé de ses parties inutiles jusqu’à la moelle, soulignant ainsi le caractère poignant de la situation qui est montrée). Écrire des nouvelles efficaces est peut-être la chose la plus difficile qu’un auteur puisse tenter (à part un bon poème, bien sûr) précisément parce qu’il y a ces règles, ces lois qu’on est censé respecter ; je les ai déjà mentionnés : une situation avec une sorte de point culminant étant la partie centrale, plus une économie de personnages, de scènes, de temps et d’espace. Quand on traîne trop en amont et en aval, pour ainsi dire, quand on se plonge trop profondément dans le caractère du personnage central ou, au contraire, reste trop à la surface, quand enfin on n’arrive pas à éviter une verbosité baroque, on obtient un résultat peu satisfaisant.
Joe Okonkwo a trouvé l’équilibre parfait de tous ces ingrédients pour me faire profiter pleinement de chaque histoire. Cela en soi est très rare aussi – assez souvent, dans un recueil de nouvelles, j’aime peut-être la moitié d’entre elles, trouvant le reste juste correct, voire bof. Mais ici, les neuf parties, si elles ne forment pas un tout comme le ferait un roman, ont quelque chose en commun, outre l’excellente plume : notre condition humaine, l’effort qu’il nous faut pour être nous-mêmes, la dichotomie entre notre être et les attentes de la société. La plupart des histoires évoluent autour de personnages noirs – l’une d’entre elles est même racontée dans le dialecte ou jargon (je ne suis pas un linguiste donc je ne saurais vous dire comment l’appeler) que parlent de nombreux Noirs américains. Attention, je ne dis pas ça de manière dédaigneuse ou raciste – j’ai grandi en parlant l’un des innombrables dialectes autrichiens, n’ai appris l’allemand « écrit » qu’à l’école, et je suis très fier de ses racines, alors pour moi un « dialect » ou « jargon » n’a rien de péjoratif. En tout cas, ce détail a rendu l’histoire d’autant plus poignante à mes yeux. Ce que j’ai vraiment apprécié, c’est que l’auteur m’a permis de me glisser dans la vie de tous ces personnages et de m’identifier à eux malgré certaines expériences que je n’ai pas eues et que je n’aurai probablement jamais (je ne serai jamais noir, je ne serai jamais une femme, je ne serai jamais lesbienne) parce qu’il a réussi à les faire ressortir comme des expériences universelles.
J’ai vraiment aimé le style et la voix directe de Joe Okonkwo. Je vais certainement me procurer ses autres publications, à savoir son premier roman ainsi que le recueil de nouvelles gays qu’il a édité en 2017.
Infos
Titre : Kiss the Scars on the Back of My Neck: Stories
Auteur : Joe Okonkwo
Éditeur : Bywater Books
Date de parution : 10 août 2021
Genre(s) : Nouvelles, littérature
Pages : 220
Lu par : ParisDude
Lu en VO : Anglais (américain)
Sensualité : 2 flammes sur 5
Note
5 étoiles sur 5
Où acheter
Un exemplaire gratuit de Kiss the Scars on the Back of My Neck nous a été fourni par l’éditeur en VO, en échange d’une critique sincère. Cette fiche de lecture a été publiée en anglais sur le site Rainbow Book Reviews.
Partager :
- Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Reddit(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Pinterest(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
- Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre)