Synopsis
À l’aube du XVIIIe siècle, Henry, adolescent béarnais de petite noblesse au physique hors du commun, devient l’amant du riche comte d’Ystirac, qui l’emmène à Paris. Installé dans l’hôtel particulier de son bienfaiteur, il parfait son éducation, fortifie ses muscles et assouvit une insatiable lubricité. Le jeune homme découvre le monde caché des bardaches lors d’une orgie organisée chez l’intrigant prince Kropotkine, qu’il humilie en terrassant son champion au cours d’un combat singulier. Rejeté par son maître, le perdant – un Maure aux appas titanesques – est recueilli en l’hôtel d’Ystirac. Furieux, Kropotkine et ses complices n’auront de cesse de se venger : ils feront payer cher à Henry son intimité avec les grands du royaume et tenteront l’impossible pour freiner son irrésistible ascension.
Ce premier volume des « Mémoires d’un bardache » nous entraîne à la découverte de l’Europe débauchée des débuts du siècle des Lumières et de ses principaux protagonistes. Vaste fresque historique où le précieux côtoie l’obscène, « Le Sceau de Kropotkine » brosse, de l’intérieur, un tableau fidèle de la vie secrète de l’aristocratie aux dernières lueurs du Roi Soleil.
Notre avis
Eh oui, on va encore parler de Philippe Gimet. Quand on aime un style, une écriture, un(e) écrivain(e), on a souvent tendance à enchaîner les bouquins. Donc, après les aventures du Dioscure, je me suis procuré le premier tome des Mémoires d’un bardache, série de six livres dont rédaction et publication précèdent celle du Dioscure, mais dont l’époque qui sert de cadre se situe plus près de nous (pas trop non plus ; nous sommes, là, au début du XVIIIe siècle). Ce premier tome commence à la toute fin du règne de Louis XIV. Le protagoniste Henry, qui relate ses mémoires à la première personne, est alors un adolescent rêveur issu de la petite noblesse de province et vit au fin fond du Béarn. Un jour, il se fait repérer par le jeune et séduisant comte d’Ystirac (alors qu’il est en pleine séance de gamahuchage, ai-je besoin de le préciser ?). Celui-ci le prend a) avec lui à Paris, b) sous ses ailes et c) tout court (autre précision inutile) et lui enseigne non seulement comment évoluer dans un entourage des plus sophistiqués, mais aussi tout ce qu’il faut savoir sur l’art de se donner du plaisir entre hommes. De ces débuts modestes, le jeune Henry se fait rapidement connaître du petit monde des bardaches nobles, c’est-à-dire des invertis de l’époque, qui forment comme une société « secrète » (ce secret en étant un de Polichinelle, d’ailleurs). Le lieutenant général de police, le marquis d’Argenson, le repère et lui confie des missions nécessitant du doigté (dans tous les sens du terme), de la discrétion et un tant soit peu de ruse et d’intelligence.
Une fois de plus, Philippe Gimet nous emmène avec brio dans les histoires d’alcôve de l’Histoire en nous présentant un héros pas trop héroïque, mais extrêmement attachant. Cette fresque historique, du crépuscule de Louis XIV à la Régence du duc d’Orléans en passant par les intrigues de cour du duc du Maine, est peinte magistralement, et ce qui lui donne ce côté piquant et plaisant, c’est que nous voyons l’époque non pas avec les yeux des soi-disant « grands », mais plutôt par derrière (excusez le jeu de mot). Car, comme le dioscure qui m’a tant amusé, Henry est un insatiable de l’acte sexuel sous toutes ses formes, gamahuchage, fondements dûment labourés, tendres baisers, jeux manuels et sensuels. Ah, il aime le mâle, ses effluves, ses humeurs, ses jus, ses parties saillantes comme ses parties les plus cachées, pas sectaire pour un Louis d’or quant à ses partenaires. Oui, Henry fait une ascension fulgurante parmi les nobles de son temps à force de se montrer endurant et peu farouche. Il se marie, bien sûr, par bienséance, et l’on peut même dire qu’il aime sa femme avec tendresse, à sa façon, même s’il ne partage pas souvent sa couche (suffisamment, tout de même, pour produire des enfants). Il l’aime aussi, son comte d’Ystirac, tout comme il aime la femme que celui-ci est forcé de prendre à son tour, à un moment (par chance, celle-ci penche plutôt pour les amours saphiques, bien qu’étant extrêmement bigote).
Ce que j’aime dans ce livre, et que j’ai déjà apprécié dans la série du Dioscure, c’est l’intelligence et la facilité avec lesquelles Gimet insère son intrigue dans l’époque décrite. Nous croisons comme personnages secondaires Madame de Maintenon, amie loyale de Madame d’Ystirac et du jeune Henry, le roi lui-même, puis Philippe, duc d’Orléans, et toute une ribambelle de nobles dont on ne sait pas toujours s’ils ont véritablement existé ou non. Ce n’est pas important, par ailleurs, car le fait qu’ils aient pu exister tels que décrits nous montre à quel point Gimet brosse un portrait fidèle de l’époque. Je suis certain que des historiens trouveraient à redire sur tel ou tel détail, mais rien que d’imaginer que l’époque aurait pu être comme ça procure un grand plaisir. Ce plaisir est dédoublé, une fois de plus, par la plume solide, assurée et jouissive de l’auteur, qui fait avancer son récit au rythme d’une prose vraiment amusante et plaisante à lire (vous réviserez par la même occasion vos imparfaits du subjonctif). Heureusement, il me reste encore cinq tomes supplémentaires à découvrir, et je vous invite à faire de même. Philippe Gimet – auteur à lire ! PS : les adhérents de la Manif pour tous et autres coincés préféreront s’abstenir.
Infos
Titre : Le sceau de Kropotkine (Les mémoires d’un bardache, tome 1)
Auteur : Philippe Gimet
Publié par : H&O
Publié le : 9 septembre 2012
Genre(s) : Polar historique
Pages : 166
Lu par : ParisDude
Sensualité : 5 flammes sur 5
Note
5 étoiles sur 5
Où acheter
Nous avons acheté un exemplaire de Le sceau de Kropotkine.
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Premier tome d’une série érotico-historique, « Le Sceau de Kropotkine » nous plonge durant les dernières années du règne de Louis XIV, essentiellement entre le Béarn et Paris, mais avec de nombreuses échappées dans diverses régions de France et d’Europe, et jusqu’à Saint-Pétersbourg.
L’auteur, Philippe Gimet, fait montre de solides références historiques mais finit par perdre le lecteur en raison de la multiplicité des personnages (dont la plupart ne font que passer dans le récit) et des aventures diverses et variées du protagoniste dont on suit, malgré les méandres, l’ascension sociale au fil des rencontres et des missions qui lui sont confiées.
Ledit protagoniste affirmant et réaffirmant constamment sa lubricité, un nombre assez important de ces aventures ainsi que le contexte historique servent de prétexte à des épisodes torrides et / ou orgiaques que l’auteur conte avec délectation.
Par ailleurs, le style est travaillé, avec un vocabulaire riche et parfois suranné, l’auteur ne craint pas (et il a raison) d’utiliser pleinement sa maîtrise de la langue et de manier l’imparfait du subjonctif avec rigueur.
Hélas, cela ne suffit pas à soutenir l’intérêt tout au long d’un récit à caractère picaresque mais souffrant du manque d’épaisseur humaine de personnages (en dehors d’un esclave libéré, Moussa) qui apparaissent comme des sortes de marionnettes. Si l’on ajoute à cela les méandres du récit, on peut fermer ce livre en éprouvant de la déception.