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Un cœur indestructible (de Dominique Faure)

Introduction

Notre ami•e Dominique nous a fait encore un joli retour , et nous ne boudons pas notre plaisir de le partager avec vous.

Synopsis

Il faut beaucoup de force pour demeurer fragile.
C’est l’histoire d’un enfant lunaire perdu au milieu des enfants solaires.
Il est mutique mais parle aux fleurs.
Il est coupé du monde mais en ressent tous les tremblements.
Son cœur ne bat pas, il explose ou s’arrête.
Il ne vit pas au pays des autres.
Il est né différent.
Mais le monde n’aime pas la différence.
Dans son jardin secret, il pleut des crachats.
Il court vers un autre ciel.
Ses larmes lavent son visage.
Ses ailes s’ouvrent.
Le rêve sera sa terre promise.

Poétique de la différence, ode à la tolérance et à la liberté, hommage à l’écriture qui ressuscite, aux livres qui sauvent, Un coeur indestructible conte une renaissance. J’ai été cet enfant de la lune amoureux du soleil.

Notre avis

Voici un ouvrage qui m’a donné tant d’émerveillement que j’ai aussitôt eu envie de le faire savoir ! Auprès de vous, grâce au blog de Dieter…

Il s’agit d’un roman assez court (140 pages), dont la poésie en fait un texte inclassable et d’une beauté magique. Non, je n’exagère pas.

Je me lance donc pour plus de précision, bien qu’on ne puisse guère commenter un pareil texte fait d’émotions révélées, suggérées ou tacites et qui nous sont transmises. Les mots pour donner un « avis » semblent grossiers à côté d’une telle poésie. Je m’y autorise quand même pour dire ma découverte, mon enthousiasme, mon émotion devant cette délicatesse, mon éblouissement, dans chaque phrase, dans chaque mot accolé au suivant, dans chaque son que l’alliance de ces mots nous renvoie, évoquant l’enfance, « le temps d’avant les mots », puis d’après, d’une poésie subjuguante.

Un livre émerveillant, je l’ai dit et je n’ai pas exagéré ! Chaque paragraphe, et même chacune des phrases livre et délivre une telle émotion qu’on a envie aussitôt de la relire et de la lire encore, de s’en souvenir. Jean-Christophe Galiègue « tourne » ses mots, les fait se répondre, s’enlacer, se distendre, se mettre en écho dans des assonances harmonieuses, pour ainsi rythmer ses courtes phrases qu’on aimerait presque couper pour en renvoyer à la ligne la seconde partie, ou la troisième parfois, de façon que physiquement elle ressemble à une poésie. C’est un « roman poésie ».

Et comment appeler ces phrases si particulières à votre style, Jean-Christophe Galiègue, à votre écriture, qui se suffisent à elles-mêmes et résument une émotion, un sentiment ? Des phrases semées ça et là dans votre récit, entre deux étoiles…

Et puis, sur la route difficile du narrateur enfant en but à la haine parce qu’il est différent, il y a tout à coup la sombreur de la page du dictionnaire qui lui donne ce mot, celui de sa différence, un mot qui ne sera jamais nommé, parce que trop cru parmi les autres de la liste, dévoyé, déplacé, honteux sans doute et qui seul dans la bouche des autres élèves de l’école, du collègue, du lycée ensuite leur donne, croient-ils, le droit (quel droit ?) de malmener, brutaliser, se moquer, harceler, rejeter et possiblement tuer. Tuer à cause de ce mot.

Heureusement il y a la nature qui sauve, qui est là dans ses plus petits brins d’herbe pour aider, pour faire voir autre chose que les murs de l’école, des murs qui enferment. Alors l’enfant s’adresse parfois directement à la nature, lui écrit des « lettres », de vraies lettres qui commencent par « Chère forêt », « Chers nuages », des lettres à la nuit, à la neige, aux fleurs sauvages, au brin d’herbe (mon préféré je crois).

Un livre inclassable en vérité, un hymne à la nature, à l’amour, à la tolérance, au droit à la différence, à la VIE, qui a reçu le Prix du Roman Gay 2022 dans la catégorie Roman poétique.

Tout cela est précieux et rare et donne le désir de mieux connaître l’auteur. Et on peut le connaître, oui ! Il est accessible et vous répond avec la même sensibilité, les mêmes mots, la même délicatesse infinie que lorsqu’il écrit ses livres… Un auteur rare.

Et pour choisir un extrait, comme c’est difficile ! Chaque paragraphe ou chacune des « lettres » pourrait être mon extrait préféré. Quel serait donc le vôtre ?

Extrait

« J’étais réellement timide et je n’osais pas dire que j’étais timide. J’étais regardé et mon visage virait au rouge. Je devais parler et mon cœur cognait à se rompre. Je me rêvais invisible. Sur le chemin de l’école, je fis la découverte d’un monde souterrain et d’une autre nature. Sur les trottoirs déchirés et dans les murs fissurés, je découvris les herbes et les fleurs emprisonnées. Elles sortaient de nulle part, vivaient de presque rien, tout le monde les piétinait. Les vents cherchaient jour et nuit à les faucher. Elles ne semblaient pas souffrir et dansaient en robes gitanes. Le plus beau est peut-être caché, invisible, pensais-je. Je rapportais ma trouvaille à tout le monde. « Rien que des mauvaises herbes ! » Le plus beau doit rester caché, décidais-je. Personne n’admirait les pissenlits flambant dans la poussière, tout le monde rabaissait les trèfles à trois feuilles, je décidais de n’aimer qu’eux. Je m’éloignais des roses idolâtrées, je longeais les ruelles et les fossés, je cherchais partout les fleurs répudiées. Je cachais une bouteille d’eau et des tuteurs dans mon cartable. J’arrosais les brûlées du soleil, je soignais les blessées par le vent. Et je retrouvais la parole. Accroupi et dans les courants d’air, je leur parlais. Je les consolais du mépris et des crachats, je les rassurais de n’être plus abandonnées. Secrètement, je reliais la pauvreté et la splendeur, la beauté et le mépris. J’écartais les déchets et les mégots. Les mauvaises herbes rêvaient de prairies. Je rêvais d’un autre monde, d’une cinquième saison pour les bannis. Les trèfles à trois feuilles me porteront chance, me disais-je, solitaire et heureux. »

Infos

Auteur : Jean-Christophe Galiègue
Titre :
Un cœur indestructible
Publié par :
5 sens éditions
Publié le :
25 juillet 2022
Genre(s) : 
Roman poétique
Pages :
144
Disponible en : Broché & ebook
Lu par : Dominique Faure
Sensualité : 

Note

5 étoiles sur 5

À propos de l’auteur

Jean-Christophe Galiègue vit en Bretagne. Il est l’auteur de deux livres publiés aux Editions L’Harmattan, Les châteaux d’oubli en 2016 et Nos âmes pures en 2020. Il se laisse ranger dans deux cases : écrivain sur terre et poète dans les airs. Son écriture s’attache à l’enfance et aux nuages, aux fleurs et à l’amour, à tout ce qu’il faut sauver.

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