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Nouveaux horizons (de ParisDude)

Synopsis

L’un se considère comme inadapté alors que l’autre est dans le déni depuis trop longtemps. Chacun à ses blessures du passé, ses propres démons à combattre. 

Le temps est venu de prendre un nouveau départ vers de nouveaux horizons. 

Bouclez votre ceinture et partez à la découverte d’un flamant rose rouge carmin qui ne trouve pas forcément sa place parmi ses semblables et d’un lion ; qui, derrière sa majestueuse apparence cache ses fêlures et ses fragilités. 

Soyez le témoin d’une rencontre aussi inattendue que bouleversante entre un hypersensible borderline et un père célibataire en plein deuil. 

Notons que cette romance est un spin off de Once Upon A Time qui peut être lu indépendamment.

Notre avis

Emy, une auteure que non seulement j’ai déjà pu découvrir à travers deux romans, mais que j’ai aussi rencontrée personnellement lors de la remise du Prix du roman gay 2021, m’a gentiment fait parvenir ses deux romans les plus récents, les deux tournant, peu ou prou, autour du thème de l’homoparentalité. Bien que, personnellement, je n’aie jamais ressenti ce qu’un de mes amis appelait « le blues de la poussette » (c’est-à-dire le besoin d’être père), le sujet m’intéresse, bien entendu, et je me faisais toute une joie d’entamer la lecture de ces deux livres, dont l’un est le spin-off (ou prequel) du deuxième. Emy m’a indiqué l’ordre chronologique de parution, que j’ai aussitôt oublié (typique) ; j’avais donc une chance sur deux de commencer par le « bon » roman…

Bien sûr, cette chance ne m’a pas souri, et j’ai donc lu le deuxième livre en premier (ce n’est pas bien grave, me direz-vous ; les deux sont certes liés, mais peuvent être lus séparément, sans que l’on se perde dans l’intrigue). Alors, ici, on découvre en alternance les histoires de Glenn, Londonien avec un historique douloureux, et Hervé, lui aussi avec un bon paquet de blessures plus ou moins cicatrisées. Pour Glenn, c’est d’abord un trauma survenu dans son enfance : sa mère, souffrant d’un cancer, risquait de mourir, et il a donc passé plusieurs années auprès de ses grands-parents en Provence. Puis, retour en Angleterre, première longue relation, plutôt toxique celle-là et qui se termine mal, mal, mal. Descente en enfer. Le grand-père si aimé se meurt. S’y ajoutent des problèmes au travail, et boum, un jour, Glenn envoie tout balader et retourne vivre dans la maison provençale qu’il vient d’hériter.

Pour Hervé, tout semble aller pour le mieux. Un compagnon tout ce qu’il y a de plus parfait, une fille adoptive qui comble les deux de bonheurs, des amis géniaux pour les entourer… Et là, son mec déclare un cancer et en décède. Pour le bien de sa fille, Hervé tente de faire bonne figure, de ne rien laisser apparaître, d’enfouir au plus profond de soi la douleur immense qui le transperce et qui ne s’amenuise pas. Comment vivre quand on a du mal à survivre sans cette âme sœur qui, s’il y avait un peu de justice dans ce bas monde, devrait toujours être là, à ses côtés ? Comment faire le deuil quand on s’interdit de commencer ce long travail ? Mais ce travail, il faut l’entamer, fût-ce au bout de dix ans, car Hervé se rend compte enfin que non seulement, son propre bonheur en dépend, mais aussi celui de sa fille, qu’il aime plus que tout. Et là, son chemin croise celui de Glenn, et un nouveau chapitre pourrait peut-être s’ouvrir pour ces deux hommes meurtris…

D’accord, le sujet principal de ce roman n’est pas l’homoparentalité, comme j’avais cru (ce sera donc pour l’autre roman qu’Emy m’a envoyé). Aucun souci pour moi, de toute façon. J’aime beaucoup les belles romances ; les personnages au passé douloureux ne me font pas peur ; et si leur rencontre fait éclater de belles étincelles, me fait passer par des hauts et des bas émotionnels, eh bien, tant mieux. Or, je suis navré d’admettre que, malgré une intrigue plutôt captivante, bien amenée et bien construite avec une fin pas téléphonée ni cul-cul-la-praline, quelque chose m’a manqué pour que je puisse me déclarer conquis. J’avais parfois l’impression que c’était l’auteure qui montrait le chemin à prendre aux protagonistes et non ces derniers qui, par leurs vécus, leurs voix et leurs caractères, obligeaient la première à suivre, dans son écriture, leurs histoires.

Belle intrigue, en somme, mais dont l’exécution m’a laissé sur ma faim. Je vais tenter d’expliquer pourquoi.

Tout d’abord, au lieu de me montrer les plaies, les douleurs, les cicatrices toujours suppurantes des personnages, elle me les a racontées. Il y a une grande différence entre ces deux méthodes ; on peut raconter que quelqu’un est triste, ou on peut montrer, faire vivre et partager cette émotion par une scène, des descriptions, pourquoi pas des échanges. Il me manquait donc cette approche plus directe, plus personnelle qui m’aurait sans doute permis de me glisser dans la peau et de Glenn et d’Hervé. De même, les dialogues avaient un goût d’« écrit », non pas de « parlé ». Ils étaient parfois touchants, mais de par l’inauthenticité du ton, manquaient de me toucher vraiment en profondeur.

Ce qui m’a gêné aussi, c’étaient les (trop) nombreuses fautes, et qui n’étaient pas forcément de simples et pardonnables fautes de frappe (j’ai retenu ce « trait mollo » dans la voix au lieu de « trémolo », pour ne citer qu’un exemple). Et, encore plus gênant, était l’emploi intempestif, je dirais presque abusif du plus-que-parfait. C’est un temps avec lequel je n’ai aucun problème ; malgré son côté un peu lourd, il a sa raison d’être, sa justification, sa bonne place dans n’importe quel écrit, du moment qu’il est utilisé à bon escient. Je peux dire la même chose pour le passé simple ; contrairement à beaucoup de lectrices et de lecteurs d’aujourd’hui qui s’en plaignent (hélas), je l’aime autant que le présent pour narrer et lire une histoire. Or, quand on choisit le passé simple, l’utilisation l’est tout autant, c’est-à-dire simple. Un personnage fit A, puis arriva B, puis se passa C, ensuite l’on fit D, et ainsi de suite. Je n’ai pas compris le choix d’écrire 80% des actions au plus-que-parfait, du genre un personnage fit A, puis était arrivé B, puis s’était passé C, ensuite l’on avait fait D, sans que ces trois dernières actions aient une antériorité par rapport à la première. Ça n’a pas de sens, grammaticalement, et je soupçonne l’usage trop fréquent de ce temps d’être à l’origine du sentiment de distance émotionnelle avec les protagonistes et leurs actions, ressentis, etc. Normal – le plus-que-parfait, de par sa définition, est un temps qui situe les choses à une certaine distance (antérieure, comme mentionné).

Dommage, car avec une bonne bêta-lecture (et un remaniement de certaines scènes) pour pallier les passages « racontés » et avec une relecture en profondeur pour venir à bout des erreurs, ce livre aurait pu se glisser dans mes lectures favorites, je pense. Le sujet reste intéressant, Emy a de la sensibilité, de la gentillesse, de l’empathie à revendre, elle aborde souvent des histoires difficiles et en fait des manifestes pour l’amour et la tolérance. Je suis donc d’autant plus affligé de ne pas pouvoir donner plus d’étoiles. À voir si je pourrai me rattraper avec le deuxième roman fourni…

Infos

Auteur : Emy Bloom
Titre : 
Nouveaux horizons
Publié par : 
Auto-édité
Publié le : 
9 mai 2022
Genre(s) : 
Romance
Pages : 
248
Disponible en : Ebook & Broché
Lu par : 
ParisDude
Sensualité : 2 flammes sur 5

Note

3 étoiles sur 5

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