Synopsis
La petite chambre que partage K. avec ses deux frères dans la vallée de San Fernando, en Californie, a juste la place d’accueillir un lit superposé à trois niveaux. Baba, leur père, a perdu son travail en quittant l’Iran pour les États-Unis et la mère a fini par abandonner le domicile, lassée du climat de violence.
Le rêve de K., le cadet de la fratrie, est d’être un « vrai » Américain, de jouer au basket et de traîner sur les bords du fleuve Los Angeles avec Johnny et les autres – en particulier avec Johnny. Mais ces rêves sont bouleversés lorsque Baba décide d’embarquer de force ses trois fils à Téhéran, en Iran. Quand ils reviennent quelques mois plus tard en Californie, peu après les attentats du 11 septembre 2001, tout a changé.
L’inoubliable portrait d’un enfant devenu adulte trop tôt, qui cherche sa place au sein de sa fratrie, de ses amis et de son pays.
Notre avis
Distingué par le Prix spécial du jury (Prix du roman gay 2024) et le Prix du roman Page/America 2024, ce premier livre de l’auteur iranien Khashayar J. Khabushani narre une tranche de vie d’une famille d’origine iranienne et qui vit à Los Angeles, à la fin du XXème siècle et au début du XXIème.
Les parents sont tous deux Iraniens, mais leurs trois enfants sont citoyens américains puisque nés en Californie. Le narrateur est le plus jeune des trois garçons. Tous trois s’expriment couramment en anglais et en persan, et leur père, personnalité dominatrice et qui se révèlera terriblement toxique, veille à leur donner les repères culturels et religieux propres à leur origine, bien que les trois enfants se sentent réellement Américains. Leur maman travaille dur pour nourrir la famille et s’efforce de suivre un cursus d’études pour améliorer la situation matérielle de sa maisonnée, situation particulièrement précaire puisque le père ne travaille pas et voit d’un mauvais œil les projets de sa femme dont il ne tardera pas à considérer que la vie aux Etats-Unis l’a « pervertie ».
La première partie du roman, intitulée « Le nom d’un roi », dépeint donc le quotidien difficile de cette famille dans laquelle les enfants, malgré leurs différences de goûts, de caractère et de sensibilité, malgré leurs inévitables querelles aussi, se montrent unis, surtout face à leur père. Très tôt, vers l’âge de dix ans, le jeune narrateur ressent confusément une homosensibilité qui le distingue de ses frères aînés. Toute cette partie (et il en sera de même des suivantes) consiste en une peinture très réaliste et souvent crue de la vie de cette famille. L’auteur regarde ces enfants avec beaucoup de tendresse qui touche le lecteur.
La deuxième partie nous transporte dans la république islamique d’Iran. Le père a brusquement quitté la Californie avec ses trois enfants (qui n’ont pas eu le choix) mais sans sa femme. L’immersion brutale de ces enfants dans un univers aux antipodes de celui qu’ils connaissent depuis leur naissance se révèle désastreuse pour leur moral, ils sont donc séparés de leur maman et privés de scolarité. Le père se révèle alors sous son jour le plus odieux. Le tableau dépeint par l’auteur de leur vie à Ispahan n’offre que de rares moments de lumière. Heureusement pour les enfants, leur tante (sœur de leur maman) restée au pays trouvera un moyen de leur faire prendre un avion pour la Californie. Leur séjour de quelques mois en Iran les marquera évidemment. Dans tout le récit de leur séjour, le lecteur se sent en forte empathie avec ces enfants qui ont perdu leurs repères.
Les deux dernières parties se déroulent donc aux Etats-Unis. Ce sont les parties les plus longues, et on peut les trouver un peu longues en effet parce que le récit connaît alors des baisses de tension et s’installe dans un certain statisme, un peu comme si l’absence du père, resté en Iran, entraînait une chute d’intensité dramatique. Chacun des trois frères affirme alors sa personnalité propre, et c’est lorsqu’ils sont de jeunes adultes que le roman s’achève, sur une fin ouverte. Le narrateur reste toujours au centre du récit, son amour des garçons bien ancré en lui, mais cet aspect de sa vie est très secondaire : ce qui compte avant tout pour lui, c’est de trouver sa voie, à tous les sens du mot.
Finalement donc, un ouvrage qui émeut, qui donne à réfléchir, malgré un manque de consistance de certains chapitres.
Infos
Auteur : Khashayar J. Khabushani
Titre : American Boys
Publié par : Denoël
Publié le : 21 août 2024
Genre(s) : Roman
Pages : 256
Disponible en : Ebook & broché
Lu par : Christophe
Note
4 étoiles sur 5
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