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Le Journal d’Uzbek (de ParisDude)

Synopsis

Un vieux Persan explore avec stupeur et bonne humeur certains us et coutumes… Et aussi les replis de son cœur. Reprenant l’argument de Montesquieu, Michel Bellin a décidé de rouvrir son blog au printemps 2022 pour y mettre en ligne un billet quotidien. Son défi : des textes brefs, mordants, parfois tendres, impertinents voire libertaires. Bref, cet ouvrage atypique est le florilège de quelques miniatures ciselées et illustrées par l’auteur de « J’ai aimé – Confidences d’un curé libéré ».

 

Notre avis

J’avoue, je n’ai pas lu des tonnes de livres de ce que l’on appelle communément la « littérature classique française ». En fait, mis à part Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (un de mes livres préférés) et quelques ouvrages du marquis de Sade, le seul que j’aie lu est Lettres Persanes de Montesquieu, que j’ai adoré. Or, on se souvient que l’un des personnages fictifs de ce roman épistolaire est un certain Uzbek, grand seigneur persan qui part de son Ispahan natif pour entreprendre un voyage à Paris, racontant dans ses lettres son périple et les mœurs étranges qu’il trouve sur place.

Michel Bellin, dont j’ai déjà présenté un recueil de poésie sur ce site, s’est glissé dans la peau de ce personnage sur le blog qu’il cultive sur son site d’auteur en écrivant de nombreux billets, dont certains ont été publié dans le recueil que je vous présente aujourd’hui : Le Journal d’Uzbek. Il s’agit d’une collection de vignettes, de courts textes, guère plus longs qu’une demi-page, dans lesquels l’auteur traite avec humeur et humour les aléas de la vie contemporaine, qui dans un cadre strictement personnel, qui dans une perspective plus vaste, plus générale. Notez que j’aime bien ce vocable de « vignette » (que l’auteur n’utilise pas, il est donc de mon propre fait), qui, étyomologiquement parlant, est dérivé de la vigne car, à l’origine, il désignait des ornements justement de plantes et de vignes. Pour moi, en littérature, une vignette, c’est un petit texte tellement court que l’on pourrait le caser sur une feuille de vigne (vous voyez l’image ?).

Difficile, voire impossible, de vous donner un résumé de ce livre précieux, que Michel a eu la bonté de me faire parvenir par courrier, les différents sujets abordés étant trop épars et trop divers. Sur l’échelle temporelle, les billets couvrent la période du premier trimestre 2022, plus ou moins, et vont des élections présidentielles aux recettes de cuisine cocasses, pour ne pas dire coquines de M. Bellin (les espèces de cookies en forme de zboub, avec photo à l’appui, par exemple, m’ont bien fait glousser). J’ai retrouvé avec bonheur le penchant de l’auteur pour l’humour caustique, un brin mordant, toujours perspicace, jamais vulgaire, même quand il parle de vie sexuelle. Son passé de prêtre a laissé des traces indélébiles dans certains textes, ou il est question de spiritualité et de Pouet-Pouet (nom don il affuble son ancien Grand Boss Là-Haut, vous voyez ce que je veux dire). Il ne laisse aucune nouvelle, aucune contradiction de son Ex Supérieur passer, et pour moi, qui oscille entre athée et agnostique, ces passages se sont avérés non seulement succulents, mais aussi pleins de bon sens et de perspicacité.

Le livre se « consomme » tel un bonbon acidulé, petite page après petite page, et ce j’ai retrouvé partout, c’est le plaisir immodéré que l’auteur ressent à manipuler le verbe (c’est-à-dire, pas seulement les verbes, à littéralement parler, mais aussi les substantifs, adjectifs, adverbes, enfin, vous voyez où je veux en venir). Michel Bellin a le don de se délecter de l’écriture, il manie la langue française avec brio, et tellement j’ai ressenti son amour pour cette langue que ce fut, pour moi aussi, un plaisir. Je ne peux donc que recommander cet ouvrage, qui ne va probablement pas convenir à tout le monde, je le conçois. Des courses-poursuites, du suspense, une trame suivie, un « plot », comme disent les Anglais, vous n’en trouverez pas, ici. Mais si vous aimez bien être diverti.e en toute intélligence, en sentant que ce que vous lisez vous rend plus ouvert.e, plus instruit.e, en voyant votre horizon s’élargir pour accueillir la « bonne parole » d’un prêcheur lucide (souvent dans le désert), qui n’a de cesse de vous faire des clins d’œil car il ne faut jamais se prendre trop au sérieux, ce sera un livre pour vous, comme il l’a été pour moi.

Infos

Auteur : Michel Bellin
Titre : 
Le Journal d’Uzbek. Quelques billets illustrés
Publié par : 
Les Éditions du Net
Publié le : 
5 juillet 2022
Genre(s) : 
Vignettes
Pages : 
104
Disponible en : Broché
Lu par : 
ParisDude
Sensualité : 0 flammes sur 5

Note

5 étoiles sur 5

Où acheter

L’auteur

Michel Bellin est un écrivain prolifique dont le premier opus est paru en 1996 (J. L’Apostat, postface de J. Gaillot, Golias éditions). « Deviens qui tu es », telle pourrait être sa devise. Son itinéraire est en effet singulier : jeune prêtre contestataire, il quitte tôt les ordres, se marie, fonde une famille… assume à 50 ans une homosexualité décomplexée en laissant pour finir à Dieu – qu’il surnomme Pouet-Pouet – le bénéfice du doute. C’est ce parcours de vie qui nourrit l’écriture de cet auteur hors norme, à travers une trentaine d’ouvrages : livres traditionnels, ebooks et un premier livre audio en 2022 (Lulu). En filigrane, toujours le même défi quasi obsessionnel : réconcilier l’âme et le corps, la spiritualité et la sexualité, l’humour et l’amour. Bref, Theos et Éros assidûment invoqués et concélébrés !

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