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Le Soldat et l’Aventurier

Couverture "Le Soldat et l'Aventurier"
Cat Sebastian, « Le Soldat et l’Aventurier »

Synopsis

Deux hommes faits l’un pour l’autre.

Après la guerre, Oliver Rivington cherche à mener la vie rangée d’un gentleman londonien. Lorsqu’il découvre que sa sœur a versé une forte somme d’argent à un certain M. Jack Turner, son sang ne fait qu’un tour, il doit faire payer à ce malfaiteur ! Or, il éprouve pour Jack une attirance qu’il n’avait jamais connue auparavant. Bientôt, son désir pour ce criminel n’aura d’égal que le plaisir que prendra Jack à voir son élégance aristocratique laisser place aux instincts les plus sauvages. Dans un monde où tout les oppose, tous deux sont déterminés à vivre leur passion quitte à en payer le prix.

Notre avis

Le roman se déroule pendant la Régence anglaise, ou plus précisément, après les guerres napoléoniennes. Ayant été grièvement blessé au genou pendant la campagne d’Espagne, le capitaine Oliver Rivington, fils cadet du comte de Rutland, vient de quitter l’armée de sa Gracieuse Majesté et retourne vivre à Londres. Il s’aperçoit que sa sœur, lady Charlotte Montbray, a fait appel aux services d’un personnage peu recommandable pendant son absence et qu’elle lui a réglé la somme énorme de deux-cents livres. Il décide donc de lui rendre visite. Ce personnage appartient aux basses classes et s’appelle Jack Turner. C’est le fils d’une prostituée et d’un truand qui, après avoir travaillé comme valet, a décidé de se mettre à son compte en tant qu’homme à tout faire – essentiellement, il effectue de menues « basses œuvres » (retrouver des bijoux perdus, résoudre des problèmes de chantage, ramener des maris volages à la raison, par exemple) pour les femmes de la haute société. Il refuse surtout de louer ses services à ces messieurs.

Quel n’est pas sa surprise quand sa sœur Sarah, une couturière chez qui il loge, fait entrer le jeune aristocrate hautain dans son bureau (le livre débute avec cette scène, par ailleurs). Furieux, il lui tient tête, se rappelant qu’il l’avait vu jadis dans une posture très sensuelle avec un autre homme. C’était encore à l’époque où il travaillait pour son gendre, lord Montbray. Son instinct lui dit de jeter ce jeune homme dehors. Mais il se rend compte à quel point celui-ci souffre de son genou blessé. Il lui permet donc de se reposer quelques instants. C’est ainsi qu’Oliver devient témoin de la visite d’une jeune femme, Mrs Wraxhall, vient vient de se faire dérober quelques lettres compromettantes, rédigées dans sa jeunesse, et qui se voit maintenant victime d’un maître-chanteur. Jack lui promet de résoudre ce crime. Et Rivington, intrigué par le jeune malfrat et en proie à l’ennui, se surprend également à mener des investigations dans ce sens. De fil en aiguille, les deux se rapprochent, poursuivent ensemble leur enquête et commencent à ressentir une forte attirance l’un vers l’autre. Malheureusement, tout les oppose, avant tout leurs propres peurs et préjugés.

Nous avons bien aimé ce livre, qui combine histoire d’amour, roman d’époque et enquête policière. Bien sûr, cette dernière ne consiste pas en scènes de violence, courses-poursuite et autres actions haletantes. C’est plutôt une enquête dans la lignée des Conan Doyle ou Agatha Christie, comme il convient d’ailleurs pour une fiction qui a pour cadre les années 1820. Le lecteur dispose de clés et peut se forger petit à petit sa propre idée sur le quoi et comment du vol des lettres. Heureusement, la solution n’est pas forcément la plus évidente (en tout cas, nous, nous n’avons pas vraiment deviné de quoi il retournait), mais elle n’est pas non plus tirée par les cheveux. Une fois de plus, elle se tient dans le cadre historique exploré dans ce livre.

Par endroits, les personnages sont peut-être un poil caricaturaux (aristo arrogant et désœuvré versus vaurien de la classe la plus populaire) dans leurs discours et actions, mais du coup, la grande différence qui devrait les tenir éloignés l’un de l’autre n’est que plus importante et apporte une bonne tension qui nous fait vibrer et nous fait espérer un Happy End jusqu’à la fin sans que l’on ose trop y croire. Le fossé qui les sépare semble trop grand. N’empêche, ce n’est pas le personnage que l’on penserait le plus réfractaire – Rivington, en l’occurrence – qui reste le plus hostile et le plus renfermé sur ses positions. Non, c’est Jack qui a tout le mal du monde a reconnaître, puis accepter ses sentiments naissants et grandissants pour Oliver. Celui-ci, au contraire, se révèle être bien plus persistant, bien plus rapide à embrasser ce nouveau monde qu’il découvre, celui de Jack, avec ses propres codes moraux et ses propres lois.

C’est très sympa et assez enrichissant de voir les deux se toiser, se tourner autour, puis se rapprocher et s’apprivoiser. Nos cœurs n’ont fait qu’un tour quand le premier baiser est tombé. Et quand ils passent à l’acte – un ganahuchage en bonne et due forme – ah ! enfin ! quel soulagement ! L’écriture de Cat Sebastian est vive, bien rythmée, et franchement, la traduction, qui au début peut dérouter tellement elle paraît vieillotte, est finalement parfaitement en phase avec l’époque, sans trop d’anachronismes ni modernismes. Du coup, on y est vraiment, on croit plus facilement à ce monde disparu qui nous semble si lointain aujourd’hui.

Infos

Titre : Le Soldat et l’Aventurier
Auteur : Cat Sebastian
Publié par : Milady
Publié le : 29 septembre 2017
Genre(s): Polar, Romance historique
Pages : 384
Lu par : Dieter et Seb
Sensualité : 3 flammes sur 5

Note

4.80 étoiles sur 5

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Nous avons acheté un exemplaire de Le Soldat et l’Aventurier.

1 commentaire pour “Le Soldat et l’Aventurier”

  1. Comment qualifier ce livre de l’écrivaine américaine Cat Sebastian ? Il s’agit d’une romance historique à laquelle se mêle une enquête qui pourrait être menée par une sorte de détective privé aux méthodes parfois peu orthodoxes. Remarquablement traduit de l’anglais, ce récit nous transporte dans l’Angleterre du XIXème siècle, plus précisément à la fin des guerres napoléoniennes. Pour l’essentiel l’action se déroule à Londres mais aussi dans la campagne (Yorkshire et Kent).
    Dès le début du récit, l’auteure dépeint avec humour et minutie ce cadre spatio-temporel et nous imprègne des codes de ce monde suranné et socialement cruel où le poids du paraître, de la naissance et des catégories sociales nous semble choquant et démesuré.
    Les deux protagonistes sont Oliver Rivington, aristocrate, ancien soldat (il garde de ses nombreuses années d’armée une blessure à une jambe), aux manières irréprochables, dont l’auteur écrit (p. 112) : « Il tenait à être un modèle de droiture, un citoyen exemplaire, fermement tourné vers la vertu dans un monde où bien et mal étaient clairement délimités. », et Jack Turner, un homme du peuple aux activités mystérieuses et sulfureuses, qui voue une haine tenace à l’aristocratie, ce qui explique qu’il ne souhaite en aucun cas tomber amoureux d’un aristocrate … A priori donc, rien qui puisse rapprocher ces deux êtres aussi dissemblables. Rien, sauf l’amour … Leurs dialogues d’un autre temps, l’usage constant du vouvoiement, ne peuvent que surprendre le lecteur d’aujourd’hui. Les deux hommes ne parviennent pas à s’appeler par leurs prénoms et cultivent des rapports formels et distants qui excluent toute tendresse. Leurs différences de classe et d’appréciation des lois créent de violents conflits entre eux, à coups de regards mauvais, de phrases assassines et d’humiliations bien senties. Les différences de classe sont une réelle obsession, tout au long de l’ouvrage, de l’auteure et du personnage de Jack.
    Outre ce portrait psychologique, l’auteure embarque le lecteur dans une enquête multiforme conduite par Jack Turner avec l’appoint inattendu d’Oliver. Cette enquête se révèle digne des meilleurs polars, le lecteur va de surprise en surprise et l’on pense, notamment dans les derniers chapitres, formidables sur le plan narratif, à l’univers d’Agatha Christie.
    Peu à peu (c’est le moins que l’on puisse dire), chacun des deux hommes va prendre conscience de son désir et de ses sentiments pour l’autre. Il faudra attendre la page 275 pour que Jack se décide à appeler Oliver « Mon amour » … lequel Oliver, dans les premiers chapitres, n’avait pas hésité à lécher le pouce de son futur amant, un geste bien sûr non préparé et qui en dit long sur la force du désir. Leur sensualité et leur désir mutuel, mis sous le boisseau dans cette société hiérarchisée, oppressante, et dont une loi prévoit la pendaison pour les « sodomites », crient leur libération et vont exploser dans des moments de tendresse et d’érotisme dont l’auteure traduit avec force l’émerveillement. Leur relation connaîtra des moments très difficiles, ils se diront adieu à plusieurs reprises (leur faux adieu du chapitre 19 est très émouvant) : l’amour aura-t-il le dernier mot ?
    Un ouvrage dépaysant, passionnant, riche de surprises et de sensualité.

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