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Sortie et extrait du roman « Les Sagoens »

Le 7 janvier dernier est sorti le roman Les Sagoens de J. Verney aux éditions La Grange Batelière. Nous avons le plaisir et l’honneur de vous présenter ce livre (y compris par une critique, qui paraîtra sur ce site très prochainement) ainsi qu’un court extrait.

Synopsis

Sur les pas de César Aira, J. Verney part à la découverte de Buenos Aires. Ce voyage initiatique – tant il est imprégné du fantasme de l’auteur argentin – est l’occasion d’écrire les premières lignes d’un journal mystérieux et sensuel. Les extraits de ses carnets, prémisses à la création littéraire, se confondent peu à peu avec l’œuvre romanesque.

Aux carnets, succède l’ébauche de ce « Grand Roman » que l’auteur poursuit.

« Les Sagoens » est un volte-face épique, déroutant et érotique entre l’Europe et l’Amérique du Sud, de la tiédeur contemporaine à la folle épopée de la fin du 19e siècle.

Infos

Titre : Les Sagoens
Auteur : J. Verney
Éditeur : Éditions La Grange Batelière
Date de parution : 7 janvier 2021
Genre(s) : Roman
Pages : 224

À propos de l’auteur

J. Verney est né au début des années 1970, dans une ville frontalière avec la Suisse romande. Il a quitté la région après le baccalauréat et a poursuivi quelques années des études littéraires. Tout a réellement commencé il y a vingt-cinq ans, le jour où il a abandonné ses études et où il est devenu libraire – un métier qu’il exerce toujours aujourd’hui. Ce métier lui a permis de voyager, à tout le moins dans les livres…

Il y a pourtant un voyage, un vrai, qu’il a effectué ; le voyage en Argentine.

Où acheter

Extrait

C’est la triste histoire que me raconta C., le soir au bar de L’Escale, lorsque pour la première fois nous nous y sommes retrouvés :

« Tous, les femmes comme les hommes, les enfants, les caciques et les prêtres (avec les tablettes de bois sur lesquelles était gravée la mémoire de mon peuple ; la poignée de tablettes qu’ils avaient pu emporter et qui servirent de combustibles aux braseros des navires) ; tous, ils furent entassés dans le creux des chaloupes de retour. »

Il se trouve que l’une des particularités de L’Escale, et la source principale de sa clientèle, est de se trouver à proximité du Foyer mascuan ; un lieu culturel, une bibliothèque, mais aussi et surtout une résidence pour les jeunes habitants de l’archipel de passage à Paris. C’est ici que C. est descendu. C’est ici que je viens le retrouver, ou plutôt c’est juste à côté, à L’Escale, que j’attends qu’il me rejoigne, les allées et venues dans le foyer étant strictement surveillées, et l’entrée de personnes étrangères dans les chambres, interdite.

Nous nous retrouvons à l’intérieur de ce café, le plus à l’intérieur possible, pour ne pas être vus des passants depuis le trottoir. Nous restons impassibles, chacun d’un côté de la table, sans que nos mains, nos bras ne se touchent… C. me charme de ses romans d’aventure, et nous n’avons d’autre choix, si nous voulons poursuivre le jeu, que de nous rendre dans les toilettes de l’établissement.

C’est moi en général qui initie le mouvement, mais c’est lui qui se lève le premier et se dirige vers la porte des toilettes, stratégiquement placée à la gauche du comptoir. Il ne veut pas être le second, celui sur qui l’interrogation, les soupçons du barman pourraient peser. Je me lève donc après lui et je prends l’air à la fois dégagé et sûr de soi, presque supérieur, qui convient. Peut-être également que notre mise, notre tenue (la mienne comme la sienne : il a l’apparence de jeunesse d’un étudiant, mais pas le négligé) contredit les soupçons du barman ou pour le moins le décourage de les exprimer.

En vérité, nous avons découvert que ces toilettes formaient l’entrée d’un labyrinthe ; plusieurs pièces étroites, distribuées sur plusieurs niveaux et reliées par des escaliers, dépendent de ce premier accès, et nous les avons toutes explorées, d’abord timidement puis de façon de plus en plus aventureuse au fur et à mesure de nos rendez-vous. Il y a les toilettes communes et, un peu plus loin (il fallait traverser une courette), à l’extrémité d’un couloir en boyau qui contourne ce qui doit être l’escalier de l’immeuble, d’autres toilettes, privées ou d’usage plus restreint, où nous sommes presque sûrs de ne pas être dérangés.

Lorsque pour la première fois j’ai pénétré dans ce réduit (deux toilettes fermées, homme et femme, mais aussi quantité de produits d’entretien, balais-brosses, serpillières à frange et toutes les plantes que le cafetier entrepose ici pour je ne sais quelle raison), j’ai eu l’impression d’être projeté dans la première scène de Charmants cousins, l’un des films de Jean-Daniel Cadinot que je préfère.

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