Synopsis
Vous n’écouterez plus jamais la chanson de Vanessa Paradis de la même façon.
Étienne Roda Gil a trouvé son inspiration grâce à un moment passé sur la banquette arrière de son taxi !
Ce livre biographique retrace l’histoire extraordinaire de Maria-José Léao Dos Santos (décédée en mars 2019), la vraie « Joe le Taxi » chantée par Vanessa Paradis et figure emblématique des nuits parisiennes.
Sa vie est un incroyable roman de son Portugal natal à la découverte du Paris des années 70 !
Un livre sincère, sans fard, honnête, drôle et douloureux à la fois soit à l’image de Johanne Gabriel qui partagea sa vie pendant 18 ans.
Immigration portugaise, homosexualité au Portugal et en France, Pigalle et ses mystères…
Maria-José a été l’une des pionnières à exercer le métier de chauffeur de taxi dans un milieu masculin et macho.
Un livre écrit avec amour par sa compagne Johanne Gabriel pour Aide Mémoires Editions
Notre avis
Quand j’ai été approché, l’année dernière, avec non seulement le communiqué de presse annonçant la sortie imminente de ce livre, mais avec la demande si j’avais envie de le lire et d’en parler, je ne connaissais, à vrai dire, ni le personnage central de celui-ci ni l’auteure, Johanne Gabriel. Mais après avoir rapidement parcouru le résumé (la quatrième de couv’, comme on dit), je n’ai pas hésité une seconde, et j’ai envoyé un enthousiaste « Oui, s’il vous plaît, envoyez-moi le bouquin, ça a l’air chouette. »
Je n’ai pas été déçu. Voici une biographie écrite avec gouaille et énergie, d’une plume trempée dans l’amour indéfectible, l’histoire d’une vie, d’abord, d’une rencontre ensuite, d’une relation soudée, d’une lutte et, in fine, d’une fin triste mais digne car elle aussi empreinte de beaucoup d’amour. Maria-José Léao dos Santos, dite Joe, n’a justement pas connu cet amour que j’ai déjà mentionné deux fois en ces quelques lignes. Née dans un petit village de l’arrière-pays portugais, élevée par une mère dure, dans un milieu pas tendre, lui non plus, et sachant tôt que la gent masculine n’avait aucun attrait pour elle, la jeune fille a dû apprendre à se battre et à se suffire à elle-même. Elle débarque en France dans les années 70 et… devient chauffeure de taxi de nuit. La seule et la première. Excentrique, à la fois chaleureuse et tonitruante, elle se rend rapidement quasi célèbre non seulement dans ce milieu-là, mais dans le milieu de la nuit parisienne tout court. Elle devient également une serial-tombeuse de nanas sans jamais vouloir vraiment s’attacher trop longtemps – normal, l’on ne saurait reproduire ce que l’on n’a jamais connu. À la suite d’une rencontre voulue par le hasard avec Étienne Roda Gil, elle « devient » même, si j’ose dire, une chanson : Joe le Taxi, le grand tube planétaire de Vanessa Paradis. Car oui, Joe le taxi, la vraie, la personne derrière le texte, c’était elle.
Elle finit par croiser une certaine Johanne Gabriel, elle aussi un personnage haut en couleur, personnage incontournable dans ce que les nuits parisiennes notamment des filles qui aiment les filles comptent de plus notable. Et… ça faillit ne rien donner. Trop farouche, la Joe ; trop incertaine, l’issue de leur relation bourgeonnante ; trop nombreux, les obstacles. Mais bon, Johanne est du genre obstiné, elle est tout de suite intriguée, interessée, patiente. Et elle finit non pas par dompter cette femme attachante qui a bien roulé sa bosse depuis toujours, mais par l’amadouer, par lui faire comprendre que l’amour est possible sous n’importe quels auspices, en n’importe quelle couleur, à n’importe quel âge et après n’importe quel vécu.
Je pense que ça se voit – j’ai vraiment été conquis par cette histoire. Tout d’abord, même les passages les plus durs de l’enfance et l’adolescence de Joe sont présentés sans larmoyance, avec vivacité, en cinémascope et Dolby Surround, comme tout le livre, d’ailleurs. Ce n’est pas une biographie, sûrement pas une hagiographie où le personnage central serait auréolé d’une odeur de sainteté, mais une célébration. La célébration d’une personne, un compte rendu vu sous le prisme d’un véritable attachement, toujours lucide, mais jamais sans un brin d’humour (je me corrige : avec beaucoup d’humour). L’auteure en a à revendre, de l’humour. Grâce à ce trait, elle réussit sans mal à nous la rendre éminemment sympathique et à nous rendre Joe très sympathique, aussi. J’avais l’impression, au bout de quelques pages, de les connaître, de leur avoir souvent parlé et de les voir devant moi et les entendre de mes propres oreilles. Le style de Johanne Gabriel est certainement unique, enlevé, enjoué, vif, souvent empreint d’un certain titi-parisienisme, permettez-moi d’inventer ce terme. On sent que c’est une femme qui n’a pas froid aux yeux, qui appelle un chat un chat, qui pète le feu et qui a probablement un grain – je vous rassure, ce n’est pas du tout péjoratif, venant de ma part, car j’adore les gens qui ont un grain, ce petit grain de folie qui les rend plus scintillants, plus interéssants, plus vivaces.
Si je semble si enthousiaste, je suis sûr que vous vous demandez pourquoi je n’ai mis que 3,5 étoiles comme note. Eh bien, depuis que j’ai instauré ce système de notation, c’est bien la première fois où j’étais embarrassé. Car oui, bouquin excellent, j’ai passé un merveilleux moment en compagnie de ces dames, j’ai été tour à tour diverti, amusé et touché (oui, Johanne, quand vous prévenez qu’il faudra sortir les mouchoirs, je confirme – j’en ai eu bien besoin, et plutôt deux fois qu’une). Mais… mais cette verve, dans l’écriture, se traduit par endroits en exubérance par trop voyante, trop néon, trop flashy, et l’on se rend compte que dédoubler une expression, un terme, un phrasé ne les rend pas plus forts, mais les affaiblit. D’où, parfois, l’impression qu’il aurait mieux valu relire certains passages, calmer l’enthousiasme, enlever un adjectif par ci, ajouter un point ou une virgule par là, pour aider le texte à couler de façon plus organique et renforcer même le drôlatique de certaines situations, certaines expressions. Donc, la force du style se transforme de temps en temps en faiblesse, et je me suis vu obligé de retirer une demi-étoile.
L’étoile entière a été perdue en cours de route parce que le texte est littéralement parsemé de fautes, et de grammaire et d’orthographe. Je ne suis pas de la brigade des psychorigides qui, pour huit fautes dans un long manuscrit, décernent le zéro pointé. Mais quand ces huit fautes se trouvent pratiquement sur chaque page, même moi, je soupire en disant « Ça aurait dû être relu et corrigé, bordel ! » Vraiment dommage que ces nombreuses fautes aient gâché le plaisir. Le livre aurait dû profiter l’œil avisé d’un.e correcteur.trice professionnel.le pour lui donner le lustre et le scintillement que le sujet et l’auteure méritaient.
Infos
Auteur : Johanne Gabriel
Titre : Joe le taxi. La vraie histoire
Publié par : Aide Mémoires Éditions
Publié le : 13 octobre 2021
Genre(s) : Biographie
Pages : 196
Disponible en : Broché
Lu par : ParisDude
Note
3,5 étoiles sur 5
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Bonjour ! Oui j’avais entendu Etienne Rhoda Gil parler de cette Joe, très content, il parlait du « public persuadé qu’il s’agissait d’un homme ». Il en parlait comme d’un hasard de compréhension, or je pense que ce « hasard » n’en était pas un : écrire une chanson entière en évitant le pronom ou l’accord verbale révélateurs, ça ne peut être que voulu.
Les fautes d’orthographe et de syntaxe… ah la la ! C’est là où tu vois la différence entre les éditeurs : ceux qui font appel à des pro de la correction, et ceux qui font appel à la-bonne-copine-auto-proclamée-bonne-en-orthographe, avec pour cette dernière des résultats qui peuvent être catastrophiques. Et il y a aussi la relecture confiée à l’auteur lui-même. Là ça craint aussi, parce que l’auteur connaît son texte, et ses yeux liront ce qu’ils savent devoir lire (hélas j’en sais quelque chose ! Mon premier roman me fait mourir de honte, même si mes fautes sont très peu nombreuses et qu’il semble évident, vu la gestion correcte de la syntaxe, que ce ne sont pas des fautes dues à l’ignorance)..
Une vraie relecture se fait au mot à mot, ça prend du temps, il faut savoir se détacher de l’atmosphère du texte, ne pas laisser le cerveau rétablir de lui-même la bonne orthographe si l’auteur a par exemple écrit « redouable » au lieu de « redoutable ». Or le temps c’est de l’argent, et donc ça explique pourquoi ce métier ne trouve pas sa place chez les éditeurs qui sont plus des imprimeurs que des éditeurs.
Hello, ma belle, j’ai déjà ébauché un début de réponse dans celle donnée à Jean-Philippe, et je suis assez d’accord avec toi en ce qui concerne de nombreux éditeurs – pas tous, heureusement, il y a aussi des bien vertueux, qui publient des manuscrits nickels…
La faute, les fautes sont à attribuer, s’il s’agit d’une édition à compte d’auteur, à l’éditeur qui n’a pas fait son boulot. C’est insupportable lorsque l’on connait les prix pratiqués par ces maisons !!!! (j’en ai mis 4 Dieter, tant cela m’énerve).
Hello JP, oui, je sais que souvent, la responsabilité des fautes restantes incombe à la maison d’édition si tant est qu’il y en ait une. Je suis aussi plus indulgent avec les romans auto-édités car, de ma propre expérience (et Emsi dans le commentaire suivant l’affirmera aussi), je sais qu’en tant qu’auteur, à la énième relecture, notre cerveau remet à l’endroit ce qui pourtant est marqué, noir sur blanc, à l’envers… Je ne m’insurge même pas pour une quantité négligeable de fautes (donc, chère Emsi, pour te répondre en même temps, je n’ai pas été choqué par le peu de fautes dans ton bouquin…), fussent-elles du fait d’un relecture légère de la part d’une maison d’édition. Mais dans le cas présent, il y en avait vraiment trop, et tu auras remarqué que je ne rejette la faute ni à l’auteure ni à la maison d’édition – cette question-là ne m’intéresse pas, moi, en tant que lecteur. Je constate juste que c’est dommage, surtout pour un livre que j’ai beaucoup apprécié, à part ça…