Mémoires homosexuelles : Arôme naturel, tome 2 (par Christophe)

Depuis le tome 1 d’Arôme Naturel, couronné par le prix du roman gay 2024 dans la catégorie « récits de vie », nous savons que Laurent Maero est un auteur qui sait dessiner en mots une multitude de traits de caractères ; les ressentis dans la découverte de soi, de ses émotions, de ses émois, de son corps, de son esprit, de son âme ; les tâtonnements relationnels, affectifs, sensuels et sexuels dans les découvertes de l’autre, des autres ; les confrontations entre les fantasmes et les réalités. Avec ce tome 2, voilà de nouveaux portraits et d’incroyables rencontres, des plus virtuelles aux plus sensuelles que nous donne à lire Laurent Maero. Ainsi, nous pouvons plonger avec lui dans la progression du désir, de la séduction aux plaisirs. Dans un style toujours aussi authentique, l’homme qui cherche l’amour, nous partage ici : SMS, mails, chats et ses différents échanges avec ses conquêtes ou mésaventures. Des plans sans lendemain, des lapins, des espoirs, des histoires rapides ou plus stables, comme nous pouvons tous en avoir vécu ou que nous aimerions vivre secrètement, ou feuilleter dans une romance… sauf qu’ici, ce sont des souvenirs que l’auteur nous livre avec son cœur et toutes ses émotions.

Laurent Maero est un auteur provençal, très attaché à sa région natale et à l’Italie, entre autres passions. Ce volume 2 d’Arôme naturel vient clore une trilogie autobiographique qui a commencé avec Voyage au sud de ma vie et Causeries vagabondes pour se poursuivre avec les deux volumes de ses Mémoires homosexuelles intitulés tous deux Arôme naturel.

De ces pages autobiographiques, Laurent Maero dit ceci sur son site d’auteur : « Avec cette trilogie autobiographique, je vous propose une œuvre littéraire originale mettant en lumière trois thématiques différentes d’un demi-siècle d’une vie d’homme.

Majoritairement pas de trame ni d’intrigue, mais des émotions brutes à cueillir au fil des pages de ce qui pourrait s’apparenter à un journal intime où figurent textes et poèmes répartis dans trois recueils qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres.

Autobiographie ne signifiant pas forcément autocentré, vous naviguerez, en ma compagnie, dans les méandres et les soleils de ma vie, mis en lumière suivant trois éclairages différents . Vous rencontrerez parfois votre propre vie au fil des pages et partagerez souvent mes émotions, mes souvenirs et mes questionnements. En effet, lorsqu’on parle de soi, on parle immanquablement des autres. C’est-à-dire de vous, chers lecteurs. Bonne lecture à vous tous. »

Dans ce tome 2 d’Arôme naturel, Laurent Maero poursuit donc son récit centré autour de la recherche du compagnon qui lui correspondrait vraiment. Beaucoup de rencontres, le plus souvent grâce à des sites dédiés, mais inabouties. Laurent Maero propose de ses rencontres des narrations fidèles à son ressenti.

Quelques figures très particulières sortent du lot, et la première est Harold qui fait tout le prix du début de ce tome 2. Harold dans tout son malheur est fascinant, il suscite l’empathie – dommage que cet épisode ne se termine pas bien.

Le deuxième est Vincent, complexe, multiple. L’auteur explique très bien, honnêtement, pourquoi il n’aurait pas pu faire sa vie avec lui, faisant part au lecteur de ses hésitations, ses scrupules, ses inquiétudes.

Après ces inquiétudes, on perçoit bien aussi le désarroi et la tristesse du narrateur. À cet égard le tome 2 marque le temps du désenchantement, après un tome 1 plus incisif, plus caustique.

D’autres personnages rencontrés sont cependant dépeints sous un jour sympathique, à la fois tendre et respectueux.

L’auteur a fait le choix, pour certains personnages qu’il évoque, de retranscrire textuellement leurs messages, et ce n’est pas ce que j’ai préféré dans les deux volumes d’Arôme naturel. Cela peut sembler long et difficile à suivre. Mais fort heureusement ce n’est qu’une petite partie du livre.

Laurent Maero est par ailleurs très à l’aise dans l’expression jubilatoire du plaisir physique – qu’il traduit exactement en évoquant des « spasmes cosmiques ». Mais le meilleur de ce tome 2 est la fin, où la vie sourit enfin à l’auteur.

Lire ces livres autobiographiques, c’est se plonger dans un monde intérieur, dans des moments de joie et d’autres de tourments, dans le sud de la France aussi, avec ces noms qui font penser aux vacances…