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Ian and Edward (de ParisDude)

Couverture de "Ian and Edward"
David McMullen-Sullivan, « Ian and Edward »

Synopsis

Jane Austen had written a gay romance with a murder mystery and time travel, this book would be it.

Edward Ford Westcott has accepted a position in a clandestine program that seeks to find answers to history’s greatest unknowns. He is sent back in time to 18th century England to investigate a woman’s murder and falls in love with Ian Gallihugh, the devote nephew of the soon-to-be victim, but when he and his partner, Angelica Law, are thrown into the upper echelons of English society, they soon discover that things are not what they appear to be. Edward’s relationship with Ian is soon in jeopardy, along with all their lives. Discovering the truth will leave the two men cornered, and they will be forced to make a terrible choice if they are to save their love.

Notre avis

Quand quelqu’un prétend avoir écrit un livre « à la » – genre à la Agatha Christie, à la J.R.R. Tolkien ou à la Jane Austen, comme dans le cas présent –, je reste toujours circonspect. Extrêmement circonspect. Tout auteur devrait d’ailleurs être aussi circonspect avant d’annoncer une chose pareille, car il suscitera des attentes élevées. Et si celles-ci ne sont pas satisfaites, les lecteurs seront d’autant plus déçus. Alors, laissez-moi vous dire tout de suite ma vérité subjective : ce n’est pas du Jane Austen. Même pas un peu.

Le scénario est pourtant prometteur. Deux voyageurs temporels des années 2020 (Edward et Angelica) remontent jusqu’à l’Angleterre de 1775. Leur mission : préparer l’enquête sur un meurtre dont l’importance demeure un peu vague au début (le lecteur découvrira de quoi il en retourne à la fin). Mais à cause d’un défaut de leur machine à remonter le temps, ils atterrissent cinq semaines avant leur arrivée programmée. Ils trouvent un manoir à louer, mais de ce fait ne peuvent plus rester cachés de la population locale comme le voudrait la procédure. Les habitants du village, intrigués, frappent à la porte les uns après les autres, et Edward découvre rapidement qu’il est en train de tomber éperdument amoureux du bel Ian Gallihugh, le fils de l’homme le plus riche du comté. Ensuite, Edward et Angelica découvrent un suicide suspect, et les agents censés les rejoindre sont tués. Il semble que les deux doivent enquêter seuls, tout en essayant de réparer leur machine à remonter le temps. Et pour Edward, un but supplémentaire : gagner le cœur d’Ian.

Correctement géré, cela aurait pu donner un livre divertissant, et en partie, il l’était. Mais il y avait trop d’incohérences pour le rendre crédible. Angelica ne cesse de répéter à quel point il est important pour eux de rester à l’écart des gens et d’avoir le moins d’impact possible sur l’environnement (historique), mais les deux agissent constamment sans s’en soucier. Ça peut aider l’intrigue, mais je n’ai pas pu m’empêcher de secouer la tête plus d’une fois avec incrédulité. Les deux se mêlent aux locaux, ils interviennent, Edward dit même à Ian, à un moment donné, qui ils sont véritablement, Angelica et lui. Pire, vous pensez que l’agence secrète qui les a envoyés aurait choisi des agents compétents. Angelica semble l’être, mais Edward ? Il est complètement égocentrique au point d’être irresponsable, inconscient et insensible à ce que la mission exige et implique. Vous êtes un homme et remontez au XVIIIème siècle, par exemple, vous ne vous faites pas faire une gâterie orale par un autre homme, quelques minutes seulement après être arrivé ; vous attendriez au moins la fin des années 1970, même s’il vous en coûte ! Le mystère du meurtre est intéressant, mais aurait pu être exploré plus en profondeur ; l’auteur aurait pu nous proposer plusieurs suspects parmi lesquels choisir – la solution du deus ex machina que l’auteur a choisie n’est vraiment pas satisfaisante.

Comme je l’ai dit, l’idée de l’intrigue n’est pas mauvaise en soi. Imaginez le contraste entre deux personnages du XXIème siècle placés dans l’environnement de la fin du XVIIIème. Combien d’esprit, combien de situations hilarantes, combien de frissons et de tensions vous auriez pu tirer de cela. Par exemple, vous auriez pu avoir des dialogues entre Angelica et Edward dans un langage moderne et contrebalancer ça avec des discussions en public à la mode d’antan. À la mode de Jane Austen, pour être plus précis. Mais non, Edward et Angelica ne font pas le moindre effort pour parler différemment avec les habitants (historiques), et ceux-ci ne parlent pas non plus comme on pourrait croire que les gens de cette époque parlaient. Une opportunité manquée. C’est la raison pour laquelle les romans historiques sont si difficiles à écrire : l’on doit faire des recherches approfondies sur la période en question pour obtenir les bons ton, atmosphère, couleurs, goûts et senteurs. Dans ce livre, ce n’était pas le cas, hélas. L’histoire pourrait se dérouler à n’importe quelle époque entre maintenant et l’An 0.

L’inconvénient majeur de ce roman est qu’il ne semble pas avoir été relu du tout. Comme si l’auteur avait écrit son texte et l’avait publié aussitôt. Et ça, ça ne va pas du tout. Ça ne se fait pas, c’est se montrer irrespectueux envers les éventuels lecteurs. Je peux oublier les virgules mal placées – je sais que je me répète, mais, en règle générale, en anglais, but et and ne sont pas suivis d’une virgule. Ajouter une virgule à des tournures comme a long, stone wall est également une erreur, chose que l’auteur ignore systématiquement. Le pire n’était pas ça, cependant, même si c’est ennuyeux à la longue. L’auteur aurait dû ouvrir un dico, au moins pour vérifier s’il orthographiait correctement les mots. Vous ne pouvez tout simplement pas écrire boar pour dire bore, populous au lieu de populace, right au lieu de ride, speak your peace au lieu de speak your piece. Sans oublier les erreur répétées de your/you’re et their/they’re (pourtant, l’auteur est anglais si j’ai bien compris). Et pourquoi, diantre, quelqu’un écrirait-il he stood in solitary occupancy of the hall juste pour dire he stayed behind all by himself ? C’est tellement mal tourné comme phrase que c’en devient ridicule. Ajoutez quelques verbes restés au présent, quelques prépositions manquantes, et vous comprendrez pourquoi j’ai levé les yeux au ciel à la fin du livre (notez que je finis toujours mes livres, même si I’m not amused, comme dirait la reine d’Angleterre).

Infos

Titre : Ian and Edward
Auteur : David McMullen-Sullivan
Publié par : Auto-édité
Publié le : 27 juillet 2019
Genre(s) : Historique, polar
Pages : 351
Lu par : ParisDude
Lu en VO : Anglais (américain)
Sensualité : 1 flamme sur 5

Note

2.3 étoiles sur 5

Où acheter

Un exemplaire gratuit de Ian and Edward nous a été fourni par l’auteur en VO, en échange d’une critique sincère. Cette fiche de lecture a été publiée en anglais sur le site Gay Book Reviews (site fermé début 2020).

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